Un sentiment terrible d'être rejeté par tout le monde. Devant un parterre de journalistes, une conférence de presse a été tenue hier, samedi, au Théâtre national Mahiedine-Bachtarzi et ce, pour présenter une nouvelle pièce de Hocine Taileb, intitulée, Ghoutia (l'indésirable) mise en scène par M.Mohamed Islam, Djamel Guermi en assistance et la chorégraphie est de Idami Nouara. Cette rencontre était animée d'un côté, par toute l'équipe avec, à leur tête le metteur en scène et de l'autre par Fath Ennour, chargé de la communication au TNA. «Ghoutia (l'indésirable), est le premier spectacle de l'année théâtrale 2008-2009 que le Théâtre national algérien propose au grand public, après une année chargée et intense en activité théâtrale», a estimé le chargé de communication M.Fath Ennour. Et ajoutant qu' «il s'agit d'une dynamique qu'il faut poursuivre à l'avenir pour marquer un retour effectif du théâtre national». Notre interlocuteur a salué l'apport des présents, surtout cette jeune équipe qui est venue dévoiler les grandes lignes de leur travail. Ghoutia (l'indésirable), cette pièce de Hocine Taileb et dirigée par M.Mohamed Islam, est inspirée de la réalité sociale. Et pour lui donner une dimension qui touchera toutes les femmes algériennes, Hocine Taileb a fouillé dans le terroir pour ajouter une touche artistique, telle que les récits historiques, les légendes, les mythologies et les contes populaires. «Pendant mon cursus universitaire, mon choix s'est porté sur "la prostitution clandestine" comme mémoire de fin d'études et, durant mes recherches et mes enquêtes, j'ai rencontré des situations dans le genre et ces dernières ne laissent personne indifférent», a expliqué M.Hocine Taileb. Et d'ajouter que «ça m'a aidé pour l'écriture de mes oeuvres dramatiques pour dévoiler les dessous d'une société complexe». «Il n'existe aucun environnement propice à la démocratie sous le régime des sanctions. Vu l'ignorance qui régnait durant, et la destruction de toutes les valeurs de justice, de liberté et d'égalité, la femme subit et subira encore, pour preuve Ghoutia en est une», a expliqué notre narrateur. «Un sentiment terrible d'être rejeté par tout le monde. Tel est le sort de la femme», a marqué l'auteur. «Ghoutia» est la biographie d'une femme extraordinaire, née dans une zaouïa, dans une famille de conservateurs. Refusée par son papa, alors qu'il voulait un garçon. Cette dernière se voit «rejetée» et on se demande quel est cet ignoré qui lui veut du mal? Le complexe est né en cette femme, ce qui a engendré un certain nomadisme identitaire. La victime a choisi l'errance que de retourner à se tribu, car les conséquences sont connues. Après un long périple, la victime atterrit chez une grande danseuse de cabaret nommée Ezzaikha, qui est devenue, peu après la mère adoptive de Ghoutia, suite au décès de la véritable maman. Avec l'âge, l'innocente a hérité du métier de Ezzaikha et commence à s'imposer sur la scène. Voulant se stabiliser, Ghoutia, n'a pas réussi, car elle a échoué dans ses deux mariages. Déçue, par le mépris des hommes, la danseuse a joué dans la cour des grands (haute sphère), en réussissant à attirer leur attention. C'est à partir de ce moment que ses ambitions commencent à grandir. Elle se présente aux élections législatives et réussit, mais le mauvais sort ne la quittera jamais puisque ses ex-maris la pourchassent et la menacent et un grand complot lui a été préparé pour se retrouver en prison. Après sa sortie, elle décide de se venger, en écrivant ses mémoires. De peur de divulguer des vérités, les ex-maris sont mis devant le fait accompli et proposent des négociations, la suite je vous la propose mardi prochain au Théâtre national Mahiedine Bachtarzi. «Nous pouvons, d'ores et déjà, nous permettre une note d'optimisme car le théâtre a gagné une relève jeune tant pour l'écriture que la mise en scène», a lancé Fath Ennour, chargé de la communication au TNA. Enchaînant dans le même contexte: «Le 4e art doit atteindre et même dépasser les premières attentes de la société et ce, même, s'il faut briser les tabous car toutes les définitions et les valeurs ont changé de sens», a précisé Hocine Taileb. «C'est un cri de conscience qui a fait bouger en la femme le rêve d'exister», conclut-il.