Photo : Riad De notre envoyée spéciale à Tamanrasset Karima Mokrani Laissez s'exprimer la jeunesse ! Elle en a gros sur le cœur. Laissez la dire ses maux et ses frustrations dans ce monde qui lui tourne le dos ! L'être dans le non-être… Les jeunes de Tamanrasset revendiquent leur liberté. Ils la réclament haut et fort. Une revendication somme toute légitime pour une jeunesse en mal de loisirs mais aussi de perspectives. L'organisation du Festival national de la chanson et de la musique amazighes dans cette grande wilaya touristique du pays est absolument à encourager. Les jeunes s'éclatent, se déchaînent. Les visages tristes rayonnent sous l'effet d'une musique qui flatte l'oreille et fait vibrer tout le corps. Joie, bonne humeur, bonheur… et une exaltation intérieure que l'on ne peut ressentir que par moments en ces temps de grand stress. La joie de découvrir et de redécouvrir la beauté de son pays dans sa diversité culturelle et artistique.La soirée de vendredi dernier était un régal. Katchou, le chanteur de la musique chaouie, a bien su servir son public pour lequel l'esplanade du théâtre communal s'est avérée trop exiguë pour permettre à tous d'y assister. La foule était tellement nombreuse que les agents de police ont dû se déployer en force pour mettre de l'ordre aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de cet espace abritant la manifestation. Plusieurs fois, des accrochages verbaux entre la police et les jeunes ont failli dégénérer. Les deux troupes musicales «El Djorf» de Tébessa et «Ithrane» de Bordj Bou Arréridj, qui se sont produites durant la même soirée, n'ont pas manqué, non plus, de génie et de créativité pour provoquer l'euphorie dans le public. Pas seulement chez les jeunes mais aussi chez des adultes venus également en grand nombre y assister et vivre l'événement. La présence féminine à ce spectacle musical est aussi à admirer. Les femmes ont bien marqué l'événement, avec leurs danses, leurs applaudissements et leurs youyous. Les habitants de Tamanrasset aiment s'amuser. Ils aiment chanter, ils aiment danser. Ils sourient avec les yeux, le regard chargé de mots et d'émotion. «Ils naissent avec !» s'étonne un invité du festival, à la vue d'enfants en bas âge danser «comme des fous», avec des mouvements qui ne laissent pas indifférent. Les enfants sont les maîtres de la scène. A l'inverse de Katchou, Djamel Allem avait du mal à captiver le public. Malgré la beauté de ses textes et de sa musique, ce chanteur kabyle qui s'est produit le deuxième jour du festival, soit le jeudi 25 décembre, ne s'attendait pas à la réaction du public. Un public qui n'était sûrement pas le sien puisqu'il réclamait sans cesse Katchou. Le public voulait danser, chanter, s'éclater. Il voulait de la musique rythmée. Djamel Allem n'a pu répondre à cette demande.La compétition entre les troupes musicales lauréates des concours régionaux qui se sont déroulés dans les wilayas de Béjaïa, Khenchela et Illizi, ajoutées à Ghardaïa qui n'a pu organiser son concours à cause des inondations mais qui se présente tout de même à travers l'une de ses meilleures troupes, devait commencer vendredi mais a été reportée à hier pour cause de problèmes techniques. Un concert du grand chanteur Lounis Aït Menguelet est prévu pour mercredi, la veille du Nouvel An, pour clôturer cette manifestation culturelle. Une manifestation qui, rappelons-le, est initiée par le ministère de la Culture qui ambitionne d'en faire un événement international à l'avenir. La richesse du patrimoine culturel amazigh mérite bien d'être reconnue et préservée.