Photo : S. Zoheïr De notre envoyée spéciale à Tamanrasset Karima Mokrani Les Touareg réussissent leur entrée dans la compétition. Tout est charme et magie dans leur présentation. Les hommes bleus impressionnent par leurs mouvements, leur regard derrière un voile de tête qui cache presque tout le visage, leurs tenues guerrières…Tout un ensemble qui raconte l'histoire d'un peuple qui n'est pas comme les autres. Leur musique est spirituelle, leur danse est la une libre expression d'un cœur qui s'ouvre, s'abandonne… Epoustouflant. Trop fort pour y résister. Le public est en délire. «Thamurth Imazighan» : deux mots qui reviennent avec force dans leurs chants. Deux mots ô combien lourds de sens. «Les Amazighs sont tous des frères… Nous sommes tous des Berbères», entend-on s'écrier des voix pour dire leur attachement aux origines et leur désir de préserver l'union du groupe. Joie, exaltation…et relaxation sous l'effet d'une musique bien distinguée. Tout est réuni pour emporter l'esprit dans des endroits qui offrent la quiétude, procurent le bonheur et permettent tout simplement l'évasion. Les Touareg vivent dans la satisfaction. Leur quête dans le milieu aride du désert ne sont pas vaines. Le désert apprend à être patient. A s'adapter au milieu quelles que soient les difficultés. Les femmes touareg ont leur charme. Un charme qui ne laisse pas indifférent. Désinvoltes, nonchalantes, rieuses…mais elles dégagent une force de caractère qui ne trompe pas. Voir l'une de ces femmes prendre sa guitare pour enflammer avec sa voix et sa musique toute une assistance, alors qu'elle est enceinte de plusieurs mois, est peut-être choquant mais c'est tellement beau et révélateur d'un grand sens du courage. Dimanche dernier, le quatrième jour du Festival national de la chanson et de la musique amazighes à Tamanrasset était pratiquement consacré à la chanson targuie. Les lieux : la salle de spectacle de la maison de la culture, qui abrite les compétitions et l'esplanade du théâtre communal qui accueille des artistes amateurs et professionnels pour des soirées artistiques. Le public était très accueillant. Force est de soulever, toutefois, quelques manques dans l'organisation de cette manifestation culturelle et artistique. Des manques que l'on ne pourrait pas attribuer aux groupes qui se sont produits sur scène. «Nous sommes venus avec notre propre matériel. Un matériel qui n'est pas au top. C'est selon nos moyens», affirme, quelque peu gêné, l'un des jeunes artistes amateurs. «Ni le ministère ni aucun autre organe officiel ne nous a aidés à avoir le bon matériel. Même pour les répétitions, nous n'avions pas où les faire. Nous étions obligés de nous rendre dans une église pour nous préparer à cet événement…Nous travaillons avec les moyens de bord dans des conditions qui laissent à désirer», affirment ses camarades. Les doléances de ces jeunes artistes amateurs de la wilaya de Tizi Ouzou, et avec eux ceux des 12 autres wilayas en compétition, sont les mêmes : «Notre problème réside dans le manque de moyens matériels mais aussi d'endroits où nous pourrions nous préparer pour ce genre de festivités. Le ministère de la Culture doit nous aider dans ce sens. Les maisons des jeunes aussi, au niveau local… Ce n'est pas du tout le cas aujourd'hui.»