«Plus aucun joueur n'aura le droit de faire de déclarations comme celles faites sur Lacen» Finalement, le miracle qu'on souhaitait voir se produire a bel et bien eu lieu. Les problèmes qui pouvaient perturber la quiétude des joueurs ont bien été évités et tout est rentré dans l'ordre au sein de l'EN, après la venue de Mohamed Raouraoua au Castellet. En effet, aussitôt après son arrivée à l'hôtel, le président de la FAF a réuni les joueurs pour les écouter et éclaircir les zones d'ombre liées au nouveau règlement dont l'applicabilité se confrontait à un mur d'incompréhension de part et d'autre entre la FAF et les joueurs. Cette fois, tous les nuages qui obscurcissaient le ciel de l'EN ont été fort heureusement dissipés, dans une ambiance nettement plus détendue. La bonne nouvelle est donc arrivée et les joueurs n'ont plus à penser qu'à la CAN et à la manière d'honorer comme il se doit les couleurs du pays. «Le président nous a tenu un discours très convaincant» Conscient de la fragilité du moment, Mohamed Raouraoua n'a pas voulu entrer dans un discours stérile, à même de provoquer un peu plus les joueurs. Il est arrivé avec des solutions concrètes à tous les problèmes soulevés par certains cadres de l'équipe. De l'avis de tous les joueurs avec lesquels on a discuté, «le président a tenu le discours qu'on attendait. Il a été clair et convaincant. Il nous a tous rassurés et aujourd'hui, tout est rentré dans l'ordre», nous ont-ils confié d'un air serein. Mais qu'a-t-il dit de si rassurant pour éteindre les braises qui brûlaient dans la chaumière des Verts ? «Toutes les sélections nationales sérieuses sont gérées par un règlement interne» D'emblée, le président a exposé les points du règlement interne en expliquant aux joueurs le pourquoi de chaque décision. «Au niveau de toutes les sélections nationales sérieuses de par le monde, toutes les institutions et toutes les associations, soucieuses de maintenir un climat sain et non anarchique, il y a un règlement interne qui régit la vie du groupe», a dit le président. «Je ne vois pas pourquoi on n'en ferait pas autant. L'EN est la vitrine du football national aux yeux des étrangers. Et votre statut à tous a changé depuis la qualification en Coupe du monde. Vous êtes devenus de vrais ambassadeurs de l'Algérie. On se doit donc de mettre un peu plus d'ordre à chaque fois qu'on franchit un palier, pour ne pas retomber dans les erreurs du passé. Cette EN doit être protégée de tous les côtés et ce règlement interne n'est qu'un élément fédérateur qui va baliser le terrain aux uns et aux autres. Cela ne veut nullement dire qu'on ne vous fait pas confiance. Bien au contraire, parce qu'il s'agit avant tout de protéger l'Equipe nationale», a-t-il expliqué d'un air paternel. «Plus aucun joueur n'aura le droit de faire de déclarations comme celles faites sur Lacen» Voyant que les joueurs étaient devenus de plus en plus attentifs, Raouraoua est passé aux interdictions. C'est là qu'il a élevé le ton en pestant contre la manière avec laquelle certains joueurs (sans les citer) ont accueilli l'annonce de la régularisation administrative de Mehdi Lacen et son intégration parmi les Verts. Profitant de la présence de tous les joueurs, sauf Anthar Yahia, le patron de la FAF a signifié clairement qu'il ne tolérera plus ce genre de pratiques à l'avenir. «Personne n'a plus le droit de faire de déclarations de la sorte et le premier qui s'y aventurera aura enfreint le règlement interne et s'exposera à des sanctions. Nous devons tous préserver le groupe et ne pas donner du blé à moudre à nos détracteurs pour nous porter atteinte. Je comprends très bien votre réaction. Je pourrais même vous encourager à rester aussi solidaires, entre vous, mais pas au détriment de la stabilité du groupe», les a-t-il exhortés. «Ne donnez pas l'occasion aux jaloux de vous nuire !» «Il y a beaucoup de gens que vos bons résultats dérangent. Ne leur donnez pas l'occasion de vous atteindre. Tout ce qui se fait à l'intérieur de l'équipe doit rester entre nous. On ne veut pas que les gens partagent notre intimité au quotidien. Cela nous appartient à tous et on se doit de mettre fin à ce genre de déclarations sulfureuses qui n'apportent rien de bon au groupe», a-t-il poursuivi. «Seul Saâdane est habilité à parler des joueurs à sélectionner ou à écarter» «Il n'y a qu'une seule personne qui décide qui doit rester dans l'équipe et qui doit le remplacer : c'est monsieur Saâdane. C'est lui seul qui a le droit de dire si Lacen ou n'importe quel autre joueur doit être sélectionné ou pas. Il est très expérimenté et connaît très bien son métier. C'est à lui seul que reviendra le dernier mot dans cette équipe, ni à moi et ni aux joueurs», a-t-il tenu à souligner afin de dissiper la polémique naissante au sujet d'une éventuelle démission de Rabah Saâdane avant ou après la CAN. Ainsi donc, le sélectionneur national a-t-il été conforté dans sa mission par le président de la FAF et devant ses joueurs, pour qu'il n'y ait aucune ambiguïté sur le sujet. Saâdane ira donc comme prévu en Angola, malgré le souhait de ses détracteurs de le voir fléchir. Pas de détails sur les primes de match pendant la CAN Un peu plus loin dans son discours, Mohamed Raouraoua est revenu sur le règlement interne en disant aux joueurs que «l'intérêt de l'EN est celui de ses joueurs. Je ne vois pas de raison pour ne pas adhérer à des règles communes qu'on demande à tout le monde de respecter. L'EN n'est rien sans vous et vous n'êtes rien sans l'EN. Il faut donc penser à vous, mais en même temps à l'image de ce pays que vous défendez.» Sans vouloir trop s'étaler sur les primes qu'ils recevront pendant la CAN, le président a effleuré le sujet, mais sans apporter de nouveauté, conscient que la situation ne s'y prêtait pas encore. Il le fera sans doute dans les jours à venir, une fois que tous les éléments seront réunis. «Mettez vous à la place de Nedjma qui a donné 68 milliards !» Le dernier volet abordé était sans doute le plus épineux, puisqu'il s'agissait tout bonnement du refus de certains joueurs de signer le contrat avec l'opérateur de téléphonie mobile Nedjma, que leur a proposé la FAF, en raison de leur engagement individuel avec Djezzy. Là encore, Raouraoua n'a pas exposé le problème de manière offensive. Sans doute dans un souci d'apaisement, le président de la FAF n'a pas voulu irriter les joueurs qu'ils savaient un peu inquiets devant la difficulté de ce problème. «Je me suis décarcassé pour ramener Nedjma qui a injecté 68 milliards dont 18 uniquement pour les joueurs. Mettez-vous à la place des responsables de Nedjma qui va se retrouver avec un concurrent direct dans les pattes. Cela ne se fait tout de même pas de signer avec un opérateur qui a satisfait pleinement notre demande, pour après laisser quelques joueurs casser tout le travail entrepris depuis des mois. Si au moins Nedjma n'offrait pas plus que les autres, on y trouverait à redire. Le bon sens devrait l'emporter dans cette histoire, les gars, car il s'agit aussi de l'image qu'on veut donner à l'Equipe nationale», leur a ajouté Raouraoua pour les convaincre. «Voulez-vous que l'EN se retrouve avec des caisses vides comme par le passé ?» Allant un peu plus profondément dans son idée de faire changer leur avis aux joueurs concernés par les offres de Djezzy, le président a ajouté : «La FAF ne s'oppose pas à vous voir décrocher des contrats avec d'autres sponsors individuels, bien au contraire. On travaille toujours pour que votre image soit plus intéressante. Seulement, comment pouvez-vous concevoir que certains d'entre vous s'affichent avec un concurrent direct du plus gros sponsor de l'EN ? C'est un budget assez conséquent tout de même que ces 68 milliards de centimes, non ? Voulez-vous qu'à cause de certains d'entre vous, l'EN se retrouve avec des caisses aussi vides qu'elles l'ont été par le passé ?» «Avant de signer un contrat individuel, venez me consulter d'abord et je vous aiderai» Poussant le bouchon un peu plus loin, il dira encore : «Si c'est ce que vous désirez, moi je vous suis tout de suite et la FAF comme l'EN en subiront les conséquences. Vous vous verrez alors octroyer des primes de matchs aussi dérisoires que par le passé. Et qu'on ne parle plus des 68 milliards de Nedjma, ni du million et demi d'euros de Coca, ni des autres sponsors», a-t-il expliqué clairement. C'est là que les joueurs ont saisi le message que le président voulait leur faire passer. Le «coup de grâce», si l'on ose dire, a été par la suite les phrases prononcées lorsqu'il leur a dit : «Je connais très bien vos intérêts et je suis le premier à vouloir vous défendre de ce côté. Avant de vous engager avec un sponsor individuel, venez me consulter d'abord, comme le stipule ce règlement, afin de voir ensemble si la FAF ne peut pas vous offrir mieux. On trouvera toujours des solutions entre nous, pour préserver la stabilité de l'équipe et celle de la FAF pour les années à venir. C'est de votre réaction que dépendra celles des autres joueurs qui viendront s'ajouter à l'EN dans les années à venir. Pensez-y bien les gars», a-t-il conclu dans un silence estudiantin. Nacym Djender ------------------- Raouraoua a assisté à l'entraînement La séance d'entraînement d'hier a vu la présence du président de la FAF, arrivé lundi soir au Castellet. Mohamed Raouraoua s'était assis sur le banc des remplaçants, drapé de son écharpe blanche, en compagnie de son bras droit, Walid Sadi. El Hadj avait visiblement plaisir à revoir l'équipe tourner dans cette ambiance détendue avec une sérénité totalement retrouvée. Il a fallu que Raouraoua revienne pour que la maison des Verts reprenne ses chaudes couleurs. Comme quoi, un seul être vous manque…