«La chaleur sera notre principal atout» «Ziani est à surveiller» Depuis qu'il a réussi à extraire la sélection du Malawi des bas-fonds, Kinnah Phiri est considéré comme un héros dans son pays. Il est vrai qu'il y a longtemps que le Malawi n'est plus à la fête dans les compétitions continentales. Cet ancien international abordera le match d'aujourd'hui avec une pensée particulière : il a gagné face à l'Algérie et lui a même marqué plusieurs buts lorsqu'il était joueur. Son ambition est donc d'autant plus grande. * N'est-ce pas avec une relative émotion que vous vous apprêtez à affronter l'Algérie, vous qui avez eu déjà l'opportunité de jouer contre les Algériens du temps où vous étiez footballeur ? C'est effectivement un moment particulier pour moi. Le football algérien a toujours été performant, depuis plusieurs décennies. Il a enfanté de grands champions et a écrit de belles pages de l'histoire du football continental. Déjà, je dis toujours que j'ai eu l'honneur d'avoir inscrit trois buts contre l'Algérie en tant que joueur. * C'était à quelle période ? A la fin des années 70. Je me rappelle que les Algériens étaient venus en préparation au Malawi. Nous avions disputé deux matches amicaux contre eux, dans deux villes différentes. La première rencontre s'était achevée par une victoire du Malawi 2-1, avec un doublé à mon actif. La deuxième s'était soldée par un nul 1-1 et c'était encore moi qui avait marqué notre but. Donc, j'étais en quelque sorte votre bourreau (rire). Ne croyez pas, pour autant, que l'équipe d'Algérie était faible, loin s'en faut. C'était déjà une équipe forte. Seulement, elle était en pleine préparation. * Que pensez-vous de celle d'aujourd'hui ? Elle est réellement très forte. Puisqu'elle s'est qualifiée pour la Coupe du monde, cela veut tout dire. Nous respectons beaucoup la sélection algérienne et nous l'affronterons avec humilité, mais avec confiance et conviction aussi car nous ne comptons pas faire de la figuration. * C'est donc en conquérants que vous abordez le tournoi... Absolument. Nous n'avons rien à perdre. Nous n'avons pas de stars, mais nos jeunes joueurs sont ambitieux. Nous avons effectué une bonne préparation en disputant trois matches amicaux contre le Ghana, l'Egypte et le Mozambique. Nous sommes prêts pour le tournoi. Je dois avouer, cependant, que l'équipe algérienne est plus expérimentée que la nôtre et cela pourrait faire la différence. * Comptez-vous être la surprise de ce tournoi ? Pourquoi pas ? Nous sommes venus avec des ambitions, dont celle de passer au deuxième tour. Nous ne jouerons pas pour limiter les dégâts. * Avez-vous suivi les prestations de la sélection algérienne ? Oui, j'ai suivi son parcours, notamment ses derniers matches contre l'Egypte. Ce n'est pas parce qu'elle a éliminé le champion d'Afrique que je dis qu'elle est forte. C'est un jugement que j'ai tiré de l'observation et de l'analyse de ses matches. Elle possède des individualités de valeur qui peuvent faire la différence. * Citez-nous des individualités qui vous ont impressionné… Je citerai le défenseur qui joue en Angleterre, je crois… * Nadir Belhadj, l'arrière gauche ? Je parle du défenseur grand et fort… * Madjid Bougherra, joueur des Glasgow Rangers ? Je ne sais pas exactement dans quel club il joue. Je sais seulement qu'il évolue en Grande-Bretagne. Il est très fort et dangereux sur les balles aériennes. Vous avez également un milieu de terrain qui est très mobile. C'est celui qui porte le numéro 15. * C'est Karim Ziani… C'est lui l'animateur de jeu et le détonateur des offensives de la sélection algérienne. Il nous faudra le surveiller. En vérité, toute l'équipe algérienne est à surveiller car elle repose sur un bon collectif. Son jeu est basé sur le mouvement permanent et c'est de cela que vient le danger. * Ici, à Luanda, il fait très chaud dans l'après-midi, avec un fort taux d'humidité. Pensez-vous que ce sera un avantage pour vous ? Nous avons toujours joué sous la chaleur, que ce soit pour nos matches officiels ou pour nos rencontres amicales. Les Algériens jouent en nocturne lorsqu'ils le peuvent car ils ne supportent pas la chaleur, mais pas nous. Par exemple, nous avons joué à Djibouti sous une chaleur encore plus suffocante que celle d'ici. Nous disputons nos matches en général à 15h00 et il nous est même arrivé de jouer à 13h00, ce qui fait que nous sommes habitués à la chaleur. D'ailleurs, nous avons effectué notre préparation dans des pays chauds. Donc, la chaleur sera un avantage pour nous et nous tâcherons d'en profiter. Entretien réalisé par Farid Aït Saâda Des joueurs insouciants On ne sait si c'est par excès de confiance ou bien parce qu'ils ne ressentent aucune pression, mais il était clair, lors de notre visite effectuée à la délégation du Malawi, que les joueurs de cette sélection semblaient insouciants quant au match qu'ils vont disputer cet après-midi face à l'Algérie. Souriants et rigolant entre eux à n'en plus finir, on dirait qu'ils vont aborder un match amical. On ne sait pas si c'est de bon ou de mauvais augure pour la sélection algérienne. La délégation a assisté au match d'ouverture Toute la délégation du Malawi s'est déplacée hier en fin d'après-midi au stade de Luanda afin d'assister au match d'ouverture qui a opposé l'Angola au Mali. Ce match est d'autant plus important pour les Malawites que Angolais et Maliens figurent dans leur groupe, avec également l'Algérie. Les Malawites, des lève-tôt S'il y a une sélection dont les joueurs sont à pied d'œuvre au petit matin, c'est bien celle du Malawi. En effet, depuis son arrivée à Luanda, le petit-déjeuner est expédié à 07h30 et le collectif est prêt à partir pour l'entraînement dès 08h00. Il faut dire que les joueurs sont envoyés se coucher à 21h30, l'extinction des lumières étaient décrétée pour 22h00. Le Malawi a déjà battu l'Egypte Dans le cadre de sa préparation pour la CAN, la sélection du Malawi avait affronté celle de l'Egypte au Caire, il y a quelques jours. Les Malawites avaient réussi à tenir en échec le champion d'Afrique en titre (1-1). Il faut dire que ce n'est pas la première fois que le Malawi tient la dragée haute aux Egyptiens, puisqu'au cours du premier tour éliminatoire les deux sélections étaient dans la même poule et le Malawi avait battu l'Egypte 1-0. Cela remonte à 2008. Preuve que l'Algérie, qui a battu l'Egypte deux fois en cinq mois, a toutes les raisons de se méfier du Malawi qui a battu les Egyptiens une fois et les a tenus en échec, chez eux, une autre fois. «Ce que nous ont dit les Egyptiens ? No comment !» Interrogé sur le discours que les Egyptiens avaient tenu aux joueurs et à l'entraîneur du Malawi lors de leur séjour récent au Caire pour y jouer un match de préparation, le sélectionneur Kinnah Phiri s'est abstenu de répondre. «No comment ! Je n'ai rien à déclarer à ce sujet», s'est-il contenté de répondre, avant de partir dans un éclat de rire en jetant un regard complice vers l'attaché de presse de la délégation malawite. Visiblement, ils étaient embarrassés d'affirmer que les Egyptiens leur avaient demandé de battre l'Algérie.