«L'Algérie a ses chances dans la CAN» Comme nous l'écrivions hier, il a été impossible aux représentants des médias de franchir la «forteresse» qu'est devenue la Cité olympique de Tchizo, lieu d'hébergement des sélections évoluant dans la province de Cabinda. Les services de sécurité angolais, tous corps confondus, ne laissent aucun étranger franchir la barrière de ce petit village, sauf autorisation exceptionnelle. Même durant les entraînements, les joueurs sont inaccessibles. Après les matches, à peine restent-ils quelques minutes dans la zone mixte. Ce n'était donc pas évident de rencontrer les joueurs de la Côte d'Ivoire, du Ghana et du Burkina Faso. Hier, la sélection du Ghana a quitté la «forteresse» pour se déplacer à Luanda où elle doit disputer mardi son deuxième et dernier match de poule contre le Burkina Faso au stade du 11-Novembre. C'est dans la salle d'embarquement de l'aéroport de Cabinda que nous avons eu le loisir d'approcher Michael Essien, le milieu de terrain de Chelsea et capitaine du Ghana, qui a consenti à nous accorder quelques minutes pour évoquer la CAN et l'Algérie. * Vous avez entamé la Coupe d'Afrique des nations de la même manière que l'ont entamée les sélections qualifiées pour la Coupe du monde, c'est-à-dire sans gagner. Vous y attendiez-vous ? On ne peut jamais s'attendre à perdre. Un joueur entre toujours sur un terrain pour gagner. Une équipe comme le Ghana ne peut pas se permettre de ne pas jouer pour la victoire. Malheureusement, nous avons perdu et cela peut arriver. C'est juste un début et nous espérons nous ressaisir face au Burkina Faso. * Pensez-vous que le fait que la période d'inactivité de l'équipe du fait de l'annulation du match contre le Togo vous ait porté préjudice ? Je ne le sais pas. Peut-être que, comme vous le dites, le manque de compétition a négativement influé sur notre forme physique. Ce qui est sûr, c'est que la défaite fait désormais partie du passé et il faudra nous tourner vers l'avenir. * Vous revenez de blessure et le sélectionneur n'a pas voulu prendre de risque avec vous en vous mettant sur le banc des remplaçants, avant de vous incorporer au début de la deuxième mi-temps. Avez-vous eu de bonnes sensations ? J'ai fait de mon mieux. C'est vrai que je manque un peu de rythme, mais j'ai donné le maximum en deuxième mi-temps. Cela n'a pas suffi, mais nous n'allons pas baisser les bras. Nous sommes convaincus de pouvoir faire quelque chose dans cette CAN. * En dépit du rajeunissement de l'équipe ? Oui car nos joueurs, même s'ils sont majoritairement jeunes, ont de la valeur puisqu'il y en a parmi eux qui ont été champions d'Afrique des U20 il y a quelques mois. Ils ont donc l'expérience des grands tournois. Autour d'eux, ils trouveront quelques éléments d'expérience pour les encadrer comme Kingson, Mensah ou moi. Je suis convaincu qu'au fil des matches, l'homogénéité viendra. * La CAN 2010 voit le retour de l'Algérie. Vous y attendiez-vous ? Oui, je m'y attendais car, pour moi, la participation de l'Algérie à la CAN est tout à fait naturelle. C'est lorsqu'elle n'est pas présente à ce tournoi que ce n'est pas normal. C'est donc une bonne nouvelle que la sélection algérienne soit présente dans cette compétition. D'ailleurs, je pense qu'à l'exception d'un ou de deux pays, les meilleurs pays africains de foot sont présents à cette CAN. * Pensez-vous, en toute franchise, que les Algériens peuvent faire bonne figure dans cette Coupe d'Afrique et même la remporter ? Toutes les équipes participantes ont leurs chances, y compris celle de l'Algérie. C'est un tournoi relevé avec des sélections bien préparées et motivées pour réaliser le meilleur parcours possible. L'Algérie, de par sa qualité de mondialiste, est un favori naturel car on ne peut pas figurer dans le gotha mondial et faire partie des cinq nations ayant pu vaincre la concurrence et décrocher le ticket pour la Coupe du monde si on n'a pas de la valeur. * Qu'en est-il de ses chances dans la Coupe du monde, où elle aura pour adversaires, durant le premier tour, la Slovénie, l'Angleterre et les Etats-Unis ? Ce sera une compétition de haut niveau où il faudra faire montre de beaucoup de solidité. L'Algérie revient en Coupe du monde après plusieurs années d'absence et ses joueurs sont inexpérimentés dans ce genre de compétition. Cependant, elle possède les qualités nécessaires pour faire quelque chose. Tout sera tributaire de la qualité de la préparation qui sera effectuée en prévision de ce rendez-vous. En tout cas, les sélections africaines ont prouvé, au fils des éditions, qu'ils peuvent tenir tête aux meilleures sélections du monde. * Avant de jouer en Angleterre, à Chelsea, vous avez évolué en Ligue 1. Vous avez dû donc croiser plusieurs joueurs algériens durant votre carrière… C'est vrai qu'en France, les joueurs algériens ou d'origine algérienne sont nombreux dans les différents clubs et dans toutes les divisions. Il y en a même dans les centres de formation. J'en connais bien un qui a évolué avec moi lorsque j'étais à Bastia : Anthar Yahia. Est-il toujours en sélection ? * Bien sûr ! C'est même lui qui a inscrit le but de la victoire contre l'Egypte en match d'appui pour la qualification pour la Coupe du monde. C'est bon d'apprendre cela. Cela fait plaisir. A Bastia, c'était déjà un bon joueur. Je l'ai perdu de vue depuis que j'ai quitté la France, mais cela me ferait plaisir de le revoir. * Peut-être le croiserez-vous en quart de finale… Je préfère le croiser en finale. Ce serait plus beau (rire). * Quels autres Algériens connaissez-vous ? Il y a Saïfi que j'ai croisé sur le terrain lorsque je jouais à Bastia et à Lyon. Il y en a d'autres que je ne connais que de nom, comme Belhadj qui joue à Portsmouth et Ziani. * Les affronter sera-t-il synonyme de belles retrouvailles ? Toutes les confrontations entres sélections africaines engendrent des retrouvailles pour la simple raison que la majorité des joueurs internationaux du continent évoluent dans des clubs européens et, donc, ont l'occasion de jouer ensemble ou de se croiser dans les différentes compétitions de clubs. Cela ne concerne donc pas le Ghana et l'Algérie uniquement. Déjà, notre match contre la Côte d'Ivoire a été l'occasion pour moi de retrouver mes coéquipiers à Chelsea Didier Drogba et Salomon Kalou, ainsi que Kolo Touré que je croise en Premier League et Bakary Koné contre qui j'ai joué en Ligue 1. C'est ce qui fait, entre autres, le charme de la CAN. * Quelles sont vos ambitions avec le Ghana dont vous êtes devenu le capitaine ? Aller le plus loin possible en Coupe d'Afrique des nations. Le plus loin possible, c'est remporter le trophée. J'ambitionne aussi de conduire mes coéquipiers en Coupe du monde et de réaliser un parcours encore meilleur que lors du précédent Mondial en Allemagne où nous avions atteint les huitièmes de finale. Bref, j'espère assumer comme il se doit la tâche de capitaine d'équipe et avec de bons résultats dans la foulée. * Un commentaire sur les conditions de séjour du Ghana après le drame du bus du Togo mitraillé ? Permettez que je ne réponde pas à cette question. * Un dernier mot pour conclure ? J'espère que la CAN continuera à être une grande fête et que le niveau des matches s'améliorera au fil des matches. Je souhaite le meilleur pour le Ghana et que le meilleur l'emporte au final. Entretien réalisé par Farid Aït Saâda
