Aucune insulte, aucun discours agressif, aucune provocation Autant les matches Egypte-Algérie qui avaient eu au Caire et à Khartoum au moins de novembre dernier ont été précédés d'un battage médiatique sans précédent et d'une énorme campagne de mobilisation populaire dans les deux pays, autant celui de ce soir, pour le compte des demi-finales de la Coupe d'Afrique des nations, est entouré d'une certaine tiédeur. Plus même : les velléités d'apaisement sont perceptibles de part et d'autre. Les discours et les déclarations, qu'ils émanent d'officiels, de joueurs ou d'observateurs, sont plutôt nuancés, sinon carrément «lissés». De là à penser qu'il y a une volonté de dédramatiser le match et les débats qui l'entourent, il y a un pas qu'on peut franchir sans crainte. Encore un peu et on croirait à un match… amical Commençons par les premiers concernés : les joueurs. Dans les deux camps, et mis à part des écervelés, comme Mohamed Zidan, qui préfèrent compenser leur manque de talent par un surplus de provocation, tout le monde appelle à considérer ce rendez-vous comme un match de football, sans plus. Même ceux qui s'étaient montrés les plus agressifs dans leurs déclarations il y a quelques mois arrondissent les angles ces deux derniers jours et délivrent des messages très conciliants. Encore un peu et on croirait qu'il s'agit d'un match… amical. Rien à voir avec les matches de novembre Même topo chez les officiels : c'est à qui montrerait le plus de mansuétude, le plus de souplesse, le plus de modération. On s'abstient de prononcer des propos susceptibles de heurter l'autre. Après avoir été copieusement traînées dans la boue, les relations entre les deux pays sont «convoquées» de nouveau et brandies comme ferment de la fraternité qui devrait entourer ce match. D'ailleurs, s'il a été décidé de ne déplacer qu'un millier de supporters de chacun des deux pays, c'est pour éviter d'éventuels troubles massifs. Bref, rien à voir avec novembre passé. C'est à croire qu'il s'est passé non pas deux mois, mais deux décennies depuis le dernier match entre l'Egypte et l'Algérie. Les journalistes égyptiens sont hospitaliers et coopératifs Les journalistes égyptiens ne sont pas en reste puisque la majorité de ceux d'entre eux présents à Benguela ont été très hospitaliers vis-à-vis de leurs homologues algériens et se sont montrés coopératifs avec eux en les aidant à trouver des chambres d'hôtel et leurs repères dans la ville, vu qu'ils y sont présents depuis le début du tournoi afin de couvrir les matches de leur sélection. D'habitude ouvertement provocatrices, les chaînes satellitaires égyptiennes font preuve de modération dans leurs analyses. Même les innombrables «oustaz» et «douktours» qui font office de consultants nuancent leurs propos concernant ce match en évitant tout propos belliqueux. Des consignes d'apaisement ont été données de très haut Ce concert de discours apaisant n'est certainement pas fortuit. Il est clair que, de chaque côté, des consignes ont été données au plus haut niveau pour interdire tout propos blessant ou agressif. La tension ayant précédé et suivie les matches du Caire et de Khartoum avait atteint une telle ampleur qu'il était nécessaire de jeter du lest des deux côtés. C'est ce qui explique que les joueurs algériens se soient donné le mot pour ne faire aucune déclaration agressive. Il en est de même pour les joueurs égyptiens, à l'exception de quelques grincheux, Zidan en tête, qui ne peuvent se départir de leur esprit gamin. Tout cela amène à dire que, ce soir, il y aura un match de football, un vrai, et non pas une bataille. F. A-S.