Il veut reprendre sa place parmi les Verts. «Les Chnaoua sont les meilleurs au monde !» haiter la bienvenue. «Comme on n'a pas beaucoup de temps tous les deux, je vais vous emmener chez des amis algériens. Je sais que ça va leur faire plaisir de rencontrer un journaliste du Buteur. Ils le consultent tous les jours sur votre site», nous dit-il en nous invitant à le suivre vers le parking où il a laissé sa voiture. «Les Chnaoua sont les meilleurs au monde !» Le contact n'était pas encore mis que le grand Ismaël nous demandait des nouvelles du bled. «Il fait sans doute moins froid qu'ici. Et puis, même si le temps n'est pas clément en Algérie, il y a toujours un sourire ou une accolade d'un ami pour vous réchauffer le cœur», nous dit-il en se remémorant les bons moments passés à Alger avec le Mouloudia qui lui a offert son premier titre de champion lors de la saison 2005-2006. «J'espère qu'on va aller au bout cette fois. Je suis sûr que les supporteurs sont fous de joie de voir l'équipe en tête du classement. Les Chnaoua méritent bien plus, car ils sont tous simplement les meilleurs au monde ! S'ils continuent à gager comme ça, on sera champions, sans souci», ajouté Bouzid qui se dit toujours «Chenoui dans l'âme. Car lorsque vous vivez des moments comme ceux que j'ai vécus lors de mon passage, on reste un joueur du MCA à vie ! Et cela, personne ne pourra me l'enlever». Le drapeau national autour du volant La voiture avait à peine démarré que Bouzid se saisit du drapeau national qu'on avait sorti de notre sac, pour l'enrouler autour du volant. «Je conduis à l'algérienne ! C'est un accessoire nouveau qui n'existe nulle part ailleurs. C'est pas beau ça ! regardez comme il me va ! » plaisante-t-il en embrassant l'emblème national chaleureusement. «Vous ne pouvez pas imaginer combien j'aime l'Algérie. Je donnerai ma vie pour ce drapeau», nous confie-t-il avec beaucoup de nostalgie. La discussion s'est engagée par la suite sur son état de santé et cette blessure qu'il traîne depuis quelques jours. «Je serai opérationnel dans trois semaines au maximum» «J'ai ressenti une douleur derrière la cuisse et je n'ai pas voulu m'aventurer en cette période cruciale de la saison. C'est une élongation musculaire au niveau de l'arrière de la cuisse. Mais ce n'est pas méchant. Les médecins disent que ça s'améliore bien. Je dois aller faire un scanner cette semaine en France pour avoir plus de précision sur le temps de guérison de ma blessure. Mais, en principe, c'est une question de deux à trois semaines, pas plus. Mon médecin m'a assuré que dans trois semaines, je pourrai reprendre la compétition le plus normalement du monde. C'est donc très rassurant inch'Allah», explique-t-il tout confiant de reprendre le chemin des entraînements afin de postuler à une place parmi les Verts. «Ismaël mérite largement d'aller au Mondial» Après quelques minutes de circulation dans les rues animées de la capitale écossaise, nous voilà débarquer dans un salon de coiffure tenu par Billy, Younès et Saïd, tous des Algériens. «Ce sont mes potes et lui, c'est Billy, mon coiffeur. Je lui confie ma tête et il en prend bien soin», rigole Isma en nous présentant ses amis. La discussion s'enchaîne aussitôt sur l'équipe nationale. «Ce n'est pas parce qu'il est avec nous que je vais l'encenser. Mais, franchement, Bouzid réalise une excellente saison en club. Il est très rassurant et tout le monde l'a adopté aussitôt arrivé. C'est un battant qui ne recule devant rien. Il est fort physiquement et techniquement. Les gens en Algérie ne regardent pas beaucoup le championnat d'Ecosse. Mais ceux qui sont ici ne ratent jamais un match de Bouzid ou de Bougherra. Et je peux vous assurer qu'Ismaël méritent largement d'aller au Mondial !» témoigne son ami qui insiste sur un point précis : «Je ne le dis pas parce que c'est mon pote, mais c'est parce que c'est vrai.» «J'ai envie de montrer aux Algériens cette belle mosquée dont nous sommes si fiers !» Le temps presse et Bouzid le sait. Il pose devant notre objectif aux côtés de ses amis avant de s'asseoir sur le fauteuil, histoire de montrer qu'il se sent très à son aise dans ce salon. On saluera tout le monde avant de quitter les lieux et rejoindre le véhicule. Pour aller où cette fois ? «Je voudrais vous montrer ce dont nous sommes le plus fiers ici à Hindenburg : la mosquée ! Vous allez voir, c'est un vrai joyaux que j'ai envie de montrer aux Algériens pour leur dire combien on est fiers de l'avoir ici», nous confia-t-il d'un air très fier. Arrivés sur les lieux, on se rendit compte aussitôt de la beauté du lieu. Un édifice haut et large qui en impose pleine la vue. On fut tenté aussitôt de prendre en photo Bouzid devant cette belle mosquée, mais on est restés un peu hésitants. On ne savait pas comment il allait le prendre. Est-ce trop intime pour qu'il s'expose de la sorte en public ? «Vous voulez prendre des photos de moi à la mosquée ?» «Vous voulez prendre des photos de moi ici ?» a-t-il deviné de suite. «Ça vous va ici ? On voit le minaret derrière moi ?», demanda-t-il en nous laissant pantois. Que demande le peuple ! Et va pour une séance de photos dans un lieu qui n'a pas effleuré notre esprit un seul instant. Ismaël nous invita par la suite à visiter l'intérieur de la mosquée «et j'en profiterai pour faire la prière du Maghrib», nous dit-il en se déchaussant pour aller faire ses ablutions. Peut-on oser le prendre en photo même à l'intérieur ? C'est lui-même qui nous invitera une fois de plus : «Ne vous gênez pas. Prenez les photos que vous voulez, à n'importe quel endroit de la mosquée. Ici, on est fiers de montrer que les Musulmans vivent leur Islam dans le respect et la dignité. Ça n'a rien à voir avec la France où les frères ne trouvent que des caves pour se prosterner devant Allah. En Grande-Bretagne, toutes les religions sont sur un pied d'égalité. C'est à nous tous de nous respecter les uns les autres et de vivre en harmonie avec les valeurs du pays d'accueil.» C'est lui qui conduit la prière du Maghrib pour les retardataires ! Né à Nancy en 1983, Smaël Bouzid ne parle pas très bien l'arabe. Mais cela ne l'a pas empêché d'apprendre le Coran et de le réciter à haute voix avec son accent très particulier. C'est d'ailleurs lui qui a conduit la prière pour un groupe de retardataires. Sans la décence et le respect des lieux, on aurait certainement immortalisé cet instant, en enregistrant cette voix à l'accent très français qui s'élevait dans l'enceinte et raisonnait dans les murs. Quelle belle image donnait ce joueur professionnel, de la jeunesse issue de l'émigration algérienne en Europe, ainsi prosterné ! Isma finira tranquillement sa prière avant de rester encore quelques minutes seul, à réciter les prières adressées en silence à son Créateur. Sans doute demandait-il aussi, par moments, à Allah de l'aider à revenir vite à la compétition pour ne pas rater la Coupe du monde ! Un exemple pour les jeunes issus de l'émigration Bouzid nous invita par la suite à visiter l'intérieur de la mosquée, nous guidant une fois vers le mihrab et une autre fois vers la bibliothèque, se saisissant d'un exemplaire du livre sacré pour en lire quelques versets. «Je commence à lire un peu plus facilement, mais ce n'est pas encore ce que je veux. Mon rêve est de lire correctement et surtout comprendre le sens des versets. J'espère y arriver un jour, inch'Allah», nous confia-t-il sans être gêné de nous voir le prendre en photo. Il en souriait même, certain que cela «pourrait aider certains jeunes en me voyant assumer pleinement mon Islam», nous confie-t-il. «N'oubliez pas de saluer de ma part tous les Algériens !» Il ne nous restait plus que quelques minutes pour prendre le dernier train du soir. On s'activa donc pour rejoindre la voiture garée dans le parking payant de la mosquée. Ismaël nous montra en marchant un restaurant halal, géré par l'association qui a fait bâtir la mosquée et dont les revenus servent à payer les charges diverses (eau, électricité, tapisserie…) Il nous conduira par la suite vers la gare centrale pour nous saluer une dernière fois en nous remerciant «d'avoir pris la peine de venir me voir en Ecosse. N'oubliez surtout pas de saluer pour moi les Chnaoua et tous les Algériens ! Ce fut un vrai plaisir de vous rencontrer». Le plaisir est partagé Isma, sincèrement !