Benchikha a réagi en produit local pour dire la colère du peuple. Le coup de balai donné par Benchikha dans la maison des Verts est, à la fois, audacieux et incroyable, tellement personne ne s'attendait à une telle révolution. Une liste qui en a déboussolé plus d'un, dès sa publication. A commencer par les bannis eux-mêmes qui, comme tous les supporteurs, ont cette fois la certitude qu'avec le départ de Zoheir Djelloul et Hassan Belhadji du staff technique, l'ère Saâdane est bel est bien terminée, emportant les hommes et leurs méthodes conciliantes qui ont dérangé beaucoup de gens. Pourquoi Benchikha a-t-il été aussi brusque ? Belhadj n'en revenant toujours pas, a vite fait de faire valoir ses «quatre ou cinq ans» (sic) d'ancienneté avec l'EN. Un peu comme l'avait fait avant lui Yazid Mansouri et ses «dix ans de services rendus au pays». Inévitablement, c'est un sentiment d'injustice légitime qui anime le joueur, lorsqu'il voit que son statut a changé du meilleur au pire, passant de l'état de géant à celui du néant. Mais il est encore plus intéressant de comprendre pourquoi Abdelhak Benchikha a opéré ces changements de manière aussi sèche, aussi impitoyable et surtout, avec autant de brutalité. Pour reconstruire, il faut procéder d'abord au terrassement Oui, n'ayons pas peur des mots pour qualifier la révolution effectuée par le Général de brutale. Le sélectionneur national, qui avait déclaré que pour le match de Bangui, il n'avait pas le temps de changer les choses, ne donnait nullement l'impression qu'il allait effectuer une telle razzia. Surtout qu'on le voyait enlaçant les joueurs comme il le ferait avec ses potes. Sans avertir le groupe, le Général épiait et analysait minutieusement les moindres détails qui allaient peser dans ses décisions futures. Chaque instant passé avec eux lui servait de repères, voire d'arguments pour mettre en place les fondations de son nouveau chantier. Et qui dit bâtisse, dit terrassement… C'est pour cela qu'il a commencé par déblayer tout ce qui pouvait le gêner dans sa mission de maître d'œuvre. C'est dire que pour reconstruire, il faut d'abord procéder au terrassement. Ghezzal n'est pas moins bon qu'un joueur de Ligue 2 L'on se demande aujourd'hui encore, au surlendemain de la publication de cette fameuse liste des 22, ce qui a pris Benchikha pour virer des récents mondialistes qui tournent bien en club dans l'ensemble et qu'il avait, de surcroît, titularisés lui-même face à la République centrafricaine. Un joueur comme Ghezzal, qui joue régulièrement en Serie A italienne, peut-il devenir, l'espace d'un seul match, aussi nul, pour lui préférer des joueurs évoluant en Ligue 2 française ou dans le championnat algérien ? Sans diminuer de la valeur des nouveaux venus, on a, franchement, quelques doutes sur ce point précis. Mais Benchikha nous expliquera sans doute ses raisons dans les jours à venir… Et si la mayonnaise ne prenait pas face au Luxembourg ? Ce qu'on doit craindre en réalité dans cette histoire de fauchage sans saison, c'est que la nouvelle semence pourrait ne pas porter les fruits escomptés. En effet, dans le cas d'une prestation médiocre de la part des Verts contre le Luxembourg, l'équipe risque de s'enfoncer un peu plus et le doute s'installera dans la durée cette fois. Il suffit que la mayonnaise ne prenne pas entre les nouveaux et les anciens pour que tout soit remis en question. Les cadres se disent sans doute, que, pour eux aussi, le risque d'une éviction surprise -sans papier cadeau !-, est désormais grand. Car nul ne pouvait soupçonner qu'un joueur comme Nadir Belhadj allait faire les frais de son match raté à Bangui. Le joueur d'Al Sadd lui-même l'a dit, aussitôt après avoir appris la choquante nouvelle. «Si c'est à cause de mon match de Bangui, c'est toute l'équipe qu'il fallait incriminer, pas seulement Belhadj». Du coup, tous ses camarades commencent à penser à la possibilité d'être virés des Verts, après avoir été les héros du peuple. «Benchikha risque de détruire ce qu'on a construit en deux ans», disent certains joueurs Chez les anciens, on ne comprend pas exactement les desseins de Benchikha. D'ailleurs, certains joueurs que nous avons joints hier au téléphone pensent déjà que Benchikha est en train de jouer avec le feu. Selon eux, «la force de cette équipe réside dans son groupe. Nous avons beaucoup travaillé pour faire de ce groupe une vraie famille. Maintenant, si Benchikha va tout chambouler, on risque de perdre beaucoup de temps avant de rebâtir ce qui sera détruit. Il risque de bousiller un travail de plus de deux ans», tonnent ces joueurs qui craignent que le pire est à venir. Un avertissement pour Benchikha ! La phrase sonne comme un avertissement à l'intention du sélectionneur. Les doutes que les joueurs avaient concernant la rigueur militaire du Général est en train de se confirmer avec la divulgation de ses nouveaux desseins. L'étau se resserre donc autour des anciens joueurs qui changeront sans doute de comportement en retrouvant le coach. Car tout le monde a vu comment Benchikha chambrait Belhadj, Abdoun et Ghezzal avant de les virer de l'équipe, sans le moindre égard. La méfiance est désormais de mise et chacun restera sur ses gardes. Et tant pis pour l'ambiance ! Benchikha a réagi en produit local pour dire la colère du peuple Mais d'un autre côté, on ne peut pas minimiser l'audacieuse décision de Benchikha en opérant tous ces changements. Peu d'entraîneurs à sa place auraient eu le culot de virer autant de joueurs à la fois. En réalité, Benchikha a réagi avec l'âme du produit local qu'il est, pour dire toute la colère qui animait des millions de supporteurs algériens qui en avaient marre de cette stérilité offensive qu'affichaient les attaquants. Comme il a sans doute pesté contre la faiblesse défensive de Nadir Belhadj, malgré tout ce qu'il a donné en attaque. Benchikha a aussi voulu mettre fin de manière définitive à cette croyance qui a voulu nous faire admettre l'absence d'un latéral droit parmi tous les footballeurs algériens. L'on se demande juste comment Benchikha a-t-il pu sélectionner des joueurs qu'il n'a jamais supervisés ? A lui de nous le dire.