«Certains responsables de la FAF ont servi leurs intérêts après le Mondial» L'ancien international algérien, Ali Benarbia, était hier invité à l'émission Luis attaque, sur RMC, pour parler, entre autres, du match du 27 entre l'Algérie et le Maroc. Luis Fernandez avait consacré quelques minutes pour le derby maghrébin et a, lui-même, favorisé les Lions de l'Atlas, en demandant son avis à l'ancien capitaine du PSG, sur un fond sonore de Qassamen. «Si je te pose la question Ali, en te disant que j'ai des craintes pour l'Algérie, qu'est-ce que tu me réponds ?» a enclenché Fernandez. «Oui, ça craint pour l'Algérie face au Maroc» «Je suis d'accord avec toi, parce que le problème actuellement, c'est que l'Algérie, après ce fameux match contre l'Egypte et toute la période qui avait précédé la Coupe du monde, était tellement montée haut que les gens avaient beaucoup cru en elle. Je l'avais déjà dit avant le Mondial-, une fois la Coupe du monde passée, ça allait redescendre, comme si tu l'envoyais…» «Le Maroc a des joueurs qui évoluent dans les plus grands clubs d'Europe» (Il s'arrête un instant), puis : «… pas une descente aux enfers, mais on savait qu'elle allait redescendre très bas et qu'on allait l'oublier complètement. Maintenant, pour la remontée, ça va être très difficile. D'un côté, vous avez cette publicité de l'Algérie et, de l'autre, vous avez une équipe du Maroc que les gens avaient complètement oubliée, mais quand on voit son effectif, on se rend compte qu'ils ont reconstruit et que plusieurs joueurs évoluent dans de très grands clubs, comme l'Inter de Milan, Arsenal, Ajax… Vous avez pratiquement les meilleurs attaquants qui jouent dans les plus grands clubs qui forment l'ossature de l'équipe du Maroc», a poursuivi Benarbia. Luis Fernandez : «Le Maroc est allé chercher un entraîneur de renom et les Verts ont vieilli» Dans son intervention, Luis Fernandez a fait un constat des plus alarmants à son tour du football algérien ; encensant l'adversaire du 27 mars : «Du côté du Maroc, il y a eu aussi l'arrivée d'Eric Gerets, ce qui n'est pas rien ! Le Maroc est allé chercher quand même un entraîneur de renom, avec un palmarès, quelqu'un qui s'investit sur un projet de plusieurs années, alors que l'Algérie, et c'est ce qui est dommage, ce potentiel énorme qui existe au sein de l'effectif, avec des joueurs qui évoluent dans les championnats huppés et non des moindres, et peut-être, c'est une génération qui est un peu plus âgée», a allumé Luis Fernandez, avant d'adoucir quelque peu les contours. «Il y a des incertitudes chez les Algériens» «Ce qui me fait peur pour l'Algérie, et je le dis, parce que j'aime l'Algérie autant que le Maroc, il y a un potentiel dans les deux pays, mais je crois que le Maroc est en train de se refaire une santé et du côté de l'Algérie, ils traversent une période délicate, tu sais, celle d'avoir réussi un coup extraordinaire de rejouer une Coupe du monde et puis, là, ils accusent tous les effets de l'après-Mondial. Il y a peut-être des joueurs qui ont moins d'ambition ou moins d'envie de revenir jouer avec la sélection, sans oublier l'arrivée d'un nouveau sélectionneur et tout le travail qui les attend. A mon avis, il y a des incertitudes, voilà ce que je voulais te dire Ali», a répliqué le sélectionneur actuel d'Israël. Benarbia : «J'aime énormément Benchikha, mais je pense qu'il fallait garder Saâdane» Réponse d'Ali Benarbia : «Oh oui, complètement, parce que le problème est que la Fédération algérienne de football, au lieu de se servir de cet élan formidable pris avec la participation à la Coupe du monde et continuer à accompagner cette Equipe nationale en gardant peut-être, à ce moment-là, Saâdane, même si j'aime énormément Benchikha, je pense qu'il fallait peut-être mieux garder Saâdane et continuer à terminer ce travail et faire rentrer progressivement un entraîneur.» Benarbia : «Après le Mondial, des personnes de la FAF ont servi leurs intérêts au lieu de l'EN» Par la suite, l'ancien Fennec s'est attaqué aux responsables de la FAF, sans en nommer personne. Mais on sentait de toute évidence qu'il visait Mohamed Raouraoua et sa nomination à l'Exécutif de la FIFA : «Mais au lieu de cela, beaucoup de personnes ont profité de cette publicité du Mondial pour servir leurs propres intérêts et non pas pour l'évolution du football et, surtout, l'Equipe nationale d'Algérie. Du coup, ils sont repartis tout de zéro et Benchikha récupère une Equipe nationale à zéro. Là ça va être encore plus dur pour lui et c'est parti pour un bon bout de temps», a regretté Benarbia la mort dans l'âme. «Les joueurs locaux sont d'un niveau très faible par rapport aux pros» Répondant à la question d'un auditeur qui regrettait l'absence de formation fiable dans les clubs algériens, Benarbia a été aussi franc qu'incisif, une fois de plus : «Le problème, c'est que le championnat d'Algérie a un niveau tellement faible comparé à avant, que les clubs arrivent difficilement à sortir de très bons joueurs qui pourraient avoir leur place en Equipe nationale et côtoyer les internationaux actuels qui jouent dans de grands clubs d'Europe. Il y a un décalage de niveaux important. C'est pour cela qu'il y a de moins en moins de joueurs locaux qui sont supérieurs aux professionnels. Et les sélectionneurs veulent toujours avoir des joueurs déjà prêts pour jouer dans le haut niveau et gagner les matchs», a conclu l'ancien joueur de Manchester City, actuellement résidant au Qatar.