«Bougherra peut jouer facilement à Aston Villa ou Tottenham» «Kadafi et Seif sont mes amis, mais j'espère que Dieu aidera celui qui a raison dans ce conflit» Est-ce que votre passage à Liverpool a été la consécration de votre carrière de footballeur ? Non, mon passage à Liverpool, je le considère comme un passage logique de ce que je faisais. A un moment de ma carrière, il s'est trouvé que je devais changer d'air et, là, j'ai opté pour Liverpool, tout simplement. Et je peux vous dire que je ne l'ai pas regretté car j'ai passé de très bons moments là-bas. Le problème à Liverpool, c'est qu'on avait beaucoup d'individualités, mais pas vraiment une équipe comme on le souhaitait. Que gardez-vous de votre passage chez les Reds ? Aujourd'hui, on peut dire ce qu'on veut, mais un Africain qui quitte son pays natal pour aller s'exiler en Europe et jouer dans un club comme Liverpool, c'est grandiose ! J'en garde donc de très bons souvenirs. J'ai gagné la Carling Cup, j'ai joué la Champions League et puis, les fans d'Anfield Road m'adoraient. Il ne faut pas l'oublier, quand je suis arrivé à Liverpool, il y avait déjà beaucoup de pression sur l'équipe. Et dès mon premier match, j'avais marqué deux buts. Par la suite, il y a eu des soucis avec l'entraîneur et, au bout de deux ans, j'ai demandé à partir. Quels sont vos rapports avec la presse en Grande-Bretagne en général ? Ah, ce sont eux qui ont commencé à me provoquer en me collant cette étiquette de bad boy etc. Mais, entre nous, sincèrement, je ne leur en veux pas. La preuve, c'est que j'ai des amis journalistes au News of the World, j'en ai aussi au Sun et je leur parle quand on en a besoin. Franchement, je n'ai pas de problème avec les journalistes en Grande-Bretagne. Par contre, au Sénégal, oui, on peut dire que j'ai des problèmes avec certains journalistes sénégalais Pourquoi ces problèmes avec ces journalistes sénégalais ? Parce que, là, on n'a pas affaire à des journalistes. Je ne parle pas de tous, mais certains sont pour moi des charlatans. Ce sont des jaloux et des méchants. Et je les connais super bien. Je vais vous raconter une chose et vous allez juger de vous-même. Il y a un mois, un de ces journalistes m'appelle pour me dire : «Je voudrais parler à un de tes boys en Equipe nationale.»Je lui ai dit que je ne pouvais pas donner le numéro de quelqu'un sans son autorisation. On ne peut parler aux gens comme ça, juste parce qu'on le désire. Certains journalistes au Sénégal sont persuadés que c'est grâce à eux qu'on a réussi à jouer en Europe et ne comprennent pas qu'on ne veuille pas leur répondre aujourd'hui. Vous pensez qu'ils ont raison ? Un joueur, Africain ou autre, s'il réussit à signer dans un club en Europe, c'est surtout grâce à son talent… Vous voyez qu'on est d'accord tous les deux. Mais certains pensent que ce sont eux qui nous ont tous envoyés jouer en Europe. Pour moi, c'est de la méchanceté, sans plus. C'est ce que je n'arrête pas de leur répéter au Sénégal, mais ils continuent à croire que ce sont eux qui sont à l'origine de notre réussite. Franchement, est-ce que vous connaissez un journaliste célèbre au Sénégal, mis à part Pape Diouf ? Avez-vous entendu parler des autres à part lui ? Ça n'existe pas ! Mais vous entendrez parler des joueurs sénégalais qui ont réussi dans de grands clubs. Cela montre que nos journalistes n'ont pas le niveau des joueurs sénégalais. De toutes les façons, plus personne ne les respecte au Sénégal. Je n'ai aucun souci avec les journalistes du monde entier. On vient me voir du Portugal, de Norvège et de tous les pays. La preuve, vous êtes venu d'Algérie et tout de suite je vous ai accueilli chez moi comme un frère. De plus, vous êtes un mouslim comme moi, je vous ai ouvert la porte pour vous montrer comment je vis et qui je suis réellement. Apparemment, il n'y a pas que vous qui avez des problèmes avec les journalistes en Afrique, puisque Samuel Eto'o a récemment pesté contre un de ses compatriotes en pleine conférence de presse. Pourquoi traite-t-on les stars de la sorte à votre avis ? Le problème, c'est que beaucoup d'entre eux n'étaient pas des journalistes il y a trois ou quatre ans. C'étaient des menuisiers ! Le métier de journaliste attire tout le monde de nos jours. Les gens s'improvisent journalistes alors qu'ils n'ont pas le niveau pour cela. Tout le monde veut devenir journaliste en Afrique. Certains de ceux qui travaillent comme journalistes aujourd'hui au Sénégal, je les connais très bien et je vous assure qu'ils étaient soit employés de banque, soit menuisiers, soit autre chose, mais pas journalistes. De tous les clubs par où vous êtes passé, lequel vous a rendu le plus heureux ? Là où je suis aujourd'hui, je peux vous assurer que je suis très heureux. Oui, je suis très heureux de jouer pour les Rangers. A Bolton aussi, j'ai passé quatre de mes plus belles années de footballeur. Quand j'ai quitté Liverpool, je ne pouvais pas quitter un tel club et aller dans le championnat italien. Les gens auraient dit quoi ! Ils auraient dit tout de suite que Diouf n'a pas réussi en Angleterre. Mais aujourd'hui, quelqu'un qui a fait plus de 300 matches en Premier League ne peut pas être mauvais. Si je n'avais pas été bon, je n'aurais jamais pu faire autant de matches dans le championnat d'Angleterre. Vous avez laissé votre trace à Bolton,n'est-ce pas ? J'ai marqué le but qui nous a qualifiés en Coupe d'Europe, j'ai été le meilleur buteur du club avec 12 réalisations dès ma première saison. Après cela, j'ai marqué le premier but de l'histoire de Bolton en Coupe d'Europe… En quatre ans, je peux dire qu'on a fait vibrer les fans du club. C'était extraordinaire ! Le coach savait que c'était possible de faire mieux et c'est pour cela qu'il a fait venir Anelka et Fernando Hierro. Avec Okocha et Ivan Campo, ça devenait nettement plus ambitieux à Bolton. Que gardez-vous de votre amitié avec Nicolas Anelka justement ? Avec Nico, jusqu'à ce jour, on s'appelle tout le temps. Anelka est pour moi un frère. Un ami mouslim, un vrai frère. Vous me faites rappeler encore l'histoire de Nico. Lui aussi, les gens lui ont collé une étiquette de bad boy, alors que lui, c'est quelqu'un qu'on n'ose même pas aborder tellement il est timide et gentil. Et tout le monde s'est acharné sur lui. Pourquoi s'acharne-t-on sur Anelka à votre avis ? Est-ce parce qu'il est devenu musulman, lui aussi ? D'abord, il faut savoir qu'en France, les gens sont des jaloux. En plus, le fait d'être mouslim aujourd'hui, ça dérange aussi beaucoup de personnes. Vous n'avez qu'à ouvrir la télé en France et vous pouvez vous rendre compte de vous-même. Il y a une infinité de débats sur l'Islam et les musulmans. On est carrément dans l'obsession ! Peut-être que ça aussi ça ne l'a pas servi. Mais les gens sont très, très jaloux de lui en France. C'est le jeune qui arrive de la banlieue et qui réussit à jouer dans les plus grands clubs d'Europe. Forcément, ça ne peut pas laisser les jaloux indifférents. Après ce qu'ils ont fait en Afrique du Sud, il n'y a que Nicolas Anelka qui a été aussi sévèrement sanctionné. Pourquoi, à votre avis ? Parce que Nico est, comme on dit en anglais, «an easy target» (une carte facile). Il est exactement comme moi avec les journalistes sénégalais. Dès qu'on perd un match, on dit que c'est la faute à El Hadji Diouf. Tu les vois sortir vite quelque chose sur El Hadji Diouf pour se venger de l'équipe. Nous sommes les boucs émissaires parfaits pour la presse de nos pays respectifs. Tout comme c'est le cas pour Samuel Eto'o au Cameroun ou Didier Drogba avec la Côte d'Ivoire. Au temps de Madjer, j'imagine aussi que c'était pareil pour lui en Algérie, car c'était la star de l'équipe. Mais pour revenir au cas de Nico, je crois que c'est à cause d'une jalousie excessive à son encontre. C'est de la jalousie pure ! Sinon vous qui le connaissez bien, comment pourriez-vous le décrire ? Mais il est trop calme Nico ! Quand tu es en face de lui, c'est à peine s'il ose te regarder dans les yeux tellement il est timide. On peut s'asseoir avec lui pendant deux heures, il nous sort deux ou trois mots et c'est fini. C'est quelqu'un qui ne parle qu'aux gens qu'il connaît vraiment bien. Sinon il est très timide en général. Même moi au début, je me suis dit : «Qu'est-ce qu'il a ce gars-là, il ne parle jamais ? » Et une fois qu'on l'a connu un peu plus ? Mais on découvre un super mec ! C'est simple, Nicolas Anelka est l'un des meilleurs mecs que j'ai rencontrés dans ma vie. Mais après, le fait qu'il roule dans une Ferrari, forcément, ça ne laisse pas les jaloux indifférents. Mais on se trompe totalement à son sujet. Comment vit-il son islam dans le groupe ? On parlait tout le temps de l'islam avec lui. C'est quelqu'un qui fait la prière tous les jours. Il ne s'exhibe pas. Par exemple, il ne fait pas ses prières dans le vestiaire, mais il laissait cela quand on allait dans sa chambre d'hôtel. C'est un incompris comme vous ? Ah, oui ! Vous pouvez dire que c'est un incompris. Vous savez, tout ce qui a été raconté à son sujet après la Coupe du monde, moi je sais qu'il n'y a rien de vrai. On en a parlé vite fait et je sais que c'est la jalousie qui a poussé les gens à dire ces méchancetés à son sujet. Je vous dis une chose ? Même ceux qui sont aujourd'hui en Equipe de France sont jaloux de lui. Ce sont des jaloux. Sinon comment expliquez-vous qu'on se passe d'un joueur aussi talentueux que Nicolas Anelka sans que personne ne prenne sa défense. Excusez-moi, mais de nos jours, beaucoup de footballeurs préfèrent aller en équipe nationale en étant des canards. Et des joueurs comme Nico ne seront jamais les canards de personne. Comme vous ? Oui, vous pouvez le dire. Comme moi ! Car moi, j'ai tout donné à l'équipe nationale du Sénégal. J'ai donné plus que tous ceux qui ont entraîné le Sénégal. Même les entraîneurs d'aujourd'hui ne pourront jamais donner autant. Moi, j'étais là à l'époque où on achetait nos propres maillots la veille des matches pour jouer et honorer les couleurs du Sénégal. Et pourquoi Amara Traoré ne veut pas vous rappeler en sélection ? Mais c'est parce qu'il a peur de moi ! Ce n'est pas une question de confiance ou de niveau. Moi je joue bien mieux que tous ceux qui y sont. Dites-moi qui est meilleur que moi dans l'équipe actuelle du Sénégal ? Il n'y en a pas ! Lui, comme les personnes qui sont à la fédération, ils ont tous peur de moi. Voyez, par exemple, depuis qu'ils ont joué contre le Cameroun, les joueurs n'ont pas encore reçu leurs primes à ce jour, alors que le stade était blindé de supporteurs. Vous croyez qu'avec moi dans le vestiaire, ça se passera comme ça ? Jamais ! Ils savent que ma voix est écoutée. Amara Traoré, quand il est parti en Coupe du monde, c'est moi qui ai dit à Bruno Metsu : «Si Mamadou Niang part en Coupe du monde à la place d'Amara Traoré, moi aussi je ne pars pas. Avec Fadiga aussi.» Et vous pouvez aller le demander à Metsu. Pourquoi aviez-vous pris sa défense alors ? Parce que Amara avait fait toutes les éliminatoires avec nous, même s'il ne jouait pas, c'était pour moi un grand frère à ne pas laisser tomber. Il pouvait aider l'équipe à sa manière. Moi, j'ai pensé à l'équilibre de l'équipe. Du coup, vous vous êtes fâché avec Niang ? Non, Niang c'est mon frère ! Je l'aime beaucoup à ce jour. Mais empêcher Amara d'aller au Mondial était tout simplement injuste. Il a pris part à toute l'aventure avec nous, depuis le début. On n'allait pas le laisser tomber au dernier moment, non ? Sinon je n'ai aucun problème avec Mamadou Niang, ni avec Souley. Ce sont les gens qui devraient avoir des problèmes avec moi. Certains ont oublié que j'ai été deux fois Ballon d'Or africain. Qu'on me respecte un peu au moins pour cela ! Moi, je n'ai pas fait seulement deux bonnes saisons en France. J'ai été élu meilleur joueur sénégalais des 50 dernières années, il y a trois mois. Je sais qui je suis. Vous êtes le joueur le plus célèbre de tout le Sénégal en tout cas… Quand tu parles des sportifs sénégalais, quel nom te vient à l'esprit ? C'est comme Madjer en Algérie. Après, on vient me sortir des problèmes avec Mamadou Niang. Vous savez, avec Mamadou et Souley (Souleymane Diawara), on s'appelle toujours entre potes. Ce sont des amis. Après, tout ce qui se raconte à notre sujet n'a aucun sens. C'est donc quoi le vrai problème ? Le vrai problème, c'est qu'ils ont peur de moi. Ils se disent que, sans lui, on peut gérer facilement les canards. Si les autres joueurs parlent dans les journaux, qui va les écouter ? Mon palmarès et mon vécu sont trop lourds pour eux. Un mec comme Jules Bocandé, vous trouvez que c'est normal qu'il soit écarté du staff technique ? Lui aussi est trop lourd pour eux. Liamine Diack, l'ancien parlementaire et président de la Fédération internationale d'athlétisme, lui aussi, s'est opposé ouvertement à votre retour en sélection nationale. Pourquoi ? C'est aussi un des jaloux. Je vais vous dire quelques mots à son sujet. C'est quelqu'un à qui on a brûlé sa maison, à cause de la politique. C'est une personne qui a fui le pays pour aller vivre à Monaco pendant des années. Il a toujours été jaloux de moi. Ce n'est pas la première fois qu'il parle de moi. Mais j'ai de très bons rapports avec ses enfants. Au début, je me suis retenu, par respect à cette amitié, mais après, le vase a débordé et c'est mon droit de répondre à ceux qui m'attaquent. Moi, j'ai 30 ans et lui en a presque 80 et se permet de s'attaquer à quelqu'un qui a tout donné à son pays ? Vous savez, le président de la République était invité aux USA et vous savez ce qu'il a dit aux journalistes sénégalais ? Il a dit : «Moi, ça ne me dérange pas que vous disiez du mal de moi, mais de grâce ne vous attaquez pas à des gens comme El Hadji Diouf qui ont tant donné pour le Sénégal. Vous êtes en train de dire tout le temps du mal de lui, alors que ce monsieur vous a fait voyager.» Si je n'avais pas marqué mes 9 buts sur 14 lors des éliminatoires, le Mondial du Japon ils l'auraient suivi uniquement à la télé. Et ces gens-là continuent à me tailler matin et soir. Mais ça ne me gêne pas, tant que mes parents et les gens qui m'aiment resteront derrière moi. Rien ne peut me toucher. I am strong. Je suis fort dans la tête. Mais Liamine Diack est un aigri. Il a toujours voulu faire partie du gouvernement, mais ça s'est toujours mal passé pour lui. Il m'a critiqué plus pour se refaire une place médiatiquement après sa fuite du pays. Il a parlé de moi et je lui ai répondu. Aujourd'hui, il l'a bien regretté, car j'ai dit tout ce que je pensais de lui. Il n'a rien à voir avec des mecs comme le président de la République, Abdoullah Wade, qui est resté au pays même quand c'était chaud. Lui au moins il a toujours été présent parmi le peuple. A vrai dire, il cherche à tout prix à devenir président de la République, mais à son âge, c'est fini ! Pourriez-vous nous parler du match de bienfaisance que vous voulez organiser chez vous ? Le dossier est en phase d'élaboration et je vais le remettre justement au président de la République. J'en ai déjà parlé à ses proches. Il s'agit de mettre sur pied un match à Saint-Louis, au profit de l'hôpital de Balacoss, où j'ai grandi. On va aider à la rénovation et à l'amélioration de tous les services en plus de l'achat des équipements. De plus, avec la biographie qui va sortir sur moi (le livre sera intitulé L'incompris), la moitié de l'argent des ventes ira à la charité. Qui sera invité face à votre équipe ? Il y a des enfants et des jeunes qui n'ont jamais eu la chance de voir les stars du football mondiales en chair et en os. C'est pour cela que j'ai pensé à inviter des stars comme Zidane. Il y aura, d'une part, la génération de France 98 et, d'autre part, celle du Sénégal de 2002. Ce sera pour les dix ans de notre victoire contre la France. Mais je voudrais aussi inviter un des joueurs qui m'ont le plus fait vibrer et qui est Rabah Madjer. C'est toujours un plaisir de rencontrer quelqu'un comme Madjer et de lui serrer la main. Il m'a fait rêver, il a fait rêver le monde entier, c'est pour cela que j'ai envie de l'inviter au Sénégal. Peut-on dire que vous rêvez de votre retour en sélection ? Comment pourrais-je rêver de cela alors que j'ai déjà réalisé ce rêve en étant très jeune et en jouant le Mondial 2002 ? Moi, j'ai pris le bon wagon, celui de 2002. Je n'attends donc aucun train. Ce qui vient après, ce n'est que du bonus. Voyez l'Algérie des années 80, c'est celle-là qui a fait rêver les Algériens en battant l'Allemagne et tout ce qui s'en est suivi. Pas celle de Madjid (Bougherra) qui est bonne mais qui n'a pas encore réalisé les mêmes exploits que les anciens. La locomotive, c'est l'équipe de Madjer. C'est pareil pour moi. Vous êtes pour un coach local ou étranger ? Pour moi, le bon coach c'est celui qui connaît son métier et qui ne fait pas d'états d'âme en composant son équipe, peu importe son origine. Quelles appréciations avez-vous de ce qui se passe dans certains pays musulmans, comme la Libye, par exemple ? Je ne peux pas être loin de ce qui se passe dans ces pays. Je ne sais pas qui a raison et qui a tort, mais c'est dommage de voir autant de victimes. Kadafi ? Kadafi, c'est un homme que j'ai toujours admiré. Je dis la vérité. Je le connais et je connais Seif, son fils. Ce sont mes amis. Mais franchement, je ne sais pas vraiment ce qui se passe en Libye, mais ça doit être très dur pour Kadafi et sa famille. Moi je dis, que, Inch'Allah, la victoire sera pour celui des deux qui a raison. Vous pensez à quoi ou à qui quand on vous parle de l'Algérie ? A Madjer ! Puis, à mes trois buts marqués contre l'Algérie et enfin à la qualification à Annaba. Vous savez que vous avez beaucoup de fans en Algérie ? Ah, en Algérie, je me sens carrément chez moi ! Je me suis toujours entendu avec les Algériens, partout où j'ai été. La preuve, à Glasgow, je suis avec Madjid (Bougherra), Salim (Kerkar), Hamid (le restaurateur) et Walid mon coiffeur qui vient chez moi. Qu'est-ce qui vous a poussé à choisir un coiffeur algérien ? Walid, dès que je l'ai vu, j'ai compris que c'était quelqu'un de bien. Dès mon arrivée à Glasgow, il m'a aidé sur plusieurs plans, comme pour me loger. Il m'a aussi emmené dans sa voiture et j'ai vu surtout sa générosité à l'africaine. C'est-à-dire qu'il m'a aidé sans rien attendre en retour. Quels souvenirs gardez-vous des matches face à l'Algérie ? C'étaient des matches entre hommes ! Vous êtes proche de Rafik Saïfi, non ? Ah ! Rafik, c'est mon ami, c'est mon frère. C'est un très bon joueur que je respecte pour ce qu'il est sur le terrain et en dehors. J'ai beaucoup d'admiration pour ce mec. Il a un cœur exceptionnel. Avant même le match du Caire, vous aviez annoncé que c'est l'Algérie qui allait se qualifier contre l'Egypte. Pourquoi cette conviction ? Bien que l'Egypte soit double vainqueur de la CAN, je savais que l'Algérie avait toujours une bonne équipe, même si peu de gens y croyaient. Les Egyptiens étaient persuadés qu'ils étaient meilleurs, alors que les Algériens étaient convaincus qu'ils allaient se battre jusqu'au bout. Connaissant le caractère des Algériens, j'étais certain que vous alliez battre l'Egypte. A Annaba, l'Algérie avait fait 1-1 contre l'Egypte, alors que certains Sénégalais avaient des doutes sur la droiture des Algériens… C'est vrai, beaucoup de gens disaient que les Egyptiens avaient payé les Algériens pour leur donner le match. Mais moi, je savais que les Algériens allaient jouer le jeu correctement. J'ai rassuré tous mes proches et mes coéquipiers et je n'ai pas été déçu au final. J'ai dit à tout le monde que, même si les Algériens perdaient le match, ils le feraient avec dignité. J'en serais reconnaissant toujours. Et Oum Dourman ? C'était un très bon match. J'étais à fond pour l'Algérie. Vous savez, Anthar Yahia était avec moi au centre de formation à Sochaux… en plus, c'est lui qui marque ce but de fou. J'étais au paradis ce soir-là. Anthar, je l'ai connu tout petit au centre de formation. Je connais ses parents et toute sa famille. Tout comme Belhadj. Il est venu de Belfort ou Betancourt ou Besançon et a intégré le centre du RC Lens. J'ai joué contre lui quand il était tout petit. Un mot sur Salim Kerkar qui s'entraîne avec vous et qui n'a pas encore joué ? Salim est un joueur qui a énormément de qualités. Je dis bien, énormément de qualités. Certes, il ne joue pas encore, mais son heure viendra, j'en suis persuadé. Je crois que si on prend soin de lui, Salim sera l'un des meilleurs joueurs de la sélection d'Algérie dans le futur. Je m'entraîne tous les jours avec lui et je peux vous jurer qu'il a un potentiel exceptionnel. Il y a du Zizou en lui et le futur me donnera raison. C'est un très bon joueur. Et Madjid ? (Il regarde en direction de Madjid Bougherra qui était à deux mètres de lui, dans le salon). Toi tu es un casseur ! (Il se marre en même temps que Bougherra). Madjid, c'est la confiance ! Madjid, même en mangeant ses pains au lait et ses gâteaux, il est toujours là ! Plus sérieusement cette fois, je pense qu'il lui faut un nouveau challenge en fin de saison. Il faut qu'il parte en Premier League et non ailleurs. Vous le voyez dans quels clubs en Angleterre ? Madjid peut jouer par exemple à Aston Villa ou à Tottenham. En tout cas, il a largement sa place dans un des grands clubs de la Premier League. La Carling Cup avec les Rangers, c'est un titre que vous êtes venu chercher ? Oui, c'est toujours bien de gagner des titres. On a fait des jaloux à côté, chez les Celtics, mais c'est la vie. (Il sourit). En brandissant la coupe, vous avez écarté vos bras largement. C'était un clin d'œil bien ciblé ? Oui, parfaitement. Quand un de leurs joueurs (Brown) avait marqué un but lors du derby qu'on a perdu, il est venu me narguer de près en écartant ses bras et en bombant le torse. Je savais qu'un jour ou l'autre, il allait le payer. La preuve, je lui ai fait payer son geste avec la coupe dans les bras et lui, avec les mains vides.