«Je ne suis pas un perturbateur» Même s'il ne l'a pas dit publiquement, Rabah Saâdane ne comptera plus sur Hadj Aïssa tant qu'il est à la tête de l'équipe nationale. Si le sélectionneur national est allé jusqu'à cet extrême, c'est que le joueur a dû commettre quelque chose de grave. Joint par nos soins, Hadj Aïssa reconnaît qu'il a té déçu d'apprendre qu'il n'allait même pas faire partie de la liste des 18, mais il se défend d'avoir semé la zizanie encore moins perturbé le groupe. Entretien. * Confirmez-vous l'information de votre renvoi de l'Equipe nationale ? Que voulez-vous que je vous dise ? J'ai eu une discussion avec M. Saâdane après le match contre l'Egypte et il m'a fait savoir qu'il ne comptait pas sur moi pour le stage d'Afrique du Sud. J'ai donc pris mes bagages et quitté l'hôtel, parce que la dernière décision revient au sélectionneur et je n'avais pas le droit de la discuter. * Pourquoi à votre avis Saâdane a pris cette décision ? Croyez-moi, je n'ai pas compris pourquoi les choses ont pris de telles proportions et pourquoi le sélectionneur a pris cette décision. Je vous assure que je n'ai à aucun moment perturbé le groupe, encore moins semé la zizanie parmi les joueurs. Peut-être que des gens lui ont mal transmis certaines informations. En tout état de cause, moi j'ai la conscience tranquille. * C'est sûr que tout a commencé avec la décision de Saâdane de vous écarter de la liste des 18, non ? Le joueur qui vous dit qu'il est content de suivre un match Algérie-Egypte depuis les tribunes est un menteur. Même les remplaçants ne sont pas contents d'être sur le banc et veulent jouer et c'est humain. Pour moi, je joueur qui n'est pas déçu d'être à l'écart n'est pas normal. J'étais donc en colère, mais j'ai gardé ça pour moi. * Mais vous avez balancé une bouteille d'eau et traîné la patte à l'entraînement… Celui qui vous a dit ça est un menteur. J'avais un comportement naturel avec mes coéquipiers et vous pouvez le leur demander. J'ai même beaucoup ri et plaisanté avec les copains durant la dernière séance d'entraînement avant le match au stade de Blida, même si comme je viens de vous le dire, j'étais très déçu de ne pas faire partie des plans du sélectionneur. * Est-il vrai que vous avez demandé votre passeport lorsque vous avez appris que vous ne faisiez pas partie de la liste des 18 ? Oui et c'est là qu'il y a eu le malentendu avec M. Saâdane. Vous avez vous-même écrit dans votre journal que j'avais récupéré mon passeport de l'ambassade de Grande-Bretagne le jour du départ en France pour le stage. Je devais établir le visa pour aller effectuer des tests avec Portsmouth, mais j'ai dû reporter tout ça pour être avec l'équipe nationale. Une fois de retour en Algérie et comme je n'étais pas concerné par le match face à l'Egypte, j'ai voulu récupérer mon passeport le samedi pour faire la demande de visa le lendemain, jour de réception à l'ambassade. En sélection, on n'avait plus besoin du passeport, car seuls les joueurs inscrits sur la feuille du match doivent présenter le passeport. Cela a été très mal perçu par le sélectionneur qui savait pourtant que j'avais des contacts en Angleterre, je le lui ai dit moi-même. * M. Saâdane a sans doute pensé que demander son passeport le jour du match est une sorte d'abandon… Je n'étais pas concerné par le match et j'ai une chance d'aller jouer en Angleterre. Pourquoi n'ai-je pas le droit de demander mon passeport ? Il s'agit quand même de mon avenir footballistique. * Sincèrement Lazhar, avez-vous exprimé votre décpetion ? Je vous jure que j'étais content pour la victoire contre l'Egypte. Vous avez sans doute pris des photos après le match, allez les consulter et vous verrez que j'étais fou de joie. Il y a aussi les images de la télé qui ont retransmis la dernière séance d'entraînement à Blida qui confirment ce que je dis. A la fin du match, j'ai chanté et dansé avec les copains dans les vestiaires, dans le bus et à l'hôtel. Je suis un joueur de l'équipe nationale, mais je suis surtout un citoyen algérien qui aime son pays et qui était aux anges après une telle victoire contre l'Egypte. * N'aviez-vous pas l'intention de quitter le stage avant le match en demandant votre passeport ? Je vous ai déjà expliqué pourquoi j'ai demandé mon passeport. Si je voulais quitter le stage, je l'aurais fait en France car comme vous le savez, M. Saâdane avait annoncé l'équipe durant le stage. C'est lorsque j'ai appris qu'il y avait jour de réception à l'ambassade le dimanche que j'ai demandé mon passeport, surtout que le coach ne comptait pas sur moi face à l'Egypte. * Est-il vrai que vous avez été privé de la prime de la victoire ? Et avez-vous été déçu ? Je ne serai jamais déçu de ne pas toucher une prime en sélection. Moi quand je viens en équipe nationale, ce n'est jamais pour l'argent, je viens représenter tout un peuple et cela n'a pas de prix. Je l'ai d'ailleurs dit au sélectionneur lorsqu'il est venu m'annoncer qu'il venait de me priver de la prime. La joie du peuple algérien n'a pas de prix. Personnellement, j'étais fou de joie et je souhaite de tout mon cœur que l'équipe nationale s'impose en Zambie et s'ouvre le chemin de la Coupe du monde. * Ne pensez-vous pas que Saâdane n'a pas accepté votre réaction, après vous avoir défendu bec et ongles des critiques des médias ? Mais je vous dis que je n'ai pas commis un crime en demandant à récupérer mon passeport. C'est mon droit de le faire sachant qu'on ne comptait pas sur moi pour le match. * Comment voyez-vous votre avenir en Equipe nationale ? Tout est une question de destin. Je suis joueur algérien et j'ambitionne de défendre le maillot de mon pays et rester le plus longtemps possible en sélection. Toutefois, la décision finale revient au sélectionneur national. Avant de clore cet entretien, je souhaite beaucoup de réussite à mes coéquipiers de l'Equipe nationale en leur demandant de continuer à rendre heureux le peuple algérien. R. B.