«Durant le match, j'ai eu une pensée pour le fils de Mourad Lahlou» S'il y a un joueur qui a accompli d'immense progrès depuis qu'il joue en Europe, c'est bien Rafik Halliche. Joueur issu du championnat algérien, il a été prêté au Nacional de Madère alors qu'il appartient au Benfica. Cela l'a transfiguré puisqu'il laisse apparaître une grande maturité technico-tactique. Titularisé lors des trois matches disputés par l'Algérie en éliminatoires pour la Coupe du monde, il a été parmi ceux qui ont donné le plus satisfaction. Aujourd'hui, il savoure. * Il y a un an et demi, lorsque vous aviez été prêté au Nacional de Madère, vous nous aviez déclaré que c'était un choix sage et que l'avenir allait vous donner raison. La tournure des événements n'est-elle pas en train effectivement de vous donner raison ? Effectivement. Je me rappelle que lorsque, le 28 janvier 2008, j'avais signé au profit du Benfica, puis avais été prêté dans la foulée au Nacional, il y avait qui avaient été surpris. Je sais qu'il y en a qui avaient rigolé. Pour eux, il s'agissait d'une arnaque ou de quelque chose de ce genre. Certains avaient même douté de mes capacités, disant que cette signature au Benfica n'était qu'un leurre ou une pure opération commerciale et que le prêt au Nacional prouvait que je n'avais pas les qualités pour jouer à un haut niveau. Aujourd'hui, c'est à tous ceux-là, les sceptiques et les rigolards, que je dédie ma qualification pour la Coupe de l'UEFA et mes prestations face au Rwanda, à l'Egypte et à la Zambie. * Avez-vous l'impression d'avoir définitivement prouvé ma valeur ? J'ai surtout prouvé que j'avais fait un choix sage et logique. En allant au Nacional, je ne me suis pas dévalorisé, loin de là. J'ai appris et me suis aguerri en jouant beaucoup de matches, ce qui m'a permis de progresser davantage. J'ai pris conseil auprès de gens sensés et qui me veulent du bien, mon père entre autres ainsi que mon ancien président, Mourad Lahlou, et des amis. Tous m'avaient encouragé à accepter ce prêt en me disant que j'étais encore jeune et que ce n'était qu'une transition pour fourbir mes armes. Aujourd'hui, le temps m'a et leur a donné raison : j'ai terminé, avec mon club, à la quatrième place du championnat, juste derrière les trois grands, Porto, le Sporting et le Benfica, je suis qualifié pour la prochaine Coupe de l'UEFA, j'avais été désigné meilleur joueur du match Benfica-Nacional et de bien d'autres matches, j'ai gagné une place de titulaire en équipe nationale et je suis sur le bon chemin pour aller en Coupe du monde. C'est la meilleure des réponses. * Estimez-vous donc que votre saison a été réussie ? Très réussie même. Le seul bémol est cette blessure qui m'avait éloigné des terrains pendant deux mois. Sinon, tout s'est bien passé pour moi cette saison, el hamdoullah. * Croyez-vous pouvoir progresser encore davantage ? Bien sûr ! Je ne suis qu'au début du chemin. Je ne suis pas du genre à m'enflammer. Je garde les pieds sur terre et continue de travailler. Je ferai encore mieux, si Dieu le veut. * Nous avons remarqué que les automatismes sont désormais bien réglés avec vos coéquipiers défenseurs en sélection. Est-ce parce que vous communiquez beaucoup entre vous ? Nous communiquons entre nous sur et en dehors des terrains. Yahia, Bougherra, Raho, Belhadj, Gaouaoui et tous les autres connaissent bien leur métier et c'est facile de trouver des automatismes avec eux. Quand on joue à leurs côtés, on est tout de suite en confiance. Je ne crois pas qu'il faille relever la prestation particulière d'un défenseur au cours d'un match. C'est un bloc qui fonctionne ensemble. Lorsque ça marche, c'est que tout le bloc a bien fonctionné dans son ensemble. * Après le deuxième but inscrit par Saïfi, nous avons remarqué que les défenseurs, vous en premier, vous êtes dirigés directement vers le banc des remplaçants pour congratuler Zoheir Djelloul. Vous aviez donc pensé à son défunt frère tout au long du match ? Oui. Il est déjà difficile de perdre un être cher. Si cela se passe de surcroît alors qu'on est à l'étranger, loin de chez soi, c'est encore plus dur. Nous avons vraiment ressenti ce qu'il a ressenti et nous nous sommes réellement tous promis de ramener la victoire à la mémoire de son défunt frère. Nous estimons beaucoup cheikh Djelloul et c'est à lui que les joueurs ont eu leur première pensée après avoir fait le break avec le deuxième but. Personnellement, j'ai aussi pensé à une autre personne : Abdou, le fils de mon ancien président, Mourad Lahlou. Allah yerrahmou. Je l'ai bien connu. Je me rappelle qu'il m'avait invité à son mariage l'année dernière, mais je n'avais pas pu y assister en raison de mes engagements professionnels. J'ai été très choqué en apprenant la nouvelle de sa tragique disparition. C'est à lui également que je dédie la victoire. * Avez-vous pensé à lui au cours du match ? Lorsqu'on joue, on est tellement dans le feu de l'action qu'on ne pense à personne. Mais à chaque arrêt de match, son image et celle de cheikh Djelloul me venaient à l'esprit. Je tiens, en cette occasion, à présenter mes condoléances à la famille Lahlou. J'ai une grande estime pour Mourad Lahlou car, si je suis à ce niveau, il en partage le mérite puisque c'est du NAHD que j'ai été transféré au Benfica. * Rabah Saâdane a souligné la symbiose maintenant définitive entre les pros et les locaux. En votre qualité d'ancien local et de nouveau pro, confirmez-vous ce sentiment ? Non seulement je le confirme, mais je le certifie même. Comme vous l'avez si bien dit, je peux être comptabilisé dans les deux bords et je suis donc très bien placé pour affirmer qu'il n'y a aucun clivage, aucune opposition et aucune inimitié entre les pros et les locaux. Rien, absolument rien ! Ce sont tous des gens de bonne famille qui aiment l'Algérie et qui oeuvrent tous pour l'intérêt de l'équipe nationale. Vraiment, il existe un état d'esprit extraordinaire au sein du groupe. C'est l'un des grands acquis de l'équipe nationale. Entretien réalisé par Farid Aït Saâda