Où qu'il soit, Franz Beckenbauer est toujours au centre de l'attention. Lors de la Coupe des Confédérations de la FIFA 2009, le "Kaiser", aujourd'hui âgé de 63 ans, a été très sollicité la légende du football allemand était sur place en tant que membre du Comité Exécutif de la FIFA et a assisté notamment aux deux demi-finales, au match pour la troisième place et à la finale. Franz Beckenbauer, qu'avez-vous pensé de la Coupe des Confédérations de la FIFA, Afrique du Sud 2009, sur le plan sportif et au niveau de l'organisation ? Beaucoup de bien. La phase de groupes nous a réservé quelques surprises, en particulier la rencontre Italie-Brésil, où la balance a clairement penché en faveur des Sud-Américains. Mais dans l'ensemble, le tournoi a été d'un très haut niveau. Les conditions météo ont joué un rôle, car il faisait très frais le soir. Les joueurs devaient donc beaucoup courir pour ne pas prendre froid. L'organisation a été plus que satisfaisante. Il n'y a eu aucun problème. Tout s'est déroulé comme prévu. C'est un test très réussi en vue de la Coupe du Monde. Quelle a été selon vous l'équipe-surprise de la compétition ? Les Etats-Unis, sans aucun doute ! Ils ont perdu leurs deux premiers matches et étaient sur le point de rentrer chez eux. Ils avaient déjà fait leurs valises et finalement, contre toute attente, ils sont allés en demi-finale, où ils se sont imposés face aux favoris espagnols, champions d'Europe en titre. Mais c'est aussi cela le football ! Combien de fois avons-nous vu un favori connaître une énorme désillusion ? C'était un moment incroyable. Les Espagnols n'ont pas mal joué, mais ils n'ont pas réussi à prendre le dessus. Les Américains leur ont fait perdre leurs moyens grâce à leurs capacités physiques. Y a-t-il un joueur qui vous a particulièrement impressionné dans ce tournoi ? C'est difficile à dire. Je pense plutôt aux deux équipes qui ont créé la surprise : l'Afrique du Sud et les Etats-Unis. Il ne s'agissait pas d'actions individuelles mais de performances collectives. Ces deux sélections ont chaque fois maintenu un rythme très soutenu pendant 90 minutes. C'est cela qui m'a le plus impressionné. L'Italie, tenante du titre mondial, s'est inclinée dès la phase de groupes et l'Espagne, championne d'Europe en titre, n'est pas allée en finale. Croyez-vous que pour ces deux grandes nations du football, il faille voir comme un avertissement avant la Coupe du Monde de la FIFA 2010 ? Oui, c'est possible. Surtout pour les Italiens, qui ont beaucoup déçu. Parlons des supporters et des vuvuzelas : qu'avez-vous pensé de l'ambiance qui régnait dans les stades sud-africains ? J'ai déjà eu plusieurs occasions de goûter à cette ambiance. Pour nous, les Européens, c'est quelque chose d'inhabituel, mais c'est loin d'être désagréable. On s'habitue à ce son qui résonne en permanence, tantôt très fort, tantôt plus discrètement. Mais à vrai dire, cela ne me fait pas beaucoup d'effet. Quand je suis dans un stade, un orchestre tout entier pourrait jouer à côté de moi, que je ne l'entendrais pas. Je suis concentré sur le match. Croyez-vous que l'on puisse s'attendre à une Coupe du Monde de la FIFA passionnante pour 2010 ? Cela ne fait aucun doute ! On a d'ores et déjà pu constater l'enthousiasme des Sud-Africains. On peut donc imaginer l'engouement que devrait susciter le grand rendez-vous du ballon rond l'année prochaine. Ce qui nous amène aux qualifications pour 2010 : l'Argentine, la France et le Portugal, qui sont pourtant trois géants, se trouvent actuellement en difficulté sur le chemin qui mène à l'Afrique du Sud. Quel regard portez-vous sur la situation de ces trois équipes ? Je pense que l'Argentine finira par s'imposer. Le Portugal va avoir beaucoup de mal à se qualifier, il faudrait qu'il gagne tous ses matches, sachant que ses adversaires seront dans le même état d'esprit. Quant aux Français, ce serait bien sûr vraiment dommage qu'ils ne soient pas présents en Afrique du Sud. Mais le passé et la tradition ne comptent pas, il faut décrocher son billet pour chaque compétition. J'espère que ces trois équipes parviendront à se qualifier, les Portugais étant ceux qui ont le moins de chances d'y arriver. L'Angleterre, entraînée par Fabio Capello, semble au contraire être dans une forme comme elle n'en avait plus affichée depuis longtemps. Les Trois Lions font-ils déjà partie des favoris dans la course au titre mondial ? Certainement, oui ! Les Anglais ont tiré les leçons de leur échec lors des qualifications pour l'Euro 2008. Capello est un homme expérimenté, qui a su remettre de l'ordre dans ses rangs. Le bilan de l'Angleterre à ce jour dans les qualifications pour la Coupe du Monde est impeccable. Et quand la sélection anglaise se qualifie pour une compétition, elle fait toujours partie des favoris. L'équipe d'Allemagne disputera en octobre un match difficile et sans doute décisif contre la Sbornaja. Dans quel état d'esprit les Allemands se rendront-ils en Russie ? Que peuvent-ils espérer selon vous ? Un match nul leur suffirait, car ils ont encore un point d'avance. Mais ils joueront sur un gazon artificiel auquel ils ne sont pas habitués, or c'est assez différent d'une pelouse traditionnelle. Ils vont donc devoir s'adapter. S'ils réussissent, je pense qu'ils sont capables d'obtenir un match nul. L'Allemagne finirait alors en tête de son groupe et serait directement qualifiée pour la Coupe du Monde. Berti Vogts avait déclaré, il y a quelque temps dans un entretien accordé à FIFA.com, qu'il imaginait tout à fait une équipe africaine dans le dernier carré de la Coupe du Monde de la FIFA 2010. Quelle est votre opinion à ce sujet ? Si cela arrivait, ce serait la première fois. Cela fait déjà dix ans ou même plus que j'attends qu'une équipe africaine s'impose. J'ai été un peu déçu lors d'Allemagne 2006, je m'attendais à mieux, surtout de la part de la Côte d'Ivoire avec Didier Drogba. Mais ces équipes vont maintenant avoir une nouvelle chance et elles auront l'avantage de jouer à domicile, tout du moins sur leur continent. Je suis du même avis que mon ami Berti Vogts : ce ne serait pas une surprise pour moi si une équipe africaine atteignait les demi-finales. Avez-vous à l'esprit une équipe en particulier ? Pour cela, il faut d'abord attendre l'issue de la compétition préliminaire en Afrique. Comme en Europe, quelques-uns des cadors sont en difficulté. Les Sud-Africains, quant à eux, sont brillants dans la construction du jeu, très forts techniquement et astucieux, mais ils marquent peu. S'ils trouvent un buteur, il faudra compter avec eux. Mais de manière générale, je pense que ce serait sûrement une bonne chose pour le football africain si l'une de ces équipes se qualifiait pour les demi-finales. Pour finir, parlons du Bayern Munich : vous allez avoir un nouvel entraîneur en la personne de Louis van Gaal et de nombreux nouveaux joueurs. Qu'attendez-vous de cette équipe pour la saison à venir ? Van Gaal est connu pour être strict, pour la façon qu'il a de s'imposer et d'obtenir de ses joueurs qu'ils appliquent à la lettre sa conception du football. On attend de lui qu'il pose sa griffe sur le club et il en est tout à fait capable. Il l'a toujours prouvé jusqu'à présent. Il est donc exactement ce dont nous avons besoin à l'heure actuelle : un "professeur de football", un entraîneur qui prend des mesures tactiques et donne des indications. J'espère qu'après cette année décevante, la prochaine saison sera meilleure. Où en êtes-vous avec Franck Ribéry ? J'espère qu'il va rester. A mes yeux, il est l'un des meilleurs joueurs du monde avec Lionel Messi et Cristiano Ronaldo. Des joueurs d'une telle classe, nous n'en avons pas beaucoup en Allemagne. Diego quitte le Werder Brême pour la Juventus Turin. Si Ribéry partait lui aussi, ce serait une véritable régression pour la Bundesliga. Nous voulons absolument éviter cela ! In Fifa. com