Allemands, Espagnols, Brésiliens et Américains se bousculent : Alors que beaucoup parmi les rapports de prospective économique sur l'Algérie présidaient un recul de l'investissement étranger dans le pays prétextant la nouvelle réglementation sur l'investissement, les délégations étrangères continuent à se bousculer aux portillons d'Alger. En l'espace d'une semaine seulement, pas moins de six délégations ministérielles ou d'hommes d'affaires se sont déplacés en Algérie pour des fins de prospection de partenariat d'affaire ou de coopération. C'est que la bagatelle de 286 milliards de dollars d'investissement public prévue pour le Plan quinquennal 2010-2014 ne laisse personne indifférent parmi les opérateurs étrangers, notamment en ces temps de disette et de sortie de crise financière mondiale où très peu de pays disposent d'un tel potentiel d'investissement. Cette somme colossale qui doit être consommée pour les besoins de renforcement de l'infrastructure et des secteurs productifs fait en effet saliver les plus grosses multinationales qui voient en cela une belle aubaine surtout que la plupart des pays ont annoncé une baisse drastique de leurs dépenses en raison de la crise financière. Ce qui est loin d'être le cas pour l'Algérie décidée à corriger les déséquilibres existants dans les infrastructures nécessaires au bon fonctionnement de l'économie. Et c'est sans aucun doute dans cette perspective, que les délégations étrangères tentent de se frayer un chemin dans ce qui s'apparente à une course pour s'approprier une part de l'énorme gâteau qui s'offre à elles. Américains, Allemands, Brésiliens, Espagnols, sans compter le travail d'approche qu'effectuent les représentations diplomatiques à Alger, ont tous dépêchés dans la capitale algérienne qui un ministre, qui un groupe d'homme d'affaires, qui un conseiller pour s'enquérir de près du contenu des projets qu'envisagent de lancer l'Algérie. En trois jours seulement, c'est à un véritable ballet auquel on a assisté avec des délégations qui se sont succédé pour rencontrer les responsables algériens. Les Allemands ont été les premiers à ouvrir le bal avec la venue à Alger de la ministre déléguée de l'Economie, des Infrastructures, des Transports et de la technologie du Land de Bavière, Mme Katia Hessel. Consciente de ce que représente le marché algérien, la ministre allemande a rappelé « le grand intérêt » accordé par les entreprises bavaroises au marché algérien et souligné la volonté des entrepreneurs de Bavière de s'investir davantage en Algérie et d'y avoir une présence « durable » non seulement pour multiplier les échanges commerciaux mais également pour s'impliquer dans « le transfert du know how et de la formation ». La partie allemande semble avoir bien digéré le nouveau discours des autorités algériennes en ce qui concerne le contenu à donner au partenariat avec les entreprises étrangères, notamment dans le volet transfert technologique et du savoir-faire. Et c'est surtout les grands chantiers relevant du secteur des transports, qui suscitent l'intérêt de nombre d'entreprises bavaroises, dont certaines ont déjà affiché leur volonté de concourir aux prochains appels d'offres. Le ministre de l'Industrie et de la promotion de l'investissement a tenté pour sa part de rassurer son vis-à-vis en déclarant que les choix stratégiques de l'Algérie « n'ont pas changés », avant de souligner que « notre démarche demeure la recherche de partenariats mutuellement bénéfiques ». Les espagnols de leur côté ne veulent laisser rien leur échapper, même en investissant dans les relations politiques avec l'Algérie. Et c'est le secrétaire d'Etat pour les Affaires étrangères et d'Amérique Latine, M. Juan Pablo De Laiglesia, qui a été dépêché en Algérie pour affirmer que sa visite « entre dans le contexte des relations stratégiques entre l'Espagne et l'Algérie », soulignant que le gouvernement espagnol « a tout l'intérêt à (les) approfondir, (les) renforcer et à (les) élargir ». Bien que peu de choses aient filtré de la visite, les entretiens ont porté, entre autres, sur « les questions d'intérêt commun au niveau international et régional, dont les relations avec l'Union européenne, la Méditerranée et la prochaine réunion de l'Union pour la Méditerranée », selon le responsable espagnol. Les Brésiliens qui entretiennent des relations privilégiées avec l'Algérie ne veulent pas être en reste des potentialités qu'offre le marché algérien. C'est dans ce cadre que les possibilités de coopération et de partenariat entre les deux pays ont été passés en revue par les deux parties lors de l'audience qu'a accordée jeudi le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, au ministre brésilien du Développement, de l'Industrie et du Commerce extérieur, M. Miguel Jorge. « Nous avons abordé plusieurs sujets et passé en revue l'état des relations algéro-brésiliennes et les possibilités de coopération qui existent entre nos deux pays, plus particulièrement dans les domaines de l'agriculture, de la production de denrées alimentaires, les infrastructures et l'industrie agro-alimentaire », a déclaré à la presse le ministre brésilien à l'issue de l'audience que lui a accordée le chef de l'Etat. Les Américains ont eux aussi un œil bien rivé sur le Plan quinquennal algérien. Une délégation d'une cinquantaine d'hommes d'affaires se rendra du 25 au 30 septembre en cours à Alger pour chercher les opportunités d'investissements en Algérie, a indiqué mercredi une source proche de l'ambassade d'Algérie à Washington. Cette mission économique de 6 jours, organisée par l'ambassade algérienne et le Conseil d'affaires algéro-américain USABC, est composée de sociétés américaines activant notamment dans les secteurs de l'industrie pharmaceutique, l'agroalimentaire, la construction, l'habitat, les ressources en eau, les technologies de l'information et de la communication (TIC). Cette visite de prospection, la troisième du genre, consiste en l'organisation d'une conférence sur les opportunités d'investissement en Algérie et de rencontres bilatérales entre les représentants de ces compagnies américaines et leurs homologues algériens. C'est dire que, visiblement, les opérateurs étrangers ne sont vraiment pas «gênés» par la nouvelle réglementation algérienne relative aux investissements étrangers même si cette même réglementation a été dénoncée par certaines entreprises étrangères.