La saga des Sawiris en Algérie connaît des rebondissements ubuesques. En effet, selon le quotidien arabophone En-Nahar, dans son édition d'hier, Naguib Sawiris aurait fait son mea culpa au Président Bouteflika à travers une correspondance...très sympathique. Le Président de la République aurait, à son tour, suspendu le processus de l'évaluation de Djezzy confiée au Bureau d'études, Hadj Ali. Coup de théâtre : après avoir donné un portrait au vitriol du milieu des affaires en Algérie, régenté, selon lui, par un pouvoir «maffieux et sans scrupules », Naguib Sawiris aurait fait volte-face et adressé une lettre au Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, dans laquelle il affiche son souhait de garder son affaire Djezzy en Algérie. Cette lettre intervient dans un contexte inapproprié de guéguerre sans merci entre le milliardaire égyptien et les responsables algériens. Le PDG d'OTA, Mahdi El Tamer a été, pour rappel, entendu par la Police, la semaine dernière, dans le cadre d'une affaire délictueuse de transferts illégaux de fonds à l'Etranger. Selon En-Nahar, le mea culpa concerne, tout ce qui c'est passé depuis l'épisode de la transaction «la Farge-Orascom», faite à l'insu des pouvoirs publics algériens. Dans sa lettre Sawiris expose cet épisode, en se justifiant ainsi : «Naguib Sawiris n'a aucun lien avec le groupe «Orascom Construction Industries», propriété de son frère Nacef qui est seul responsable du groupe et qui avait conclu, à ce titre, l'opération de vente», rapporte le journal arabophone. Si l'interruption du processus d'évaluation par le bureau d'étude algérien, Hadj Ali Mohand Samir, nonobstant le contrat conclu le 23 août dernier, avec le ministère des Finances, se confirme, l'enchevêtrement des intérêts dans Djezzy seraient plus compliqués qu'en apparence. En effet, les négociations pour ce contrat ont duré plus de quatre mois, jusqu'à son approbation lors du Conseil du Gouvernement tenu il y a deux semaines. Pourquoi une telle interruption ? Est-ce le montant exorbitant demandé par le bureau d'études Hadj Ali qui, selon la presse, s'élève à hauteur de 70 milliards de centimes où la lettre de Sawiris qui a motivé l'interruption de l'évaluation ? Le bureau algérien est assisté par trois bureaux internationaux, installés à Paris, dont les honoraires devaient être transférées en devises fortes, également. Le contrat approuvé par le Conseil des Ministres était passé à l'amiable avec Hadj Ali. Dignes des contrecoups d'une pièce du théâtre de l'absurde, l'affaire Djezzy est une affaire politico financière sibylline. Selon En-Nahar, qui cite des sources gouvernementales, «le refus du Président Bouteflika du bureau d'expertise financière pour mener l'opération d'évaluation n'est pas motivé par le montant exigé par le bureau et qui est de 70 milliards de centimes, soit l'équivalent de 7 millions d'Euros, mais pour d'autres considérations». En fait, si l'interruption du processus d'évaluation s'avère fondée, ceci confirme que l'option d'un rachat de Djezzy par l'Etat algérien devrait être abandonnée. L'option du russe Vimpelcom tient… la route Comme il a été rapporté par le journal russe «Kommersant, dans son édition de vendredi dernier, l'opérateur russe Vimpelcom aurait proposé 5 milliards d'euros, soit 6,5 milliards de dollars, à OTH pour le rachat des actions Djezzy. Vimpelcom devrait récupérer les actifs algériens d'Orascom Telecom dans le cadre d'une transaction globale portant sur toutes les entités détenues par l'homme d'affaires Naguib Sawiris en Afrique et en Europe. En échange, les pouvoirs algériens espèrent avancer sur plusieurs dossiers stratégiques et militaires, inscrits dans le Forum d'affaires algéro-russe, prévu entre le 6 et le 8 octobre prochains. In fine, le journal russe a affirmé que Vimpelcom publiera aujourd'hui un communiqué portant sur les tenants et les aboutissants de cette transaction avec Sawiris.