Alors que Naguib Sawiris se targue de sa retraite dorée, grâce à quelques années seulement d'exercice en Algérie, le Gouvernement algérien continue obstinément à vouloir assainir le passage béotien des Sawiris en Algérie. Cette fois-ci, c'est Orascom Construction Industries (OCI), présidé par le frère cadet Nassef, qui est dans le collimateur. Selon le journal on-line TSA, «les parts détenues par OCI dans Sorfert Algérie, le projet de fertilisants (urée et ammoniac) réalisé avec Sonatrach, ont été transférées dans la joint-venture créée début 2010 entre OCI et la banque américaine Morgan Stanley. Cette joint-venture est détenue à égalité entre OCI et Morgan Stanley. Ce même Nassef Sawiris serait le prestidigitateur numéro un de l'affaire de la cession de la cimenterie à Lafarge. Le 26 janvier 2010, Morgan Stanley (MS), leader mondial de services financiers et Orascom Construction Industries (OCI) avaient annoncé être en accord de principe pour former une joint-venture pour développer et investir dans des actifs à travers le Moyen-Orient et l'Afrique. Il faut savoir aussi que Morgan Stanley Infrastructure est présidée par un autre Egyptien, Sadek Wahba, issu d'une famille de politiciens et de diplomates de l'aristocratie turque. Les Wahba sont très proches des Sawiris, dit-on. Enfin, Sadek Wahba a déclaré, lors de la signature de la joint-venture, que «la prochaine décennie va nécessiter des taux d'investissement plus élevés dans les infrastructures pour soutenir la croissance économique au Moyen-Orient et en Afrique. Notre projet d'entreprise commun (avec les Sawiris) apporte des connaissances régionales, une expertise opérationnelle et la portée mondiale de capitaliser sur l'expansion économique de la région. Nous sommes impatients de travailler en partenariat avec Orascom Construction Industries, un développeur de premier plan dans l'infrastructure au Moyen-Orient avec une expérience opérationnelle importante dans la construction et la gestion des actifs d'infrastructure». L'Etat algérien a tenté de réagir à cette cession en élargissant le droit de préemption aux cessions d'actions à l'étranger sur des activités en Algérie. D'après TSA, le dossier risque de se révéler aussi compliqué que celui de Djezzy, si on prend en considération que Morgan Stanley est l'une des plus grandes banques mondiales avec laquelle l'Algérie a intérêt à éviter toute confrontation frontale. L'usine est détenue à 51% par OCI et à 49% par Sonatrach. Le projet, lancé en 2008 avant la fameuse loi dite des 51/49, a été financé par cinq banques publiques : la Banque extérieure d'Algérie (BEA), la Cnep, la BNA, la BDL et le CPA. Les banques concernées ont débloqué 1,52 milliard d'euros en faveur de Sorfret Algérie. Le projet devrait entrer en production en 2011, selon les prévisions de ses initiateurs. Le financement du projet est assuré à 70% par les banques publiques, dont 29% par la BEA, et les 30% restant par Sonatrach et Orascom. L'Algérie a fait perdre à Sawirisle goût du travail, mais pas le goût de l'argent…facile ! Dans un entretien accordé à la chaîne de télévision égyptienne El-Mihwar, Naguib Sawaris a indiqué qu'il consacrera désormais tout son temps à l'humanitaire. « Ces deux ou trois dernières années ont été difficiles, ce qui m'a fait perdre le goût du travail », a-t-il expliqué. En d'autres termes, Naguib Sawiris justifie sa décision de prendre sa retraite par l'acharnement de l'Etat algérien sur lui et son affaire Djezzy. Si l'Algérie a enlevé le goût des affaires à Sawiris, ce dernier a empoché près de 7 milliards de dollars : 4,8 milliards en actions Vimpelcom et 1,8 milliards cash, outre les dividendes de Djezzy qui a été parmi les plus grosses affaires régionales et même mondiales. Comme a dit l'autre, «on mange les sardines et on jette les têtes par les fenêtres».