Le ratio de consommation de poisson en Algérie reste très faible, malgré le potentiel halieutique. Selon une étude confiée à un bureau d'études espagnol, le stock «pêchable» algérien est de 220.000 tonnes. «Cela ne veut pas dire que nous pêchions cette quantité. Notre production annuelle actuelle avoisine les 145.000 tonnes», a déclaré hier matin M.Abdallah Khenafou, ministre de la Pêche et de Ressources Halieutiques, à la Chaîne III de la Radio nationale. Cela explique d'après le ministre la cherté des prix. A ce titre, le ministre préconise la mise en place des coopérations bilatérales, notamment avec des pays africains et de développer l'aquaculture, écartant par là même l'existence de spéculation sur le poisson, "un produit hautement périssable et qui ne peut être stocké et c'est l'offre qui régule le prix", dira-t-il. L'étude espagnole élaborée en 2005 sur les ressources halieutiques en Algérie, la plus complète à ce jour, selon les connaisseurs du secteur, est rejetée par le gouvernement. «Les procédés utilisés pour cette étude n'étaient pas fiables. Il faut revoir notre plan d'investissement en fonction d'une ressource claire. Nous devons être fixés sur les ressources que nous avons», a déclaré Abdallah Khanafou. Selon lui, une évaluation sera faite avant la révision du plan d'investissement. «Nous avons réalisé neuf ports de pêche et les capacités d'accostage ont été doublées. Nous avons 11 projets qui sont programmés. Nous allons faire un état des lieux de la flottille. Sur cette base, nous allons voir s'il faut injecter d'autres capacités», a-t-il précisé. Maîtriser l'infrastructure Selon lui, un bateau de recherches sera bientôt acquis pour étudier les capacités algériennes de pêche. «Des Algériens vont procéder à l'évaluation des ressources et à l'élaboration d'un plan de gestion de ces ressources. Nous allons nous donner du temps pour effectuer ce travail», a indiqué le ministre. Le ministre a annoncé qu'une révision de la gestion des ports de pêche sera faite. «Il est anormal que nous n'ayons aucun droit de regard sur les ports de pêche, alors que la commercialisation et le transit du poisson se passent dans ces espaces portuaires. Il est à rappeler que les ports de pêche sont gérés par les EGPP, des filiales des entreprises portuaires dépendant du ministère des transports. La concentration des flottilles de pêche au niveau des ports commerciaux a souvent été un sujet de litige entre les deux secteurs. Dans les ports de Ghazaouet et Mostaganem, par exemple, les chalutiers et sardiniers cohabitent dans les quais avec les grands navires commerciaux, ce qui pose souvent des problèmes de sécurité des bateaux et même des problèmes de rade. La séparation des deux activités est souhaitée surtout par les entreprises portuaires. «Il est temps que le ministère, qui peut jouer le rôle de puissance publique, gère ces ports pour une meilleure visibilité et pour une meilleure transparence de la commercialisation des ressources halieutiques », a expliqué Abdallah Khanafou. Priorité à la consommation nationale D'après lui, la consommation nationale de poisson doit être prioritaire sur l'exportation. «Le ratio annuel de consommation est encore faible. Il est de 5,2 kg par habitant. Les ressources sont de plus en plus rares. Il faut réguler l'exportation en collaboration avec le ministère du Commerce. Il faut fixer un niveau quantitatif d'exportation pour chaque espèce», a-t-il souligné. En termes précis, "l'exportation des espèces à forte valeur ajoutée peut être maintenue et compensée par l'importation de produits à large consommation", a déclaré le ministre, précisant que la sardine, à titre d'exemple, doit être interdite à l'exportation. Concernant la pêche du thon, le ministre a précisé que l'exploitation de cette variété de poisson est désormais dévolue aux seuls armateurs algériens qui ont bénéficié d'une aide de l'Etat à hauteur de 60 % pour de l'acquisition de 15 thoniers au total. L'augmentation du ratio de consommation passe aussi par le développement de l'aquaculture. Le retard dans ce sens est important et un développement rapide s'impose dans cette filière qui représente 50% de la production mondiale et brasse quelque 78 milliards de dollars de chiffres d'affaires, selon les chiffres de la FAO. Ainsi le ministre sollicite un programme spécial pour le développement de cette filière, qui passe en premier lieu par une étude prospective et l'évaluation des aspects financiers. Suspension de l'acquisition de bateaux L'acquisition de nouveaux bateaux de pêche est suspendue, a déclaré M. Khenafou, estimant que la flottille actuelle, forte actuellement de 4.500 unités, peut suffire à couvrir les besoins de l'Algérie en matière de pêche. Il a, par ailleurs, annoncé que des mesures seraient prises à l'encontre des armateurs qui ont bénéficié de l'aide de l'Etat pour acquérir des thoniers, regrettant que le quota de l'Algérie de 1.000 tonnes de thon pour 2009 ne soit pas pêché. Cependant, selon M. Khenafou, l'interdiction de la pêche du corail sera levée après l'élaboration d'un plan de gestion de cette ressource basé sur une étude qui a émis des variantes d'exploitation reparties en plusieurs secteurs sur le littoral algérien. Chaque secteur bénéficiera de 10 concessions d'exploitation à raison de 300 kg par concession, soit une quantité totale de 6 tonnes à extraire par an. Mais, un seul secteur seulement sera ouvert pendant cinq ans, alors que les autres seront au repos tour à tour pendant 20 ans et ce afin de préserver les écosystèmes