Profondément convaincu que les informations relatives au prétendu «déclin» du potentiel énergétique algérien et parues dans les colonnes de la presse internationale sont destinées à influer sur la politique gouvernementale dans le secteur, le ministère de l'Energie se préparerait à contrecarrer ce qu'il considère comme une campagne de déstabilisation. Mais pourquoi autant d'informations négatives sur le secteur énergétique de l'Algérie à ce moment précis ? Pour le successeur de Chakib Khelil, les visées, d'une telle campagne, son tellement évidentes qu'elles ne peuvent réellement gêner le cours des évènements. Après avoir observé un certain silence face à la rumeur, Youcef Yousfi, le premier responsable du secteur accuse. Pour lui, ces attaques sont en réalité destinées à influer sur les contours de la politique énergétique sur laquelle son département penche actuellement. Mais, le département ne serait pas près à céder face à ces pressions extérieures comme le montre les déclarations d'une «source autorisée» du ministère de l'Energie et citée par le journal Online Maghreb Emergent. La «source autorisée», qui est en fait un des plus proches collaborateurs du ministre, a d'ailleurs profité de la tenue à Alger d'une réunion de présentation du nouveau Country Manager de Statoil Algérie, à l'hôtel Aurassi, pour «distiller» des messages à «qui de droit». Et le premier de ces messages a le mérite d'être très clair. Youcef Yousfi, «ne veut pas se laisser dicter par les autres» son agenda de prise en main du secteur. Pour le ministère, la phase d'évaluation du secteur, entamée depuis l'arrivée du nouveau locataire aux affaires en mai dernier, se termine, mais il n'est pas question de rendre public quoi que ce soit, le gouvernement restera le seul destinataire du document. «Les dossiers se constituent. Les grandes orientations vont être proposées», explique-t-on. Apparemment la grande «contre attaque» se prépare, mais le département de Youcef Yousfi préfère le faire sur le terrain purement «technique», par le biais d'une politique aux contours bien établis et qui prend en charge en priorité les préoccupations de l'Algérie, à travers, notamment la relance dans l'amont, un programme des énergies renouvelables et la maîtrise de la consommation interne. Concernant la problématique du «déclin gazier algérien», il est vrai que les explications du ministre interpellé à Vienne, lors de la dernière conférence de l'OPEP, sur la baisse des exportations algériennes de GNL en 2009 et en 2010 n'ont apparemment pu convaincre personne. Mais, le ministère se prépare à s'engager sur de nouveaux objectifs d'exportation sur une période de dix ans, «une fois recoupées toutes les données de la situation dans l'amont pétro-gazier». Sonatrach n'a pas signé commercialement pour 85 milliards de m3 de gaz naturel à l'exportation et peut donc assurer des livraisons dans un palier inférieur en attendant l'éclatement de la bulle gazière actuelle prévue dans quatre ou cinq ans si la reprise économique mondiale se consolide. Selon certains observateurs, c'est là un scénario cohérent du point de vue commercial. Pas d'inquiétude donc au sujet des volumes d'exportations algériens. L'annonce cette semaine d'une découverte «extrêmement importante» de gaz naturel par Gazprom à El Assel, dans le sud Algérien (76.460 m3 de gaz par jour sur un puit), vient rappeler bien opportunément le potentiel non encore prospecté de gaz conventionnel dans le Sahara algérien. Toutefois, la grande évolution stratégique que prépare le MEM est de faire de l'Algérie un géant du gaz non conventionnel. «Nous l'avons dit pour la première fois le mois dernier lors du Congrès mondial de l'énergie à Montréal. Cela n'a, peut être, pas été bien entendu en Algérie. Nos partenaires, eux, ont bien compris. L'Algérie détient un potentiel important en gaz naturel conventionnel que nous allons développer dans les années qui viennent. Mais son potentiel en gaz schisteux non conventionnel est, lui, tout simplement fantastique». La grande nouveauté de cette ère Yousfi qui démarre, est que l'Algérie décide aussi de devenir un grand acteur du gaz non conventionnel. Il y'a aussi la question des énergies renouvelables (projet Desertec, par exemple) sur laquelle le gouvernement algérien se doit de se décider rapidement, s'il ne veut pas se laisser dépasser par ses voisins bien en avance dans les pourparlers avec les partenaires européens, notamment. C'est aussi un terrain sur lequel le successeur de Chakib Khelil est attendu.