Dr Mourad Goumiri, à propos de la politique financière algérienne : Selon le Dr Mourad Goumiri, enseignant universitaire et expert financier, le placement de la majorité des réserves de change de l'Algérie en bons du Trésor américain est une incartade qui pourrait coûter cher à l'économie locale, dans le sillage de la crise mondiale. Dans un entretien accordé au site Maghreb émergent, le Dr Goumiri, a déclaré que «Pomper du pétrole et du gaz, le vendre et transformer ces ressources financières en bons du trésor US, me paraît absurde, à la limite, il eut été plus raisonnable de le conserver sous terre…» Et d'ajouter : «dans la structure des réserves de change du pays, une grande partie de ces réserves a été transformée en bons du Trésor américain. Au-delà, des problèmes de rendement ce produit financier, il est important de savoir que l'absorption de bons de trésor US, crée une situation de vulnérabilité de notre pays». Il expliquera, dans la foulée, qu' «il est aussi évident que dans la structure de nos réserves de change une partie importante est libellée en dollars US, ce qui entraîne, également, un risque dans la mesure où toute transformation de la parité de cette monnaie nous affecte directement». « Le fait du prince » Le risque est encore plus grand si on prend en considération les dernières mesures de l'administration Obama portant sur l'injection d'une planche à billets de 600 milliards de dollars. A ce sujet, le même expert dira que «c'est le fait du Prince ! Ces 600 milliards de dollars, vont être injectés dans l'économie américaine et on explique que c'est un problème domestique, intérieur et qui ne regarde que le gouvernement des Etats-Unis. Mais c'est là que le bas blesse. S'agissant d'une monnaie qui est la fois internationale et nationale, il est évident qu'il va y avoir une répercussion sur le système monétaire international et sur l'économie mondiale. N'oublions pas que le Président Obama est acculé à mi-mandat et après sa défaite aux sénatoriales, à répondre aux attentes de son électorat et aux immenses espoirs que sa victoire aux présidentielles avaient suscité dans la population américaine. (…) Ceci dit, la croissance américaine est la locomotive de l'économie mondiale et dès que la croissance s'installe aux USA, elle tracte avec elle l'économie mondiale». Le remboursement de la dette a-t-il été bénéfique pour l'Algérie? Sur un autre registre, Dr Goumiri a critiqué le remboursement anticipé de la dette algérienne : «les Pouvoirs publics ont pris la décision de rembourser par anticipation la dette extérieure du pays mais aucune évaluation de cette opération n'a été faite jusqu'à présent ; est-ce que cette opération a été rentable ? », s'interroge-t-il. «Pour l'instant, ces derniers considèrent que ce désendettement est positif pour le nationalisme et le patriotisme, mais ce sont des notions qui ne sont pas économiques. En économie, on parle de rendement et on parle d'efficience. Est-ce que ce que j'ai remboursé par anticipation il y a dix ou quinze ans m'a coûté plus cher ou moins cher, en fonction des taux d'intérêts de l'époque et ceux actuels ? Aujourd'hui, on sait que l'Algérie s'est désendettée et qu'elle a retrouvé une certaine aisance financière, relative et temporaire, qu'en n'avons-nous tirée comme bénéfices? » A-t-il poursuivi. L'autre risque potentiel est qu'«en tant que mono exportateur d'hydrocarbures, l'Algérie est touchée directement par la crise dans la mesure où la structure des prix des hydrocarbures va être affectée. Si demain, comme c'est le cas actuellement, la croissance mondiale ralentit, cela signifie que l'économie mondiale va absorber moins d'énergie. A partir de ce moment là, nous sommes directement concernés par l'effet prix et la quantité d'énergie consommée par l'économie mondiale », a précisé l'universitaire algérien. L'expert financier a, par ailleurs, indiqué que l'Algérie est mieux lotie que ses voisins maghrébins, le Maroc et la Tunisie. Il dira à ce sujet que pour ce qui concerne la Tunisie et le Maroc, «intuitivement, ces pays sont plus intégrés à l'économie mondiale et donc plus vulnérables que notre pays». Pour l'Algérie, «les répercussions existent également, mais elles ne sont pas de nature à remettre en cause le système monétaire et financier local, la place financière algérienne étant embryonnaire. L'Algérie a toujours tourné le dos au système monétaire international sauf durant son rééchelonnement en 1994 et de ce fait, elle est intégrée à l'économie mondiale que par le biais de son commerce intérieur et extérieur, elle est donc plus ou moins épargnée par la crise financière internationale».