La mafia du foncier agit vite, c'est le moins que l'on puisse dire. Puisqu'en l'espace de 48 heures, plus de 200 lots de terrains ont été tracés et mis en vente. Situé entre Labiodh et Chteibo, il s'agit d'un terrain agricole qui appartient à la jumenterie d'El Karma, mais une partie relève du territoire de la commune limitrophe de Sidi Chahmi, note-t-on. Le morcellement de ces terres a commencé dans la soirée de dimanche dernier, et la nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre provoquant une véritable ruée. «Tout le monde a voulu prendre un lot de terrain, en se disputant un emplacement meilleur que ceux occupés dans les autres bidonvilles, qui ont poussé comme des champignons dans les deux communes de Sidi Chahmi et El Kerma». Nous a confié un jeune habitant de Chteibo. Selon notre interlocuteur, les habitants de Labiodh, étant les plus proches, ont été les premiers sur les lieux, avant d'être rejoints ceux de Chteibo, venus eux aussi réclamer leur part du butin. Une situation qui n'a pas manqué de provoquer des affrontements entre les squatteurs des deux localités. Mais ils ont fini par s'entendre et continuer le traçage… tout est rentré dans l'ordre. Par la suite, plusieurs personnes commençaient à venir d'un peu partout en quête d'un lopin de terre, soit pour y ériger une bâtisse de fortune, ou le revendre. La nouvelle de cette invasion a fini par parvenir aux autorités locales. Le maire de Sidi Chahmi et le chef de la daïra d'Es Sénia se sont rendus sur les lieux pour dissuader les squatteurs. Selon des jeunes rencontrés sur site, «une bonne partie des squatteurs est repartie après le discours du maire. Ils ont dû comprendre qu'ils n'avaient aucune chance de s'approprier les lots qu'ils avaient délimités. D'autres avaient déjà clôturé les parcelles de terrains qu'ils se sont appropriés». On nous dira « qu'il s'agit de personnes qui voulaient tenter leur chance et réaliser le rêve de leur vie, celui de posséder enfin une parcelle de terre pour construire une maison. Avec l'idée que les autorités ne viendraient pas démolir des habitations occupées par des familles». En fait, ces personnes voulaient profiter de la situation de tension qui prévaut dans le pays pour prendre possession illicitement de ces terres. Le maire de Sidi Chahmi, M. Kacha Saïd dira à ce propos que «ces personnes sont en situation illégale, ils doivent sortir de ces terres». «Nous avons adressé une réquisition à la gendarmerie nationale territorialement compétente pour intervenir». A précisé le même responsable.