Les principaux indicateurs macroéconomiques et financiers de l'Algérie se sont sensiblement consolidés en 2010 en dépit des turbulences externes, ce qui devra permettre au pays de poursuivre sans difficultés le programme d'investissements publics pour les cinq prochaines années, parallèlement à la poursuite de la politique de recadrage de l'économie. Ces indicateurs placent l'Algérie «dans le groupe des pays émergents», selon Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d'Algérie. En effet, durant le second semestre 2010, l'Algérie a enregistré une consolidation de la position financière extérieure de l'Algérie, et ce, à la faveur de la hausse des prix du pétrole sur le marché international, a déclaré avant-hier le gouverneur de la Banque d'Algérie. Entre autres, la hausse des prix de pétrole et la gestion prudente des réserves de change ont permis la poursuite du programme d'investissements publics, à savoir les grands projets du quinquennal 2010/14, ce qui a consolidé les indices macro-économiques, a-t-il précisé. «Adossée au redressement soutenu du prix du baril du pétrole (...) la situation de la balance des paiements extérieurs de l'Algérie s'est consolidée au second semestre tout comme au premier semestre de 2010», indique le même responsable lors d'une communication devant les représentants des banques de la place sur les principales évolutions monétaires et financières lors des six derniers mois de 2010. La consolidation de la position financière extérieure de l'Algérie permet de poursuivre «de manière résolue le programme d'investissements publics, à mesure que les épargnes financières accumulées par le Trésor ont été confortées en 2010», souligne M. Laksaci. Cette performance est matérialisée, selon le gouverneur de la Banque centrale, par «un excédent appréciable» du compte courant extérieur de plus de 6 milliards de dollars au titre de chacun des deux semestres de 2010, alors que le premier semestre de 2009 s'est soldé par un important déficit de 2,47 milliards de dollars. En moyenne annuelle, le prix du baril de pétrole a évolué autour de 80,15 dollars en 2010 contre 62,26 dollars l'année précédente. Il faut savoir aussi que la croissance du Produit intérieur brut (PIB) devra terminer l'année à hauteur de 4% et 6% hors hydrocarbures, d'après les prévisions avancées dans le cadre de la loi de Finances 2011. De même, la position financière extérieure de l'Algérie s'est nettement améliorée par rapport à 2009 à la faveur notamment de la nette progression des réserves de change qui ont atteint 157 milliards de dollars à fin septembre dernier contre 150 milliards en juillet. Sur le même registre, la disponibilité du Fonds de régulation des recettes (FRR) située autour de 4.316 milliards DA, devrait permettre de sécuriser la position financière du pays en comblant une partie du déficit budgétaire accusé par le financement des dépenses publiques. Mais c'est toujours les hydrocarbures…. Evoquant l'impact de cette évolution favorable, M. Laksaci a précisé que la balance commerciale, résultant principalement de la forte augmentation des exportations des hydrocarbures, a réalisé une performance «appréciable» de 26,4% en 2010, soit un excédent de 18,81 milliards de dollars contre 7,78 milliards en 2009. Hormis une légère baisse des quantités exportées (-1,78%), les exportations des hydrocarbures sont ainsi passées de 44,1 milliards de dollars en 2009 à 56,12 milliards de dollars en 2010. Tirées par les demi-produits les exportations hors hydrocarbures ont, eux aussi, terminé l'année 2010 à 1,7 milliard de dollars contre 0,7 milliard une année auparavant. Les importations ont substantiellement baissé De leur côté, les importations de biens ont légèrement progressé l'année passée, se stabilisant autour de 19,33 milliards de dollars au premier semestre et 19,05 au second semestre. Les importations de biens d'équipement et de demi-produits représentent plus de 60% de la structure des importations qui ont totalisé 38,38 milliards de dollars en 2010, explique Mohamed Laksaci. Quant à la balance courante extérieure, elle s'est, selon la Banque d'Algérie, repliée d'un milliard de dollars des transferts des revenus des investissements directs étrangers en 2010. Parallèlement, les transferts courants se sont stabilisés à hauteur de 2,63 milliards de dollars en 2010. Le rapatriement des pensions et retraites représente la plus grande part de ces transferts, explique-t-on. En outre, le solde global de la balance des paiements extérieurs est évalué à 16,41 milliards de dollars, contre 3,86 milliards de dollars en 2009, avec une performance particulière au deuxième semestre (10,17 milliards de dollars). Ainsi, ajoute M. Laksaci, le niveau des réserves de change de l'Algérie à fin 2010 excède trois années d'importations de biens et de services (38,75 mois), alors que la dette extérieure totale s'est stabilisée et ne représente plus que 3,5% du produit intérieur brut (PIB) pour 2010. Le Gouverneur de la Banque d'Algérie n'a, cependant, pas fourni de chiffres concernant ces deux indicateurs, en soulignant que la gestion prudente des réserves de change, à un niveau permettant de faire face aux chocs externes, s'inscrit «dans l'objectif stratégique de consolidation de la stabilité monétaire et financière» du pays. D'autre part, la Banque d'Algérie poursuit la stabilisation du taux de change effectif réel du dinar à son niveau d'équilibre de moyen terme, affirme M. Laksaci, ajoutant que ce taux de change s'est apprécié de 2,64% en 2010. A propos des dépenses publiques, le patron de la Banque centrale a relevé une amélioration des recettes budgétaires qui ont progressé de 19,1% l'année passée, alors que les dépenses budgétaires ont augmenté de 6,3% tirées par les dépenses courantes. Le déficit budgétaire global lié au choc externe de 2009 s'est, quant à lui, largement contracté en 2010 «confirmant la viabilité des finances publiques». En outre, les crédits accordés par les banques à la clientèle, entreprises et ménages, ont augmenté de 15,6% en 2010. De même, les crédits alloués pour les entreprises privées ont évolué de 16,2% en 2010, légèrement en dessous de l'évolution des crédits attribués aux entreprises publiques (18,4%). Les crédits hypothécaires aux ménages ont, eux aussi, progressé de 13%. Ces indicateurs placent l'Algérie «dans le groupe de pays émergents à croissance rapide du crédit », relève Mohamed Laksaci. Pour ce qui est de la répartition des crédits, le secteur privé maintient sa domination avec une part de 50,6%, en baisse relative par rapport à 2009 en raison de la forte croissance des crédits à long terme au titre des secteurs publics de l'énergie et de l'eau. Recul de l'inflation Conclusion Pour profiter à fond de cette embellie financière, il faut que la croissance soit portée par tous les acteurs économiques et non pas uniquement par les investissements publics. En effet, il faut une diversification des sources de financement de l'économie qui, dans ce contexte, devient une nécessité. C'est en tout cas le message adressé par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui avait à maintes reprises souligné «la nécessité de démultiplier la participation de la sphère économique pour booster la croissance». Il dira aussi que «l'Algérie ne peut pas continuer à investir 3.000 à 4.000 milliards de dinars annuellement dans des programmes d'investissements publics. » Benachour Med