En dépit de la crise financière et économique mondiale et ses incidences sur la balance des paiements, la situation financière extérieure de l'Algérie demeure «solide». C'est, en substance, ce qu'a annoncé Monsieur Lak-saci, le gouverneur de la Banque d'Algérie, dans son rapport sur l'évolution de la situation financière et monétaire de l'Algérie présenté devant les députés de l'Assemblée populaire nationale, ce jeudi. Ainsi, les réserves de change officielles ont atteint 144,32 milliards de dollars à fin juin 2009 contre 143,1 milliards de dollars à fin décembre 2008, selon le rapport qui explique que « la politique adoptée par la Banque d'Algérie dans la gestion des réserves de change a contribué à amortir les effets de la crise financière internationale sur la situation des réserves de change officielles» Cette solidité financière a, bien sûr, permis à l'Algérie d'avoir moins recours à l'emprunt extérieur. Ainsi, l'encours de la dette extérieure à moyen et long termes, a reculé à 3,9 milliards de dollars à fin juin 2009, contre 4,3 milliards de dollars à fin 2008 grâce à la légère hausse des réserves de change. M. Leksaci estime, dans son intervention, que le niveau appréciable des réserves de change et la réduction drastique de la dette extérieure sont des instruments efficaces de protection de l'économie nationale contre la grave crise économique mondiale. Concernant le taux de change, objet, ces derniers jours de polémiques et de rumeurs de dévaluation, le gouverneur de la Banque d'Algérie assurera que la Banque d'Algérie poursuit la politique de la stabilisation, ajoutant que : « le taux de change effectif réel du dinar était à fin juin 2009 proche de son nouveau niveau d'équilibre», il estimera, cependant que «la politique de taux de change doit être accompagnée par d'autres mesures de politique économique visant à accroître la productivité et la diversification économique». Cette diversification économique et un meilleur soutien à l'entreprise seraient les meilleurs gages d'amortissement des effets des perturbations économiques mondiales. «Le canal de transmission des effets de la récession mondiale sur l'économie algérienne en 2009 s'est manifesté notamment à travers les cours de pétrole et la baisse de la demande pétrolière» a précisé l'orateur qui ajoutera que «les exportations d'hydrocarbures ont atteint 19,96 milliards de dollars au premier semestre de l'année 2009, contre 41,70 mds USD durant la même période de l'exercice 2008». Le redressement relatif des cours de pétrole enregistré entre janvier et juin 2009 n'a pas, pour autant, boosté les recettes des exportations, il est plutôt constaté une chute massive dans ce domaine lors du premier semestre de l'année 2009 par rapport à la même période de l'année écoulée. Les exportations hors hydrocarbures, talon d'Achille de l'économie algérienne, continuent à rétrécir pour atteindre, au premier semestre 2009, le montant dérisoire de 370 millions USD. En matière de balance commerciale, le rapport souligne la stabilité des importations des biens durant les six premiers mois de l'année 2009, atteignant 19,19 mds USD contre 19,70 mds USD au 2e semestre 2008, avec un élargissement des importations des biens d'équipement industriel (34,07%), en raison notamment de l'accélération du rythme des investissements publics étatiques et ceux du secteur des hydrocarbures. Les importations des biens alimentaires, quant à eux, ont reculé de manière substantielle de -21% au cours du premier semestre 2009, comparativement à la même période de 2008 laquelle avait enregistré une forte hausse de ces importations en raison du bond de leurs prix sur les marchés internationaux. Le niveau des services importés est resté élevé au cours du premier semestre 2009, atteignant les 5 milliards de dollars en raison notamment des services liés au secteur du BTP (1,4 md USD) et des services techniques des entreprises (1,46 md USD). Par ailleurs, la Banque d'Algérie compte «développer davantage ses performances en matière de contrôle sur le terrain et le contrôle permanent, outre la détection précoce des points faibles des banques et établissements financiers» dira M. Laksaci. Le développement de cette fonction, rendu nécessaire suite aux différents scandales financiers notamment ceux relatifs à Khalifa Banque et la BCIA, est appelé à être renforcé en 2009. Les banques et les établissements financiers sont tenus de «s'adapter avant la fin de cette année aux nouvelles exigences concernant le capital minimum défini, en décembre 2008, par le Conseil de la monnaie et du crédit» dira l'orateur, précisant que «ces derniers devraient réaliser un progrès en matière de gestion du risque de liquidité». Réitérant la nécessité pour les banques et les établissements financiers de continuer à contribuer efficacement à l'amélioration de l'affectation des ressources financières dans l'économie nationale, M. Laksaci a estimé que «l'augmentation du capital des banques et l'amélioration de la gestion du risque de liquidité doivent être accompagnées d'une amélioration de l'évaluation des risques de gestion et maîtrise des crédits».