Le Trésor Public a racheté 38 milliards de dinars auprès des banques- qui détenaient des créances sur les agriculteurs- a annoncé hier le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M.Rachid Benaissa, lors de son passage à la radio nationale- Alger Chaîne III. Il ne resterait que trois mil-liards de dinars qui concer-nent exclusivement la Banque de l'Agriculture et du Développement rural (BADR), a-t-il précisé. Cette mesure vient en application de la décision du Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, d'effacer la totalité de la dette des agriculteurs et des éleveurs qui s'élève à 41 milliards de DA. Pour les professionnels de secteur, cette initiative sera insuffisante et on retombera inéluctablement dans l'endettement des agriculteurs si l'on ne règle pas définitivement la question du financement des activités agricoles. D'ailleurs, après les affaires de la générale des concessions agricoles (GCA) et ceux des deux filiales de la Caisse nationale de mutualité agricole, CNMA Banque et Salem Leasing, l'Etat algérien a décidé de revoir sa politique de financement de l'agriculture pour mieux contrôler l'argent alloué à ce secteur. Les pouvoirs publics continueront à accorder des subventions uniquement pour les filières dites sensibles. Désormais, les exploitants agricoles devront se tourner vers les banques- surtout la Banque de l'Agriculture et du Développement rural (BADR) et la Banque nationale d'Algérie (BNA) -pour avoir des crédits de compagne sans intérêts que le ministère de l'Agriculture et du Développement local a baptisés «rfig» (accompagnateur). Les agriculteurs bénéficient également de mesures d'exonérations fiscales pour les semences et les intrants dans le cadre de la loi de Finances complémentaire pour l'exercice 2008 reconduites dans les derniers cadrages budgétaires pour 2009 et 2010. La CNMA Banque, qui a été créée en 2005, redeviendra une caisse mutualiste. Cette nouvelle approche qui repose essentiellement sur le crédit bancaire fait grincer les dents du côté des agriculteurs, notamment leur influent représentant, à savoir l'Union nationale des paysans algériens (UNPA). Cette dernière demande le maintien du système actuel qui fait de la CNMA Banque l'instrument central du financement de l'agriculture. Les agriculteurs échaudés par leurs expériences passées avec les banques craignent de se retrouver avec des dettes qu'ils ne pourront pas rembourser à cause des aléas spécifiques qui peuvent handicaper les activités agricoles. Par le passé, le Trésor public avait dû racheter près de 40 milliards de dinars pour permettre à ces exploitants d'être solvables. Cet épisode avait été à l'origine du désinvestissement qui avait frappé le secteur de l'agriculture. Mais, avec l'avènement du plan national de développement agricole, l'Etat injectait sans compter avant que n'éclatent les scandales de détournements et de mauvaise gestion. C'est donc pour éviter que ce scénario ne se reproduise qu'il a été décidé d'introduire de nouvelles formules plus modernes et plus efficaces pour le financement de l'agriculture. L'Etat encourage ainsi l'initiative privée et met fin à l'assistanat qui a montré ses limites.