Une grève qui s'achève, une autre qui recommence. Les travailleurs de la SNVI de Rouiba et ceux d'El Hadjar d'Annaba, deux fleurons du socialisme des seventies sont en colère. Les 5.000 salariés grévistes de la Société nationale algérienne des véhicules industriels (SNVI), depuis le 3 janvier, ont rejoint leurs postes jeudi après l'ouverture d'un dialogue avec les autorités sur leurs revendications, a indiqué le syndicat de cette entreprise. «Aujourd'hui, nous avons mis fin à notre mouvement de grève. Nous avons des garanties de la part de notre centrale syndicale UGTA (Union générale des travailleurs algériens) que nos revendications seront satisfaites», a déclaré Hamoud Boukehal, membre du syndicat de la SNVI. Les 5.000 travailleurs de la SNVI, seul fabriquant algérien de bus, autocars et camions, étaient en grève depuis le 3 janvier pour réclamer une hausse des salaires et protester contre la décision prise fin 2009 par le gouvernement de supprimer la possibilité pour les salariés de partir à la retraite anticipée, selon le même interlocuteur. Après la zone industrielle d'Alger, ce sont les 7.200 salariés du complexe métallurgique d'El Hadjar d'Annaba qui sont en arrêt de travail illimité. Le danger de la Cokerie vieille de plus de trente ans est à l'origine de ce mouvement social qui touche le complexe sidérurgique d'Annaba (à 600 km d'Alger), ancienne entreprise publique rachetée à 70 % par Arcelor-Mittal en 2001, l'arrêt pour cause de danger de l'unité cokerie, vieille de trente ans, et que la direction d'entreprise refuse de rénover comme elle s'y était engagée. Le syndicat d'entreprise en appelle à l'État, qui détient 30 % du capital, afin qu'il intervienne. La fermeture définitive de la Cokerie risque d'entraîner, selon les syndicalistes, une réduction du plan de charge de l'entreprise avec, à la clé, une compression d'effectifs, alors qu'Arcelor-Mittal a enregistré fin 2009 des résultats bénéficiaires sur son site algérien. Le syndicat a, en outre, rejeté le plan d'investissement d'Arcelor sur quatre ans (2010-2014), d'un montant de 200 millions de dollars, le jugeant insuffisant. Jeudi matin, le complexe sidérurgique, ainsi que ses unités de dépôt, points de vente et installations portuaires (sites d'exportation) étaient totalement paralysés par la grève. Ce conflit social survient alors que les 11.000 salariés de la SNVI (véhicules industriels) et d'autres entreprises situées dans la zone industrielle d'Alger, sont en grève depuis le 3 janvier. Ils occupent la rue et dénoncent la «compromission» de l'UGTA, la centrale syndicale algérienne, et fustigent l'indifférence des pouvoirs publics. «On débourse des milliards dans l'instrumentalisation du football à des fins politiques et on laisse mourir de faim les travailleurs», s'indigne un ouvrier cité mardi par El Watan. «Le gouvernement et son partenaire social, l'UGTA, ont vérifié à leurs dépens que la paix sociale ne se décrète pas et que tout accord signé sans l'aval des travailleurs est voué à l'échec», commente le journal.