Yasmine Idjer La nouvelle politique de diversification de l'économie nationale, explicitée dans le plan d'action du gouvernement, est axée essentiellement sur la petite et moyenne entreprise (PME). L'Etat prévoit la création de 200.000 entités de ce genre durant les cinq prochaines années. Actuellement, l'Algérie compte près de 300.000 PME. De l'avis des analystes, ce nombre est dérisoire par rapport aux potentialités qui existent et, surtout, par rapport aux autres pays de la région qui ont des conditions économiques comparables. Le Maroc compte 1,2 million de PME, soit quatre fois plus que l'Algérie. Il est désormais indéniable que l'après-pétrole passe par le développement du secteur de la PME. «Il est nécessaire de densifier le tissu des petites et moyennes entreprises (PME) avec la création 420.000 PME par an», a estimé le président-directeur général de l'Institut supérieur international de management (INSIM) et économiste lors du dernier forum international de la ressource humaine qui s'est tenu récemment à Alger. La création de PME en Algérie rencontre, cependant, de nombreux écueils dont le plus important est celui lié au financement. Les entreprises de cette taille ont plus de difficultés à avoir accès à des crédits bancaires d'investissement que les grandes entreprises. L'Algérie a cumulé le plus mauvais score dans une étude sur le financement des PME dans les pays du bassin méditerranéen, réalisée par l'institut européen Anima Network Investment. Avec une note de 2,5 seulement, elle ne devance que la Syrie (1,7) qui, elle, souffre d'un embargo international imposé par les capitales occidentales, et la Palestine (2,3) dont la situation est instable du fait de la conjoncture géopolitique qu'on lui connaît et dont le score est très proche de celui de l'Algérie qui jouit, pourtant, de bien meilleures conditions. Adopter la méthode US Le Maroc et la Tunisie ont respectivement obtenu 4,3 et 3,8. Et même quand les projets arrivent à maturité, ils résistent difficilement. D'ailleurs, le taux de mortalité des PME est de 10% annuellement. Autant dire que le climat des affaires est loin d'être favorable aux PME en Algérie. Pour le conseil national consultatif pour la promotion de la PME (CNCPME), les pouvoirs publics doivent faire preuve de courage politique en mettant en place une démarche volontariste à l'image de celle des Etats-Unis d'Amérique où une loi, Small Business Act, donne la part belle à la PME dans l'économie de ce pays et encourage les entrepreneurs porteurs de ce type d'investissements. En vertu de ce texte réglementaire, les PME sont favorisées dans les marchés publics dont le montant est inférieur à 100.000 dollars. De plus, les PME sont le moteur de la création d'emplois aux Etats-Unis. Le CNCPME estime que c'est la seule manière d'aider ces sociétés à avoir un carnet de commande garni leur permettant d'avoir une santé financière viable. Le CNPME plaide également pour le développement de la sous-traitance en Algérie dès lors que c'est la pépinière et l'activité phare des PME. Selon le ministère de la PME, plus de 27.400 PME privées ont été créées en 2008 dont 11.728 uniquement dans le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP). Près de 2.966 ont été réactivées et 3.475 radiées au cours de l'année passée, a précisé la même source.