Rachida Dati , l'ex-ministre française de la Justice et garde des Sceaux, vient d'enfiler la toge, intégrant ainsi la profession d'avocate. L'ancienne ministre fait partie du grand tableau du barreau des robes noires de Paris, après avoir prêté serment mercredi dernier. Ainsi, après avoir été entre 2007 et 2009 à la tête du ministère de la Place Vendôme, Rachida Dati ne passera sûrement pas inaperçue dans les prétoires et les couloirs des palais de Justice de l'Hexagone. Le cumul de postes ou mandats politiques et de fonctions professionnelles n'est pourtant pas un fait extraordinaire en France, plusieurs anciens responsables politiques étant également avocats, à l'instar de l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin ou Roland Dumas, l'ancien ministre socialiste des Affaires étrangères. La femme de 44 ans, toujours dans les feux de la rampe, est également maire du VIIe arrondissement de Paris et députée européenne, mandats qu'elle va conserver. Dans un premier temps, sa demande d'admission au barreau avait été repoussée parce qu'elle contrôlait un cabinet de conseil, fait qui lui avait déjà valu des remontrances au Parlement européen, car elle ne l'avait pas déclaré. Une activité qu'elle a depuis abandonnée. Le cumul de mandats électifs et du métier d'avocat est très courant en France. Par exemple, il concerne Jean-François Copé, le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, le porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre, le député UMP et ex-ministre de l'Intérieur François Baroin, le député écologiste Noël Mamère, les députés socialistes Jean Glavany et Christophe Caresche. Le passage au barreau est possible en justifiant d'une expérience professionnelle et d'une équivalence de diplômes. Il est soumis au conseil de l'ordre. C'est le plus souvent non au pénal, mais dans le domaine des affaires, secteur très rémunérateur, qu'exercent élus ou anciens élus; ce qui est susceptible de poser un problème de conflits d'intérêts. Les sociétés qui engagent des cabinets d'avocats peuvent en effet être attirées par le réseau de relations dont bénéficie naturellement un élu, soulignent les adversaires de ce système. Jean-François Copé a été ainsi accusé dans un récent livre, «Copé, l'homme pressé», d'être intervenu dans l'abandon d'une proposition de loi concernant le cabinet d'avocats pour lequel il travaille, ce qu'il a nié. L'adoption des élus par le barreau n'est pas systématique et le député socialiste Julien Dray, qui a déposé une demande, s'est vu réclamer cette année par le conseil de l'ordre de Paris des renseignements supplémentaires sur ses diplômes. Par un rappel à la loi, une enquête le visant pour de supposées malversations financières a été conclue en décembre.