Une fois n'est pas coutume. Hier, des représentants des praticiens grévistes de la santé publique ont été reçus au niveau de la magistrature suprême- par le conseiller à la présidence- chargé des relations avec les citoyens. A l'issue d'un rassemblement de plus d'une heure où une centaine de praticiens grévistes ont scandé haut et fort leur désarroi sous les fenêtres de la présidence de la République, leur cris de détresse ont, semble-t-il, été entendus au plus haut niveau de l'Etat. Ainsi, selon les représentants des praticiens, le conseiller qui les a reçus a pris acte de leurs doléances -et s'est engagé à œuvrer pour trouver une issue heureuse à ce conflit- dans les plus brefs délais. Pour autant, cette entrevue, même si elle représente incontestablement une avancée, laisse les praticiens protestataires amers. «C'est malheureux d'en arriver là pour régler nos problèmes sociaux», ont déclaré les deux représentants, Dr Lyes Mrabet et Dr Mohamed Youcefi, respectivement présidents du syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) et du syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP). «Nous nous sommes trouvés obligés de nous rassembler devant la présidence», a enchaîné Dr Youcefi. Pour le reste, les praticiens, toujours déterminés à aller jusqu'au bout, ont annoncé la couleur : «la grève continue jusqu'à satisfactions de nos doléances. Nous nous rassemblerons -autant de fois que nécessaire- pour faire entendre notre voix». Par ailleurs, Dr Mrabet, très affecté par l'indifférence avec laquelle ce conflit est traité par les pouvoirs publics, a dénoncé le silence observé jusque-là par ces derniers. En effet, ce rassemblement étant le 8eme depuis le début de la grève, aucun responsable n'a daigné recevoir les praticiens avant le sit-in d'hier. «Nous nous sommes rassemblés à l'hôpital, devant le ministère de la Santé, devant le Premier ministère. Pas un responsable n'a jugé utile de nous recevoir, hormis les deux réunions de conciliations, et ce, malgré la maîtrise de notre dossier par les pouvoirs publics. Ceci relève du mépris. Nous sommes méprisés», a insisté Dr Mrabet. Rappelons à toute fin utile, que les praticiens de la santé publique sont en conflit ouvert avec les pouvoirs publics depuis bientôt deux mois. Logements, statut professionnel, régime indemnitaire et autre hausses des salaires sont autant de revendications auxquelles ils tiennent mordicus, et qu'ils réclament à leur tutelle. Depuis le début du mouvement de contestation, seules deux réunions ont été obtenues -à l'arrachée- par les syndicats au niveau de leur ministère de tutelle. Les résultats ne les ont pas convaincus. Abdelaziz Belkhadem, SG du FLN et représentant personnel du président de la République, avait bien tenté de légiférer- en s'impliquant personnellement- dans le règlement du conflit lors de la semaine précédente. Mais les praticiens lui reprochent de ne pas avoir tenue sa promesse. En conclusion, comme à l'accoutumée, le rassemblement est achevé par l'hymne national répété en chœur. Les praticiens ont rappelé qu'ils sont toujours ouverts au dialogue. Mais le mot d'ordre, lui, ne change pas : «la grève continue jusqu'à satisfaction de nos revendications», ont-ils assuré.