New York - Abdelkader DJEBBAR Il n'y aura pas que les Algériens qui feront l'objet d'un contrôle supérieur à la normale. Ni les ressortissants des treize autres pays alignés sur la liste noire américaine. Les États-Unis mettront en effet dorénavant les bouchées doubles à tous les check points pour «mieux contrôler» ceux qui paraissent suspects au moment des premiers pas en sol américain. Aucune nationalité ne sera au-dessus de tout soupçon, même si les pays d'origine ne figurent pas sur la liste noire des quatorze pays déjà catalogués. Contrôle donc tous azimuts avec des points forts exercés sur certains. C'est vendredi que l'information a commencé à circuler, véhiculée par certains médias américains qui, dans leur ensemble, soulignent qu'il sera désormais procédé à l'examen du «profil» de tous les passagers qui arrivent sur leur sol. «C'est un bouleversement majeur des procédures de sécurité dans le transport aérien», ont annoncé les médias américains. Aujourd'hui, c'est chose faite. Des contrôles plus poussés pourraient concerner les citoyens du monde entier, sans aucune distinction de race, de religion, de couleurs et d'origine. Conformément à ces nouvelles mesures qui devraient être mises en œuvre dans le courant du mois, et qui pourraient s'appliquer même aux passagers américains, l'attention portée à un voyageur dépendra de la façon dont ses «caractéristiques personnelles correspondent aux renseignements sur des terroristes potentiels». Jusqu'à présent, seul l'examen du «profil» des passagers en provenance de 14 États, principalement musulmans, était renforcé de façon systématique. Ces mesures avaient été mises en place après un attentat manqué et attribué à Al-Qaeda contre un vol à destination de Détroit le jour de Noël, l'année dernière. «C'est beaucoup plus adapté à ce que le renseignement nous dit (...), plutôt que de s'arrêter sur tous les individus d'une nationalité en particulier», a dit un responsable américain sous le couvert de l'anonymat, cité par le Washington Post, au sujet des nouvelles dispositions. L'annonce de ces mesures, qui devrait être effectuée par le ministère américain à la Sécurité intérieure (DHS), intervient après un examen des protocoles de sécurité qui a duré trois mois, a précisé le quotidien, citant un responsable de l'administration. «Cela vise de façon beaucoup plus précise les individus qui nous inquiètent et au sujet desquels nous avons des renseignements», a dit un responsable, cité par le New York Times. La «liste noire» américaine des passagers suspects de terrorisme restera en vigueur, mais elle sera complétée par des informations croisées sur d'autres passagers qui pourraient faire l'objet d'une attention accrue, a précisé le Wall Street Journal. Des caractéristiques comme la nationalité, l'âge, les pays récemment visités, des fragments de noms seront désormais pris en compte aux côtés de la «liste noire», a ajouté le quotidien. Les autorités américaines n'ont pas le droit de cibler un individu sur la base de son ethnicité, mais l'attentat manqué du jour de Noël perpétré par un Nigérian de 23 ans, Umar Farouk Abdulmutallab, a relancé le débat controversé sur l'intérêt qui doit être accordé au «profil» ethnique des passagers. Des passagers avaient réussi à empêcher le jeune homme de faire exploser le vol 253 qui reliait Amsterdam à Détroit avec 290 personnes à bord grâce à des explosifs dissimulés dans ses sous-vêtements. L'affaire avait mis en lumière de profondes failles dans les services de renseignement, qui avaient reçu plusieurs signaux d'alarme au sujet d'Umar Farouk Abdulmutallab, sans les exploiter à bon escient.