L'Algérie est capable d'assurer 80% de ses besoins en céréales, si elle investit 2,2 milliards de Dinars par an et se fixe une croissance annuelle de 8%, a indiqué Fouad Chehat, Directeur général de l'Institut national de recherche agronomique, lors de la journée parlementaire sur la Sécurité alimentaire tenue à l'APN. Dans le cadre du programme quinquennal 2009-2014, l'Algérie compte mobiliser des ressources publiques sans précédent, selon le ministère de l'Agriculture, destinées à renforcer des programmes d'intensification des cultures stratégiques, comme les céréales, le lait, les viandes, la pomme de terre et autres produits alimentaires pour aller au-delà de la Sécurité alimentaire et arriver ainsi à, ce que les experts appellent la «souveraineté alimentaire». Cette souveraineté ne peut se concrétiser que par la production locale notamment en matière de céréales. Une enveloppe estimée à 200 milliards de Dinars sera déboursée chaque année pour atteindre un seuil élevé de croissance visé par le Gouvernement à 8% chaque année. Selon M. Chehat, cet objectif est réalisable si le modèle d'exploitation des récoltes sera amélioré par le renouvellement des machines pour réduire les pertes qui tournent actuellement autour de 20% de la récolte chaque saison. Les besoins nationaux sont estimés à 65 millions de quintaux de blé seulement par habitant et par an, selon cet expert. Pour atteindre cet objectif, il faudra au moins réaliser 34 millions de quintaux annuellement. Dans ce sens, l'Etat a adopté une politique « incitative » en accordant une attention particulière aux petits exploitants à travers le fonds R'fig et la mesure consistant en l'effacement de la dette des agriculteurs affiliés auprès de la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA), pour un montant de 36 milliards de Dinars y aidant, selon la même source. Sauf que, selon les députés de toutes obédiences politiques, « ce montant reste infime par rapport à l'importance des enveloppes accordées à la restructuration des entreprises publiques qui ne servirait à rien ». Dans la même optique, l'expert a recommandé une souveraineté alimentaire qui ne néglige aucun aspect : tant sur le plan agricole, qu'halieutique et en eau. Pour atteindre ce but, ce responsable et chercheur déplore que « l'exiguïté de la majorité des exploitations agricoles ne permet pas actuellement de concrétiser. Près de 478% des exploitations disposent d'une superficie moyenne inférieure à 20 hectares. De plus, « le faible usage des intrants « intensificateurs » (engrais, produits phytosanitaires, semences et plants), explique en partie la faiblesse des rendements et de la productivité ». L'algérien n'a pas sa ration en produit halieutique Selon un député FLN, spécialisé dans les questions juridiques, a critiqué vivement la politique du secteur de la pêche pour intensifier la production halieutique. Pour lui, «l'Etat a décidé de créer des élevages de produits halieutiques pour assurer aux algériens de manger du poisson et autres produits de la mer ». Or, selon lui, « cela n'est pas porteur car l'algérien ne mange toujours pas de poisson, alors qu'il vit à proximité de la mer ». Il a proposé d'intensifier la flotte des pêcheurs et la professionnalisation des personnels. « C'est le seul moyen pour permettre de créer une richesse halieutique et de ce fait permettre aux algériens de consommer du poisson à prix abordable ». Sur cette question, M. Chehat, estime que « l'élevage est un complément à la réserve de produits halieutiques existants donc il est nécessaire comme par exemple d'autres procédés en multipliant les populations marines dans les barrages ». L'eau, l'autre élément pour assurer l'alimentation Souvent négligée, l'eau constitue un élément prépondérant pour assurer la sécurité alimentaire mais aussi la souveraineté alimentaire. Puisque les ressources en eau se font de plus en plus rares, les experts recommandent l'économie de cette ressource en ayant recours à d'autres procédés pour irriguer les surfaces agricoles. L'épuration des eaux usées, selon trois procédés consécutifs, avec une minutieuse surveillance et vérification de leur efficacité peuvent être utilisées dans l'agriculture. L'Algérie n'est pas encore là dans ce domaine, a indiqué M. Chehat qui relève que certaines opérations pilotes ont été lancées dans l'Ouest du pays mais qui n'ont à ce jour pas donné de résultats probants. La sécurité alimentaire en Algérie est assurée au prix du baril de pétrole et la souveraineté alimentaire dépendra plus des volontés politiques.