Le 5 mai, le RCD a adressé une question, par écrit, au Premier ministre, Ahmed Ouyahia, lui demandant des clarifications sur les motivations du doublement du montant du plan quinquennal 2010/2014. Si aujourd'hui le RCD se réjouit de ces clarifications, il se dit, en outre, outré du fait qu'aucun bilan sur le précédent plan quinquennal n'a été révélé au grand public et aucune précision n'a été donnée sur le pourquoi d'un tel rallongement : « S'il y a une rallonge de 130 milliards de dollars pour les anciens projets, cela démontre que ces projets ont été mal étudiés et mal initiés », a lâché M. Derguini, chef du groupe parlementaire du RCD. Ce député a tenu à rappeler l'avertissement lancé par Bouteflika avant la fin de son deuxième mandat : « Dorénavant, tous les grands projets seront soumis à des études strictes et les responsables en haut lieu doivent veiller à concrétiser cet objectif, et ce, afin d'éviter leur réévaluation successive. » En toute vraisemblance, les premiers concernés n'ont pas tenu compte de cet avertissement et n'ont pas été, en contrepartie, sanctionnés. Mieux, selon M. Derguini, l'enveloppe dégagée pour le parachèvement des projets déjà entamés est excessive et unique en comparaison avec nos pays voisins. Le parti de Saïd Sadi, à l'instar de quelques autres partis siégeant à l'APN, ne cesse de revendiquer la présentation de la loi sur le règlement budgétaire. Une loi qui permet aux députés d'exercer leur rôle de contrôleurs. « La loi de règlement du budget a été appliquée une seule fois en 1983, à l'époque de Chadli Bendjedid. Depuis, le gouvernement fait l'impasse sur cette disposition constitutionnelle sans aucun argument valable », a déploré M. Derguini, qui pense qu'en l'absence de mécanismes de contrôle, la corruption continuera à faire ravage dans notre pays. « On n'arrive même pas à trouver des personnalités crédibles pour la constitution de l'organe de lutte contre la corruption, cela va constituer un pactole pour ceux qui se nourrissent de la corruption. » Inventions du pouvoir Continuant dans ses reproches, le représentant du RCD regrette que les collectivités locales, cellule de base de l'Etat, ne soient pas dotées de budget pour faire face aux préoccupations et besoins des citoyens, les collectivités locales sont marginalisées. Cette démarche favorise, à notre sens, l'opacité et le développement illisible. A chaque fois que l'on annonce un programme, ce sont toujours les mêmes secteurs qui en bénéficient. Le RCD est convaincu que le pouvoir refuse de donner un bilan chiffré, car « au sommet de l'Etat, il y a une volonté de gérer les deniers publics de façon douteuse ». Plus pessimiste, le FFS pense que le pouvoir décisionnel en Algérie ne se trouve pas à l'intérieur des institutions, mais en dehors : « Le pays est tenu en otage par les ‘‘affairistes'' et les ‘‘militaires'', ils tiennent le monopole des affaires, du politique et des lois. Ils ne veulent pas que ce pouvoir soit partagé et les plans quinquennaux ne font que profiter à toute la mafia qui gravite autour du système en place », a pesté Karim Tabbou, premier secrétaire du FFS. Ce dernier a remis en cause l'existence même des institutions et du Parlement. Il n'y a, à son avis, ni un dispositif de contrôle des deniers publics ni même une Constitution. « L'Algérie fonctionne par le mensonge. M. Bouteflika, en personne, a écrasé toutes les lois de la République, il a changé la Constitution pour briguer un troisième mandat. Il y a des députés qui font semblant de poser des questions et des ministres qui font semblant de répondre. Nous sommes dans un pays fictif qui est fait d'institutions non crédibles », fera remarquer M. Tabbou. Pour ce dernier, tous les chiffres et bilans que peuvent inventer le pouvoir ne seront que mensonges, car les Algériens vivent dans un dénuement total, une anxiété, leur situation ne cesse de se dégrader. « Dès lors que l'on n'accepte pas que la gestion de ce pays soit faite dans le cadre d'un dialogue avec les véritables acteurs, il n'y aura aucune transparence. Nous sommes dans l'infra-politique et les Algériens n'ont même pas le droit d'interférer dans leurs propres affaires », a soutenu le premier secrétaire du FFS. Par ailleurs, le MSP, le FLN et le RND ont applaudi ce nouveau programme qui permettra au pays de se développer. Djemaâ, du MSP, revendique la mise en place de mécanismes pour le contrôle des deniers publics...