Peut-on connaître les motivations du doublement du montant du futur plan quinquennal 2010/2014, décidé avec tant de facilité ? » Cette question a été adressée le 5 mai, par écrit, au Premier ministre, Ahmed Ouyahia. L'expéditeur n'est autre que le député RCD, Boubkeur Derguini, qui se dit « surpris » de l'augmentation de la dotation dudit plan quinquennal de 130 milliards de dollars. Sans la moindre explication. La dotation initiale, annoncée l'année dernière, était de 150 milliards de dollars. « En mai 2009, vous aviez avancé un plan d'action de 150 milliards de dollars pour l'ensemble des programmes d'investissement publics (…) Aujourd'hui, changement de cap, vous proposez, toujours pour ce même plan, un volume de 280 milliards de dollars », souligne le député dans sa question dont nous détenons une copie. M. Derguini demande à M. Ouyahia de rendre publique l'intégralité des sources de financement de ce plan. Une telle clarification est d'autant plus nécessaire que « deux ministres se sont contredits publiquement sur l'opportunité et les possibilités de rapatriement des dépôts de fonds effectués à l'étranger », précise le député, qui exige également de savoir quelles sont les incidences de ce plan sur les agrégats macroéconomiques. M. Derguini précise que cette décision a été prise en dehors du cadre de l'Exécutif, estimant que « cela semble relever de l'improvisation ». M. Derguini rappelle que A. Ouyahia avait indiqué que « l'inscription et la réalisation des projets, notamment les plus importants, obéiront à des études détaillées, dans le cadre d'un nouveau décret régissant la gestion des programmes de développement ». L'objectif d'une telle procédure, fait remarquer M. Derguini, aurait été de réduire les taux de réévaluation qui, dans bien des cas, atteignent des seuils intolérables. Mais voilà tout le contraire. Aucun décret n'a vu le jour et aucun nouveau projet n'a été annoncé. A quoi serviront ces 130 milliards de dollars ? Pour le député, cette nouvelle perspective est pour le moins surprenante. L'opacité a toujours entouré de tels plans à coup de milliards de dollars. M. Derguini demande dans ce sillage le bilan des deux précédents plans quinquennaux. Le premier (1999-2004) avait été doté de 150 milliards de dollars, alors que le deuxième (2004-2009) a coûté la bagatelle de 200 milliards de dollars. Mais le gouvernement n'a présenté aucun bilan et n'a jamais rendu compte à personne, ni à l'Assemblée populaire nationale ni au peuple. « Concernant les deux premiers plans, l'un de 150 milliards de dollars et le suivant de 200 milliards de dollars, vous n'avez présenté aucun bilan, mises à part des informations vagues se rapportant à un hypothétique taux de croissance du PIB hors hydrocarbures de 4%, relevé par la suite à 6% sans justification », précise encore M. Derguini dans sa question à Ahmed Ouyahia.