Le groupe anglais "The One" et le public constantinois, envoûté, presque en transe dans une salle pleine à craquer, ont eu du mal à se séparer lors du concert d'ouverture du 6-ème Dimajazz de Constantine, samedi soir au théâtre régional. Répondant avec tout son talent à la chaleur et à la participation d'une assistance conquise, le leader de "The One", Jean Alain Roussel, s'est employé, dès le début du concert, à "chauffer" la salle qui a fini par faire corps avec le groupe. Le compositeur du célèbre "No woman, no cry " a largement justifié sa réputation de "magicien de la scène" en abreuvant le public d'un savant cocktail mêlant avec bonheur le jazz, le blues, le gospel et le Rock. Un cocktail auquel les voix de Mireille Pinaud et de Claire Gina, et le timbre exceptionnel de Laurent Mirande, ont conféré une autre dimension, faisant atteindre à la production de "The One" les cimes de l'enchantement. Généreux dans sa "quête" du public, Jean Alain Roussel, dont le look et l'abondante chevelure blanche sont à elles seules un spectacle, l'est aussi dans sa transmission, à l'adresse des jeunes musiciens, des canons du jazz. C'est ainsi que le violoniste algérois Keireddine Mekachiche et le luthiste tunisien Fouad Refraf ont été intégrés, vers la fin du spectacle parmi le groupe anglais, donnant un surcroît de richesse aux sonorités de "The One", dont le public s'est délecté deux heures durant. Avant l'apparition sur scène de Jean Alain Roussel et de ses musiciens, le "ton" avait été donné par une note locale, oeuvre du groupe "Coudiat El Aty" qui présenta une intéressante tentative de fusion entre le malouf et le jazz. Le genre cher à Mohamed-Tahar Fergani, abondamment tonifié par le jazz, ses cuivres et ses percussions, s'est enrichi de sonorités toutes nouvelles, plus rythmées grâce à Salim, le fils du maître, et le groupe constantinois de jazz "Sinoudj". Circonspect au départ, le public a fini par se rallier à ce nouvel habillage du malouf, notamment lorsque le grand saxophoniste belge Pierre Vaiana, leader du groupe El Foundouk (au programme mercredi prochain), s'est joint au concert auquel il s'est intégré tout naturellement. La soirée inaugurale du 6ème festival international du jazz de Constantine, qui a fait démarrer le Dimajazz sur les chapeaux de roues, semble être le prélude à une manifestation d'un niveau exceptionnel, encore plus relevée que toutes les précédentes éditions. Mme Zehira Yahi, représentante du ministère de la culture à la soirée d'inauguration, marquée également par la présence des autorités locales, n'a pas manqué de féliciter l'association Limma (organisatrice du Dimajazz) pour sa "persévérance" et n'a pas tari d'éloges pour cette manifestation qui aura, a-t-elle dit, "toute l'aide et les encouragements du ministère " qui a institutionnalisé cet événement culturel annuel en 2007.