L'histoire retiendra que le 364e jour de l'année 2006, soit le 30 décembre, le président irakien, Saddam Hussein, a été pendu par un gouvernement de son pays, à majorité chiite, sous la dictée de l'administration Bush. Les auteurs de cette pendaison s'étaient nullement inspiré pour retarder cette exécution qui a coïncidé avec le premier jour des fêtes de l'Aïd El Adha à travers le monde arabo-musulman. Le Premier ministre irakien, Nouri El Maliki, s'exprimant en tant que chiite a déclaré que ce n'est pas une journée religieuse (l'Aïd pour les chiites, a débuté le 31 décembre). La décision conjointe prise par Bush et ses auxiliaires irakiens d'exécuter l'ancien président irakien au moment où débute cette fête du sacrifice et du pardon, est une blessure supplémentaire apportée à la Nation arabe tout entière. Les images montrant Saddam Hussein arrivé à la potence, son calme, son courage, sa concentration sur la récitation des versets coraniques et de la chahada, ont réitéré, à la face du monde, tout son défi aux Américains, à l'Iran et au gouvernement El Malilki. L'exécution de l'ex-homme fort de Baghdad est l'aboutissement d'un procès litigieux et critiqué, les conditions équitables n'ont jamais été réunies. Roland Dumas, ex-ministre français des Affaires étrangères et l'un des membres du collectif des avocats de défense de Saddam dit à ce sujet : "Ce n'est pas parce qu'on a habillé toute cette opération d'un semblant juridique que l'histoire retiendra ce qu'il faut en retenir. Je pense que c'est une blessure qui est faite gravement au monde arabe, au droit international et que par conséquence, ça ressortira d'une façon ou d'une autre, peut-être d'ici quelque temps, peut-être tout de suite, mais en tous les cas, cela laissera des traces profondes dans le monde qui est atteint par cette mesure et cette décision". Il estime que le premier procès de Saddam a été conduit en "accéléré " parce qu'on voulait obtenir la condamnation de Saddam Hussein mais dans la seule conséquence "d'éviter le procès de fond. Le procès de fond devrait non seulement mettre en cause le rôle de Saddam Hussein comme chef d'Etat dans l'affaire des Kurdes, mais aussi dans ses relations avec le monde international et le monde occidental pendant toute cette période". Roland Dumas rappelle qu'il ne faut pas perdre de vue que "Saddam Hussein a été louangé et surtout fréquenté dans des conditions tout à fait extraordinaires avec fourniture d'armes et d'argent, pendant des années, il a été la personnalité du monde moyen-oriental sur lequel l'Occident faisait peser tout ses espoirs. Ce débat là, n'a pas eu lieu". D'après lui , il faut y voir une raison dans l'accélération de l'exécution de Saddam Hussein. L'avocat de Saddam Hussein croit qu'il est évident qu' "on n'a pas voulu que ce grand procès de Saddam Hussein sur le régime, sa politique, ses connexions, ses affinités, ses liaisons avec le monde occidental y compris en France, où Saddam Hussein était très fréquentable. Pour les Américains, c'est aussi un outil à une époque pour lutter contre ce qu'on a appelé le terrorisme intégriste qui était représenté par l'Iran". Il estime que la condamnation de Saddam existe, mais elle est très suspectée. Il est convaincu que la justice irakienne qui a condamné Saddam, est une justice de circonstance d'abord "par la création de ce tribunal par le changement de président du tribunal dès qu'il ne répondait pas aux critères qu'exigeait l'occupant". Après la guerre inventée et injuste contre l'Irak par Bush, après dix ans de sanctions criminelles contre le peuple irakien, voilà que le procès de Saddam Hussein qui ne constitue pas l'avancée de la justice internationale, réduit le droit international à un " torchon ", parce que la sentence n'aide pas à approfondir le rôle réel du régime de Saddam, mais au contraire annule la " vérité historique ". Et enfin parce que la peine de mort pour le raïs n'est pas un pas en avant vers la pacification de l'Irak, mais une descente aux enfers de la guerre civile. Tous les observateurs ont estimé que le procès a été une farce dès le début, quand il est devenu la seule justification d'une guerre autrement désastreuse. Où les " termes procéduriers " ont, pour le moins, chancelé de façon répétée. A la place d'une justice internationale, le monde a vu à l'œuvre d'abord les troupes d'occupation qui ont capturé Saddam puis une cour unilatérale qui a fait le reste.