Après un début de mois de mai terne, la Bourse de New York devrait guetter la semaine prochaine tout signe d'aggravation de l'inflation, avec une attention particulière pour le marché du pétrole que rien ne semble pouvoir arrêter. "Le marché s'est remis de ses ventes excessives d'il y a quelques semaines et une période de consolidation est imminente", estime John Wilson, analyste de Morgan Keegan. D'ailleurs, Wall Street "semble se battre pour revenir clairement au-dessus du cap de 13.000 points pour le Dow Jones et de 1.400 points pour le SP 500, qui fonctionnent comme des seuils de résistance temporaire", renchérit Frederic Dickson, analyste de DA Davidson. Après un mois d'avril très positif et trois semaines consécutives de progression, le début du mois de mai se révèle plutôt terne. En effet, sur la semaine écoulée, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a reculé de 2,39% pour terminer vendredi à 12.745,88 points. L'indice Nasdaq, à forte composante technologique, a quant à lui abandonné 1,27% à 2.445,52 points et l'indice élargi SP 500 1,81% pour clôturer la semaine à 1.388,28 points. Le marché obligataire a profité de ce regain de fragilité boursière. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans, qui évolue en sens contraire du prix des obligations, a baissé à 3,767%, contre 3,845% vendredi dernier, et celui à 30 ans à 4,524% contre 4,565%. "Typiquement, au mois de mai, on assiste à un ralentissement de l'activité boursière, avec un volume très faible", relève Marc Pado, analyste de Cantor Fitzgerald. Mais "la semaine prochaine, l'activité pourrait regonfler un peu, car on attend d'importantes données économiques", considère l'analyste. Tout d'abord, les regards seront tournés vers la consommation, avec le chiffre des ventes de détail, attendu mardi. Toutefois, ce chiffre pour le mois d'avril ne devrait pas vraiment ébranler le marché, qui compte sur un regain de la consommation au mai, quand les Américains dépenseront les chèques de remboursements d'impôts, qui ont commencé à être distribués dans le cadre du plan Bush de stimulation économique.Ce coup de pouce à la consommation pourrait davantage se refléter dans la première estimation de l'indice de confiance des consommateurs pour mai, publiée vendredi. Mais l'attention des investisseurs se portera surtout sur l'évolution de l'inflation qui inquiète de plus en plus, avec des prix du pétrole qui s'envolent sans cesse à de nouveaux records. Sur la seule semaine écoulée, les cours du brut ont pris pas moins de dix dollars, avec un nouveau record historique à 126,20 dollars, vendredi en séance. "Le marché redoute la manière dont a évolué l'inflation pendant cette hausse du pétrole", note M. Pado. Enfin, la semaine prochaine se bouclera par des indices d'activité industrielle nationaux (pour avril) et régionaux (régions de New York et de Philadelphie) pour le mois de mai. "Ces chiffres seront très importants car ce sont les premiers chiffres d'activité pour mai. Or si les chiffres d'inflation sont mauvais, mais qu'il y a encore de la croissance économique, l'inflation sera plus acceptable" pour le marché, juge M. Pado. Ces indicateurs macroéconomiques seront particulièrement analysés car "les incertitudes sur les perspectives de l'économie et de la politique monétaire restent élevées et les récents indicateurs ont apporté des signaux divergents", relèvent Zach Pandl et Drew Matus, économistes chez Lehman Brothers. Quelques résultats d'entreprises s'éparpilleront encore sur la semaine, avec Sprint Nextel lundi, Electronic Arts mardi ou Hewlett-Packard jeudi.Mais maintenant que la plupart des grands noms ont déjà dévoilé leurs performances, "le reste de la saison des résultats n'a plus d'effet global sur le marché", considère l'analyste de Cantor Fitzgerald.