Au moment où le gouvernement vient de prendre la décision de geler momentanément l'importation des viandes ovines dans le but de protéger la production nationale, les agriculteurs spécialisés dans l'élevage haussent le ton et appellent à l'intervention du gouvernement afin de remettre de l'ordre sur le marché. De prime abord, la crise menace, d'emblée, l'approvisionnement en aliment du bétail. En l'espace de quelques mois seulement, plusieurs associations regroupant les éleveurs à l'échelle nationale ont fait état d'une forte spéculation qui a gagné le marché des aliments. C'est le cas de l'association des éleveurs producteurs de lait de Tizi Ouzou, à titre d'exemple, qui s'apprête à mettre au point une plate-forme de revendications qui sera transmise aux pouvoirs publics et où seront retracées l'ensemble des doléances de la population agricole de cette catégorie. En premier lieu, c'est la flambée qui touche les prix des aliments qui est soulevée. En effet, sur le marché du détail, les prix de certains types d'aliments ont plus que doublé. C'est le cas du phosphate qui, selon plusieurs éleveurs, vient d'atteindre les 12 000 dinars le quintal, alors qu'il y a quelques mois, il se vendait sur le marché local à moins de 6 000 dinars le quintal, le soja et le maïs, eux aussi, n'ont pas été épargnés par cette envolée des prix, puisque, actuellement, ils sont cotés à plus de 3 000 dinars le quintal. C'est le même climat de crise qui est soulevé dans les régions steppiques où les filières d'élevage ovin sont plus que jamais menacées. Les représentants des éleveurs ont également fait savoir que, dans les prochains jours, le ministère de l'Agriculture sera saisi par le biais de l'association nationale des éleveurs qui a été créée récemment lors de l'assemblée générale qui s'est tenue à Oran, a-t-on encore expliqué. En tout cas, les éleveurs ne se contentent pas de l'expression de leurs doléances, mais, plutôt, ils comptent aller de l'avant en suggérant les voies adéquates pour une sortie de crise. A cet égard, ces populations agricoles, à travers leurs différentes associations, qui se veulent une force de proposition, recommandent au gouvernement de mettre en place les instruments de régulation pour en finir avec l'anarchie qui a envahi le, marché des aliments du bétail. Dans ce sillage, c'est la création d'une autorité spécifique à qui échoira cette mission à l'image des céréales, du lait et de la semence de pomme de terre pour lesquels des offices interprofessionnels ont été créés afin d'endiguer la crise et surtout la spéculation sur les prix. Donc, les agriculteurs ne peuvent que se féliciter de la mise en place d'un office destiné à la régulation et le contrôle du marché des aliments du bétail. En tout cas, selon une évaluation effectuée par l'association des éleveurs, le prix de revient d'un litre de lait vient de grimper à plus de 55 dinars à l'ombre de la hausse du prix des aliments. Ceci au moment où le lait cru est écoulé sur le marché du gros à 34 dinars seulement. En y ajoutant les 7 dinars de la traditionnelle subvention allouée par le gouvernement, les éleveurs déplorent, ainsi, un manque à gagner qui dépasse les 14 dinars sur chaque litre produit. "Le gouvernement doit intervenir pour assainir le marché et libérer les éleveurs des griffes des spéculateurs s'il prétend encourager la production locale et endiguer la dépendance des marchés extérieurs". C'est de cette façon que le président de l'association nationale des éleveurs perçoit la situation.