«La décision revient au gouvernement», a précisé le ministre. Il est fort probable que les Algériens n'auront pas dans leurs assiettes de viandes importées durant le mois sacré du Ramadhan. Et même au-delà peut-être. C'est ce qu'a annoncé jeudi à Alger le ministre de l'Agriculture et du Développement rural: «Rien n'empêche de proroger l'application de la décision de la suspension totale de l'importation de viandes ovines prise par le gouvernement pour préserver le cheptel national au-delà du mois d'août 2008», a déclaré Saïd Barkat. Le gouvernement de M.Abdelaziz Belkhadem prendra donc la décision qui s'impose. Il sera tout de même tenu de prendre en considération les facteurs déterminants qui pourraient le conduire à la prorogation de la décision de suspension de l'importation des viandes rouges. Le cheptel ovin a été mis en péril par les terribles sécheresses qui ont surtout affecté la région des Hauts-Plateaux. Le gouvernement qui a opté pour cette décision souhaitait l'encouragement de la production locale des viandes ovines. Le ministre de l'Agriculture qui répondait aux questions des journalistes, en marge des questions orales qui étaient posées aux membres du gouvernement par des députés a tenu tout de même à préciser: «La décision revient au gouvernement s'il la juge nécessaire à l'heure actuelle.» Devant la crise qui a sévèrement frappé le secteur de l'élevage ovin, le gouvernement avait pris la décision au mois de mai 2008 d'intervenir. L'importation des viandes ovines a été frappée d'une suspension totale jusqu'au mois d'août 2008. Une mesure qui devait avoir pour effet la protection de cet important secteur de l'économie nationale. Une autre mesure d'accompagnement pour rendre efficace cette décision a été mise en application. Elle consistait à «augmenter les quantités d'orge, et de les mettre sur le marché pour rendre cet aliment du bétail accessible aux éleveurs le plus rapidement possible». Cette décision a-t-elle produit les effets escomptés? «Elle a permis à l'Algérie de réaliser un excédent de la production de viandes rouges et une autosuffisance en viandes blanches», a confié Saïd Barkat. C'est «un indicateur positif», a estimé le ministre de l'Agriculture. Dans la même veine, il a lancé un appel aux opérateurs économiques pour qu'ils investissent dans les steppes. Ils contribueront à valoriser les nombreuses ressources qu'elles recèlent. En particulier l'élevage ovin. Des complexes modernes de traitement des matières premières (viandes) et dérivés s'avèrent nécessaires. Parmi les mesures urgentes prises en faveur des éleveurs sinistrés, M.Barkat fait état de la disponibilité de quantités d'orge dans les coopératives agricoles. Cet aliment du bétail est disponible en permanence, selon le ministre. 300.000 tonnes ont été ou seront importées et distribuées aux éleveurs. Pour renforcer cette mesure, près de 2,4 millions d'hectares de réserves et de terres de parcours (80%) ont été ouverts. La stratégie de l'Etat en matière d'élevage s'articule autour de trois axes: développer l'élevage du cheptel ovin, conserver son environnement et enfin protéger sa santé. Résultat: les quantités de fourrage se sont améliorées (3 millions d'hectares de réserves), 7000 points de réseaux d'abreuvage ont été créés et 400.000 opérations de vaccination ont été réalisées entre 2000 et 2007. 75% du cheptel estimé à 20 millions de têtes ont été vaccinées contre la variole. Quant à l'indemnisation des éleveurs touchés par la sécheresse, l'Etat a octroyé des aides collectives, a indiqué le ministre. Le Fonds d'assurance ne concernant que les éleveurs ayant pris la précaution d'assurer leur cheptel. S'agissant des viandes blanches, l'Algérie «a cessé de les importer depuis plus de dix ans», a souligné le ministre. La hausse de la production des viandes blanches est estimée à 2,2 millions de quintaux en 2007. Elle n'atteignait que 1,9 en 2000. En dépit de tous ces efforts, le citoyen y a laissé quelques plumes face à l'envolée des prix du...poulet.