La majorité libanaise soutenue par les pays occidentaux et l'Arabie saoudite et l'opposition sont parvenus hier à un accord de sortie de crise, a annoncé le Premier ministre qatari, cheikh Hamad ben Jassem Al-Thani. En vertu de cet accord, un nouveau président libanais sera élu "dans les 24 heures", a-t-il affirmé lors d'une cérémonie officielle à Doha devant l'ensemble des membres des deux camps ayant participé aux tractations.L'accord comprend aussi une clause interdisant tout recours aux armes à des fins politiques. Il "interdit le recours aux armes et à la violence dans tout conflit, quels que soient les conflits ou les circonstances", a dit le Premier ministre qatari. La crise politique libanaise avait dégénéré le 7 mai en affrontements violents entre factions rivales qui avaient fait 65 morts en une semaine. Après le discours du Premier ministre qatari, le président du Parlement libanais, Nabih Berri, a annoncé que le sit-in observé depuis fin 2006 dans le centre-ville de Beyrouth par l'opposition, dont il est l'un des principaux leaders, serait levé le jour même. "Comme cadeau présenté à la conférence de Doha, j'annonce au nom de l'opposition la levée du sit-in dans le centre-ville de Beyrouth à partir de ce jour", a dit M. Berri. L'opposition avait dressé fin 2006, en signe de protestation contre le gouvernement, des tentes tout au long des routes menant au siège du cabinet, transformant le centre de Beyrouth en une ville-fantôme et provoquant la fermeture de près de 200 commerces ainsi que la suppression de milliers d'emplois. En visite à Manama, le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Al-Mouallem, a salué cet accord. Les deux parties sont d'accord pour élire le chef de l'armée, le général Michel Sleimane, à la présidence de la République, poste resté vacant depuis le départ en novembre 2007 du pro-syrien Emile Lahoud à la fin de son mandat. La séance du Parlement chargée de l'élection du président a été reportée à 19 reprises depuis septembre 2007, exacerbant davantage la crise, qui a éclaté fin 2006 avec la démission des six ministres prosyriens du gouvernement de Fouad Siniora. Le Parlement avait été en principe convoqué le 10 juin pour la 20e fois. Les délégués des deux camps, qui étaient réunis à Doha depuis vendredi soir, sont parvenus à un accord dans la nuit de mardi à mercredi. Le Qatar, hôte de la conférence, avait formulé mardi une proposition pour l'élection immédiate du chef de l'Etat et la formation d'un gouvernement d'union nationale, reportant à une date ultérieure les discussions sur une nouvelle loi électorale. Mais l'opposition avait refusé tout report de cette question de la loi électorale et exigé d'avoir "une minorité de blocage" au sein d'un gouvernement d'unité nationale.