La médiation du Qatar a eu un succès éclatant qui amena les Libanais à conclure un accord qui ouvre de vraies perspectives de retour à la normale. Le Premier ministre qatari, cheikh Hamad Ben Jassem Al-Thani, était hier un homme heureux qui vit ses efforts aboutir dans la médiation qu'il menait depuis vendredi entre les deux parties libanaises représentées par la majorité parlementaire et l'opposition conduite par le puissant mouvement du Hezbollah. Aussi, c'est cheikh Hamad Ben Jassem Al-Thani qui annonça l'accord enfin conclu entre les frères ennemis libanais. En fait, cet accord est un succès important, non seulement pour les Libanais, mais aussi pour le Qatar et la Ligue arabe qui se sont (enfin) totalement impliqués dans la recherche d'une issue à la crise politique libanaise en stand-by depuis près de deux ans. L'accord de huit points concerne, notamment l'élection du chef de l'Etat, la formation d'un gouvernement d'union nationale, l'amendement de la loi électorale ne concernera que les circonscriptions de Beyrouth. Les élections législatives prévues en 2009 se dérouleront dans le cadre de la loi électorale de 1960. La question épineuse des armes que détient le mouvement islamiste a été remise -à la demande du Qatar et avec le consentement des deux parties- à plus tard. Notons toutefois que le point 4 de l'accord interdit le «recours aux armes ou à la violence à des fins politiques». L'un des points sur lesquels buttaient les Libanais était l'élection d'un président, poste demeuré vacant depuis la fin du mandat, le 24 novembre dernier, du président Emile Lahoud. L'annonce par cheikh Hamad de l'élection du président libanais dans les 24 heures est une percée importante qui lève l'hypothèque de la vacance de la présidence. De fait, le premier point de l'accord précise que le président du Parlement, Nabih Berri, en même temps dirigeant du parti chiite Amal, «convoquera une séance de la Chambre dans les 24 heures pour élire le chef de l'armée, Michel Sleimane», à la présidence de la République. Notons que les 19 séances électorales organisées jusqu'ici avaient toutes échoué, la 20e séance étant théoriquement convoquée pour le 19 juin. Aussi, l'élection du candidat de consensus, le général Michel Sleimane, chef d'état-major, doit se faire aujourd'hui ou plus probablement demain. Les affrontements du 7 mai dernier ont fait 65 morts en une semaine selon des statistiques officielles. D'où l'urgence de trouver une issue rapide à une crise qui pouvait avoir des répercussions négatives sur l'ensemble de la région et diviser davantage les Arabes déjà passablement en décalage. L'accord de Doha annonce un gouvernement d'union nationale de 30 membres dont 11 postes sont réservés à l'opposition (elle n'avait que six ministres dans le cabinet Siniora en novembre 2006 au moment de la démission des représentants chiites) et 3 seront désignés par le chef de l'Etat élu. Immédiatement après la lecture des points de l'accord par le Premier ministre qatari, le président du Parlement libanais, Nabih Berri, dans le même temps chef du mouvement chiite, Amal, a annoncé la levée du sit-in au centre de Beyrouth, que l'opposition a installé au centre de la capitale libanaise depuis novembre 2006. «Comme cadeau présenté à la Conférence de Doha, j'annonce, au nom de l'opposition, la levée du sit-in dans le centre-ville de Beyrouth à partir de ce jour (hier)», a déclaré M.Berri. Ces premières étapes de «stabilisation» par la remise en marche des institutions du Liban, ouvriront la voie aux négociations à venir qui doivent donner aux Libanais de mettre en place un Etat fort, démocratique et pluraliste. Dans cette perspective, le «dialogue reprendra pour étendre l'autorité de l'Etat à toutes les régions du pays». Ce dialogue sera conduit par le nouveau président, précise le communiqué. L'accord de Doha, stipule, par ailleurs, que «toutes les parties s'engagent à ne pas démissionner du gouvernement ou obstruer l'action du gouvernement». L'autorité sur les forces de sécurité et militaires sera concentrée dans les mains de l'Etat, est-il encore indiqué. D'autre part, les dirigeants politiques libanais réitèrent leur engagement à s'abstenir immédiatement d'user d'un langage qui exacerbe les tensions politiques ou confessionnelles, ou de s'accuser mutuellement de trahison. Sans doute pour couper court à toute déclaration qui puisse remettre en cause les efforts fournis pour dépasser la crise qui a placé le Liban depuis près de deux ans dans une impasse politique.