Les prévisions sur la production pétrolière à venir, publiées à l'automne par l'Agence internationale de l'énergie (AIE), ne vont pas détendre les marchés.Sur la base d'informations recueillies auprès de pays producteurs, de compagnies pétrolières ou para-pétrolières et d'experts, l'organisme de défense des intérêts des pays riches industrialisés est en train de revoir à la baisse la production quotidienne attendue en 2030. A moins d'une forte contribution des pétroles dits “non conventionnels” (sables bitumineux canadiens...), elle tombera de 116 à environ 100 millions de barils par jour (87 millions en 2008). L'AIE pourrait aussi fortement réévaluer les investissements nécessaires pour atteindre cet objectif, le coût des projets pétroliers ayant explosé ces dernières années. Outre le pétrole, c'est toute la chaîne énergétique qui a fortement besoin d'un renforcement de l'investissement. A ce titre, les investissements des pays arabes dans divers projets énergétiques “pourraient atteindre 420 milliards de dollars sur la période 2008-2012, soit une moyenne de 84 milliards par an, contre une moyenne de 30 milliards de dollars sur 2004-2008”, selon la dernière livraison de la publication spécialisée “Pétrole et gaz arabe”. “Cet accroissement est dû, en partie, aux variations dans le nombre et les dimensions des projets envisagés et, en partie à l'escalade des coûts”, écrit dans son éditorial le directeur de PGA, Nicolas Sarkis. Avec des réserves prouvées estimées respectivement à 57,6% du total mondial pour le pétrole et à 29,4% pour le gaz, les pays arabes sont de plus en plus considérés comme la principale zone pouvant répondre à l'accroissement des besoins de consommation. Selon PGA, la montée en flèche des prix et les mutations profondes qui affectent le système énergétique mondial renforcent encore plus la position stratégique des pays arabes du Moyen-orient et de l'Afrique du nord sur les marchés pétrolier et gazier. La très forte augmentation des exportations de gaz naturel arabe dont la part dans les exportations mondiales a bondi de 11,8% en 1996 à 16,2% en 2007 et les programmes d'expansion des capacités de production dans de nombreux pays justifient, selon M. Sarkis, cette position stratégique des pays arabes. Cependant, même Conscients du rôle clé qu'ils sont appelés à jouer dans la couverture d'une part croissante des approvisionnements mondiaux, les pays arabes manifestent une réticence face aux pressions exercées sur eux pour accélérer le rythme d'accroissement de leur production ou pour ouvrir plus largement le secteur amont à des partenaires étrangers. Cette réticence s'explique par la nécessité de rationaliser l'exploitation de leurs gisements et de tenir compte des besoins en énergie ainsi que des besoins de développement économique et social de leurs peuples. Pour PGA, elle est également “due à la forte augmentation des prix qui s'est traduite, pour l'ensemble des pays arabes, par des revenus pétroliers estimés à 441 milliards USD en 2007, contre 393,3 milliards en 2006 et 130,9 milliards seulement en 2002”. L'éditorialiste a estimé que “les dimensions prises par les revenus pétroliers des payas arabes et par leurs investissements énergétiques imposent une nouvelle approche de leurs relations avec les partenaires étrangers”. “Connus jusqu'à récemment comme, essentiellement, exportateurs d'hydrocarbures, ces pays sont devenus d'importants partenaires commerciaux et des acteurs de premier plan sur la scène financière et économique internationale”, constate Nicolas Sarkis. “Cette évolution est la meilleure police d'assurance contre les risques qui pourraient menacer aussi bien la sécurité énergétique des pays consommateurs que la sécurité des marchés des pays exportateurs de pétrole et de gaz”.