Quel rôle pour les compagnies pétrolières nationales à l'orée des changements ayant ponctué la scène énergétique mondiale ? Cette question a constitué l'essentiel de l'intervention du Dr Luis Felipe Vierma, vice-président de la Compagnie vénézuelienne du pétrole (PDVSA), qui a animé une conférence, vendredi soir à l'hôtel Hilton, à l'occasion de la participation du Venezuela à la 41e Foire internationale d'Alger. D'emblée, le vice-président de PDVSA a estimé que l'industrie pétrolière actuelle diffère complètement de ce qui a été vu de par le passé et ce, pour diverses raisons. En premier, la structure de la demande a changé. Selon M. Vierma, les estimations de PDVSA tablent sur une évolution de la demande de 83 millions de barils/ jour actuellement (chiffres de l'Agence internationale de l'énergie) à 117 millions de barils jours à l'horizon 2030 et une évolution de la demande en gaz à 163 trillions de pieds cubiques / jour à l'horizon 2030. Une évolution motivée par la forte croissance enregistrée dans les pays émergents, notamment en Asie (Inde et Chine). L'orateur affirmera que par voie de conséquence une véritable bataille autour des approvisionnements énergétiques va s'engager entre l'Amérique du Nord, l'Europe et l'Asie. Et de s'interroger qui va produire les quantités nécessaires pour satisfaire la demande. Dans ce sens, le vice-président de PDVSA mettra en avant le changement ayant marqué la production pétrolière en elle-même. Il dira, dans ce sens, que dans les années 1970, 80 % des réserves pétrolières étaient contrôlés par les majors pétrolières, alors qu'aujourd'hui les compagnies pétrolières nationales contrôlent près de 65 % des réserves mondiales, d'où l'importance du rôle qui incombe dorénavant à ces dernières. Cela est également motivé par la pression que va créer la croissance de la demande sur les pays producteurs. Chose qui va les pousser à consentir plus d'investissements que ce soit en amont ou en aval. Dans ce contexte, M. Luis Felipe Vierma mettra en exergue l'expérience de PDVSA comme modèle de compagnie pétrolière nationale. Il dira, dans ce contexte, que la compagnie vénézuelienne a changé sa vision à partir de 2003. Il s'agissait en fait de faire bénéficier tous les citoyens vénézueliens de l'activité de PDVSA tout en maintenant sa croissance et sa rentabilité. Dans ce sens, M. Luis Felipe Vierma mettra en avant les réformes introduites par le gouvernement Chavez du point de vu règlementaire et la révision de la loi sur le hydrocarbures au Venezuela. Il en ressort ainsi que dans le secteur pétrolier la participation du privé dans l'exploration et la production est limitée à 49 %. Aussi, les privés sont tenus de payer au gouvernement, au même titre que PDVSA, des royalties à 30 %, une taxe d'extraction de 3,3% du prix et une taxe sur le revenu de 50%. Pour ce qui est de l'Aval, l'investissement des tiers est permis sans limitation ; néanmoins, ils devront payer une taxe sur le revenu de 34%. Idem dans le secteur gazier où les compagnies qui désirent investir dans ce créneau devront payer des royalties à 20 % et des taxes de 30 % sur le revenu. M. Luis Felipe Vierma affirme, néanmoins, que PDVSA a réussi à engranger un revenu de 96,2 milliards de dollars en 2007. Une rentabilité que la compagnie essaye de faire partager à la totalité de la nation vénézuélienne. Ainsi, après avoir payé ses taxes et royalties, la compagnie a investi 14 milliards de dollars dans la responsabilité sociale et réalisé un revenu net de 6, 27 milliards de dollars. Grâce à cette politique, le Venezuela a éradiqué l'illettrisme et a promu une politique de santé performante. Cela n'empêche pas la compagnie d'avoir un plan d'investissement très ambitieux pour le développement des champs pétrolifères on shore et les champs de la ceinture de l'Orénoque ainsi que les champs gaziers off shore. Pour cela, le Venezuela prévoit un plan d'investissement global de 245 milliards de dollars pour la période 2008-2021. Aussi, PDVSA compte porter le nombre de ses employés de 68 000 actuellement à 83 000 en 2013. Dans ce contexte, M. Vierma a indiqué que la ressource humaine reste la ressource la plus importante pour la compagnie. Et d'ajouter que durant les 3 dernières années PDVSA a formé 4 000 techniciens et ingénieurs. Il fera, à l'occasion, un clin d'œil au partenariat liant PDVSA à Sonatrach grâce auquel 420 cadres vénézuéliens du pétrole suivront une formation au sein de l'Institut algérien du pétrole.