L'Algérien consomme, en moyenne, 110 litres de lait par année. "Pour maintenir un même niveau de consommation par tête et un même taux de couverture de la demande par l'offre de lait cru à l'horizon 2025, il faudrait arriver à produire 4,5 milliards de litres par an (alors qu'actuellement la production locale dépasse à peine les deux milliards de litres, ndlr), c'est-à-dire, assurer un accroissement de la production de 115%". Ce constat a été dressé, hier, à l'issue de la deuxième journée de la rencontre organisée à Alger en collaboration avec le Forum des chefs d'entreprise (FCE) et la Chambre nationale de l'agriculture (CNA). L'Algérie, au terme de cette recommandation, pourra-t-elle surmonter le défi en doublant ses capacités de production locale pour répondre à la demande nationale en matière de produits laitiers et, en même temps, endiguer la dépendance du marché international ? En tout cas, telle que la question a été débattue lors de cette rencontre ayant eu pour thème "pour des synergies fertiles entre les secteurs de l'agriculture et l'agro-industrie", des atouts importants sont à mettre en valeur et permettent de relever le défi. Les participants à la rencontre ont, à cet égard, mis en avant, entre autres points forts, "le nombre croissant de vaches laitières (VL) productives, l'amélioration constante des performances de plus de 10 000 élevages de plus de 12 vaches, la croissance continue de l'offre (+ 6%/an depuis 2000) et un fort dynamisme des PMI privées évoluant dans cette branche d'activité". D'autres opportunités pour le développement de la filière lait ont également été mises en évidence, comme, par exemple, "le soutien du prix du lait cru, repeuplement des étables, l'existence de capacités de transformation sous-utilisées, subventions et crédits à taux bonifiés pour la création de mini-laiteries, coopératives d'éleveurs, entreprises de collecte et fortes incitations au partenariat entre éleveurs-laiteries". Néanmoins, les acteurs économiques intervenant dans les deux secteurs d'activité et ayant pris part aux travaux n'ont pas manqué de mettre en avant les innombrables difficultés et les points faibles qui caractérisent et freinent encore l'élan de la filière lait. A cet égard, il a été souligné, entre autres, "les zones agro-climatiques favorables qui sont peu étendues, la majorité des vaches laitières restent peu productives, les élevages de taille très faible (majorité sont composés de moins de 5 vaches), l'insuffisance en unités fourragères, la collecte peu développée (10% pour le lait de vache), les capacités managériales à développer dans l'industrie". D'autres contraintes sont également à signaler comme le fait que la demande n'est couverte par la production locale qu'à hauteur de 45%, le faible taux d'intégration du lait cru (12% seulement), le système de prix qui demeure peu incitatif, l'approvisionnement de l'industrie laitière majoritairement par les importations et la dépendance du marché des cours mondiaux et, enfin, le système financier qui est peu coopératif avec les entreprises de la filière. L'analyse qui a été faite du marché national du lait a permis également de constater qu'outre le lait pasteurisé, les dérivés, eux aussi, observent une très forte croissance. "La consommation des produits laitiers a très fortement augmenté, dont les yaourts qui ont plus que doublé (310 à 640 millions de litres) entre 2000 et 2004, celle des fromages s'est accrue de 55% (25 000 à 37 500 tonnes). Cette évolution est conforme aux observations faites à l'échelle mondiale, elle est due à l'amélioration des revenus, à la forte urbanisation et à la diversification de l'offre".