L'idée de création d'une Opep de gaz fait toujours l'actualité. Après la sortie du vice- président de Gazprom, à Alger, à l'occasion de l'ouverture d'un bureau du gérant russe, l'initiative lancée en premier par la Russie, pourrait encore être repoussée. En tout cas, il est presque impossible que ce projet puisse voir le jour à moyen terme. Alexandre Medvedev a, en effet, écarté l'éventualité de regroupement des pays producteurs de gaz au sein d'un cartel comme c'est le cas pour le pétrole. La raison en est simple. Selon le vice président de Gazprom, " les contrats de gaz sont à long terme et les fournitures sont régulées par ces accords ". Cela signifie en clair que les pays producteurs sont tenus de respecter les clauses de ces contrats et le prix du gaz pourrait ne pas connaître d'évolution. La sortie du responsable de Gazprom contraste étrangement avec la position officielle de la Russie qui était très chaude à concrétiser ce projet. Du temps de Vladimir poutine, les contacts étaient très intenses avec les trois autres pays grands producteurs de gaz (l'Iran, le Qatar et le Venezuela). L'Iran et le Venezuela ont adhéré sans trop de difficulté à l'initiative, ce qui a fait dire à certains spécialistes qu'il s'agit beaucoup plus d'une décision politique. Ce que réfutent ces pays qui disent vouloir défendre leurs intérêts et que le projet ne sort pas du cadre commercial. Les Européens, pour rappel, sont les plus inquiets de tout rapprochement. Déjà rien que Sonatrach et Gazprom sans les autres pays, ont fait trembler l'Europe en 2006 lorsque les deux compagnies ont signé un accord de partenariat mais qui a été annulé en 2007. Les Européens craignaient une entente sur les prix du gaz entre les deux compagnies et la création d'un cartel du sur le modèle de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Il faut noter que la position de Gazprom rejoint celle annoncée par le ministre de l'énergie et des mines et président en exercice de l'Opep Chakib Khelil qui lui aussi s'est montré réticent. Selon lui, le marché du gaz est différent de celui du pétrole, dans la mesure où les contrats gaziers sont des contrats à long terme. " Le gaz disponible actuellement dans nos gisements appartient à quelqu'un qui va le récupérer dans 10 ou 15 ans ", n'a cessé d'affirmer le ministre de l'énergie. Chakib Khelil avait précisé lors de ces différentes sorties médiatiques que les contrats du gaz sont fixés et pour lesquels les volumes sont également fixés. La question des prix du gaz, est selon lui, " réglementée actuellement par l'Opep ". L'Algérie n'a pas encore fait de propositions à ce sujet mais le président de la République avait indiqué que l'idée ne devait pas être rejetée. Les pays concernés ont déjà mis en place un groupe de travail composé des représentants algériens, russes, iraniens, qataris pour examiner cette question. Les conclusions des concertations devront être soumises à la prochaine réunion des ministres de l'Energie de ces pays prévue pour ce mois de juin ou juillet prochain à Moscou. " L'Algérie soutiendra tout ce qui protège ses intérêts économiques et politiques ". Une rencontre qui pourrait donner plus de visibilité sur cette initiative d'autant que la position de Gazprom et celle de Chakib Khelil se rejoignent à plus d'un titre.