Par Faouzia Belkichi Les experts algériens relativisent l'ampleur de la récession actuelle et de la menace inflationniste. Ce fait, emboîte le pas aux différentes déclarations des experts internationaux, notamment européens et américains, qui esquissent une remontée de la Bourse... et même du billet vert. En période de doute, le message d'un nombre croissant d'experts tient en un mot: relativiser. Ou, plus exactement, éviter que la crise frappant le monde bancaire ne conduise les investisseurs à considérer que tout va (très) mal. La récession américaine? Celle-ci sera limitée et permettra en outre de corriger certains déséquilibres alarmants: l'ajustement de la consommation exubérante ou du déficit de la balance commerciale. L'hydre inflationniste? Le problème n'est pas une explosion des prix, mais simplement l'adaptation à une nouvelle ère d'inflation modérée, alors que celle-ci avait disparu depuis près de quinze ans. Les experts tablent sur une baisse du prix du pétrole et des matières premières conduisant, après un pic cet été, à une diminution de l'inflation en Europe comme aux Etats-Unis. Une baisse en partie mécanique: l'évolution relative des prix d'une année sur l'autre sera moins marquée à partir de l'automne. Mais cette hypothèse est loin de faire l'unanimité chez les analystes et les responsables de l'énergie. En effet, Chakib Khelil, à titre d'exemple, en commentant les prévisions de cabinets d'experts américains, se disait confiant en matière de fluctuations du prix du baril de pétrole. Si ce scénario plus bénin se confirme, il pourrait inciter les autorités monétaires américaines à se contenter d'ajustements à la marge de leur politique de baisse des taux. Et la Banque centrale européenne, tout entière dédiée à sa croisade anti-inflation, pourrait faire l'économie d'un relèvement de ses taux, lors de sa réunion du 3 juillet, voire se préparer à les abaisser en fin d'année, afin de donner un coup de fouet à la croissance. "Tout dépendra du pétrole", comme l'a si bien souligné notre ministre. Un tel environnement permettrait aux investissements sur les marchés boursiers de rattraper le terrain perdu cette année. En Europe, les actions offrent un important potentiel, d'au moins 20%. Et ce, d'autant plus que depuis 2003, il n'y a eu aucune bulle à la Bourse. Plus étonnant, il serait temps de se préparer à la remontée du dollar, afin d'anticiper une future baisse des taux en Europe. Le signal du redémarrage de la Bourse viendra d'une détente sur les rendements des obligations émises par les banques et d'une stabilisation du marché immobilier américain; deux indices de l'atténuation de la crise des "subprimes". Ce qui signifie que, in fine, le rebond des marchés dépendra tout de même de la détente de l'atmosphère au sein des banques qui y interviennent.