La réunion de Djeddah, qui s'est terminée en queue de poisson pour les pays consommateurs n'a pas permis d'aligner les pays producteurs sur leur vœux de voir le marché approvisionné davantage. Hormis l'Arabie saoudite qui, en l'espace de deux mois a décidé d'augmenter de 500 000 barils/jour sa production, les autres pays ont fait montre d'une position commune qui va à l'encontre des Etats-Unis notamment. La décision saoudienne est d'ailleurs perçue comme un coup d'épée dans l'eau. Et c'est le ministre de l'Energie et des Mines et président en exercice de l'Opep qui doute fort de l'effet d'une telle augmentation sur les prix. Chakib Khelil, invité de la radio Chaîne III, a affirmé que " le problème récurrent qui se pose actuellement n'est nullement celui de l'offre et de la demande car le marché est bien approvisionné ". Quant à la décision de l'Arabie saoudite, "elle n'est pas la solution ni une réponse à la problématique des prix ", a-t-il ajouté. Chakib Khelil s'interroge, par ailleurs, sur l'efficacité d'une demande de hausse de production alors que la demande elle-même n'a pas progressé. " S'il n'y a pas de demande sur le marché pourquoi pomper plus ", a-t-il affirmé. Mieux encore, le président en exercice, prévoit " un rétrécissement de la demande ". Ce qui conforte la position de Chakib Khelil, c'est le volume des stocks sur le marché pétrolier. " Actuellement les stocks sont suffisants car il sont estimés à 53 jours alors qu'ils ne sont que de 51 l'année dernière et donc il n y a pas de problèmes fondamentaux". Selon le ministre de l'Energie, la flambée des prix s'explique par des facteurs exogènes à la problématique de l'offre et de la demande. Il s'agit en premier de la spéculation qui fait la loi sur le marché pétrolier. Les spéculateurs, affirme Chakib Khelil, " utilisent des instruments financiers et les investissements pour gérer les bénéfices afin de couvrir l'inflation élevée chez les pays qui utilisent comme monnaie le dollar ". Autre facteur cité, les tensions géopolitiques dans certaines régions du monde comme les dernières menaces israéliennes contre l'Iran et la faiblesse du dollar. Des facteurs que les pays consommateurs ne prennent pas en compte puisqu'ils continueront, selon le ministre " à évoquer le manque de production ". Le problème qui se pose aux pays producteurs est relatif aux capacités de raffinage, indique Chakib Khelil d'autant que la demande en produits raffinés sera crescendo à l'avenir. Elle augmentera, souligne le ministre de l'énergie de l'ordre " de 5 à 7 millions barils/jour ". L'Algérie, a d'ailleurs prévu un programme ambitieux pour répondre à cette demande. Il s'agit d'un investissement conséquent qui repose sur la réhabilitation des raffineries existantes et la réalisation de nouvelles. " La raffinerie de Skikda et d'Adrar sont concernées en plus de la construction d'une nouvelle raffinerie à Tiaret ". Avec ces nouvelles structures, l'Algérie atteindra " 850.000 barils jours de produits raffinés en 2012, soit la moitié de la capacité de production de brut ". A propos des prix et des projections sur leur évolution, Chakib Khelil a indiqué que la tendance restera " à la hausse, sans préciser leur niveau ". Car pour lui, les prix seront toujours déterminés sur la base des facteurs connus, à savoir " les problèmes géopolitiques, la valeur du dollar notamment ".