Le petit prince, le chef d'œuvre d'Antoine de Saint-Exupéry vient d'être traduit en arabe dialectal par Zahia Talbi et Lucienne Brousse. Publié en 80 millions d'exemplaires et traduit dans 180 langues, cet ouvrage est sorti chez Barzakh, la maison qui a acquis les droits de réédition de chez Gualimard. Phénomène littéraire depuis sa sortie en 1943, Le petit prince a été bien avant publié dans le dialecte tunisien et marocain. Le conte qui traduit à travers le regard d'un enfant, une philosophie de l'amour et de la paix, est-il destiné pour les grands ou les petits ? Longtemps cette question a été soulevée par les littéraires et les enseignants qui ont fini par conclure que le livre de Saint-Exupéry était destiné à la fois pour les uns et les autres. Il n y a qu'à lire la dédicace de l'auteur destinée à son meilleur ami Léon Werth, pour s'en convaincre : “ Je demande pardon aux enfants d'avoir dédié ce livre à une grande personne. J'ai une excuse sérieuse : cette grande personne est le meilleur ami que j'ai au monde. J'ai une autre excuse : cette grande personne peut tout comprendre, même les livres pour enfants. J'ai une troisième excuse : cette grande personne habite la France où elle a faim et froid. Elle a besoin d'être consolée. Si toutes ces excuses ne suffisent pas, je veux bien dédier ce livre à l'enfant qu'a été autrefois cette grande personne. Toutes les grandes personnes ont d'abord été des enfants. (Mais peu d'entre elles s'en souviennent.) Je corrige donc ma dédicace”. Le propos est donc bien clair ! Zahia Talbi, enseignante de dialecte algérien, et Lucienne Brousse, enseignante de l'arabe classique, dialectal, de tamazight et de français ont coordonné leurs efforts pour enfanter cette traduction qui a été selon elles pénible.L'idée de traduire Le petit prince en El Amir el Sghir n'est en soi pas neuve, mais c'était l'un des élèves de Lucienne Brousse qui a fait la proposition à sa prof. “ Pour moi, c'est une grande aventure ! On a dû plonger profondément dans le texte. Je connais le conte par cœur. Pourtant, quand je l'ai relu, je me suis rendue compte que j'étais loin du compte ! ”, Confie Lucienne Brousse qui avoue que ce projet a mis quatre “Il fallait traduire un texte conçu dans une langue écrite vers une langue orale. Il y a des mots et des expressions qu'on n'a pas pu traduire facilement. Comment traduire par exemple “Les vérités éphémères ? A chaque passage du texte, on se posait des questions”, souligne encore L. Brousse. Afin de reprendre l'intégralité du sens et de la rythmique du texte original, les deux traductrices avaient mis en scène ce conte en se mettant dans la peau des personnages. “Je fermais toujours les yeux quand ma collègue relisait les passages traduits. Ainsi, je pouvais mieux sentir la rythmique”, ajoute-t-elle. Les éditeurs ont repris fidèlement les illustrations réalisées par Saint-Exupéry dont les originaux, révèle-t-on, n'ont jamais été retrouvés. Le livre qui est distribué partout chez les bons libraires est cédé à 350 DA, rien, de mieux pour passer ses journées de vacances en compagnie de ce trésor de la littérature française.