L'établissement d'une économie fondée sur la connaissance (EFC) en Algérie sera bénéfique pour l'économie algérienne, selon le Cnes. Le Conseil national économique et social a inscrit dans son agenda l'élaboration d'un rapport dans lequel sera présenté ce nouveau concept. Le document, une fois finalisé, sera remis au mois de novembre au gouvernement avec une série de propositions et de recommandations élaborées par le Cnes et le comité ad hoc. C'est du moins ce qui ressort du Workshop organisé hier au siège du Cnes en présence de M. Mohamed Seghir Babes. Ce dernier, a annoncé "une rencontre la semaine prochaine avec le chef du gouvernement pour discuter sur les différents points portés sur l'EFC" et d'ajouter qu'une "approche EFC s'inscrit dans le cadre de la réalité économique en Algérie" et qu'"il ne faut pas attendre une crise pour s'engager dans l'EFC, une stratégie qui doit être celle des pouvoirs publics et non pas du Cnes", "il faut préparer l'après-pétrole", a-t-il suggéré. L'après-pétrole, c'est la nouvelle économie, estime les chercheurs qui ont pris part à la rencontre. Ils ont d'ailleurs expliqué lors des débats que les caractéristiques de cette nouvelle économie, qui est traduite par une croissance intensive, robuste, c'est-à-dire sans inflation et sans déficit budgétaire et en même temps inscrite dans la durée. Autrement dit, une croissance sans fort taux d'accumulation du capital, c'est cela l'économie fondée sur la connaissance. La rencontre d'hier a réuni d'innombrables chercheurs qui ont débattu sur plusieurs sujets liés à cette question pertinente. Il faut reconnaître que les scores de l'Algérie dans les différents domaines qui font l'économie de la connaissance, et donc qui alimentent les moteurs de la croissance et de la compétitivité, sont bien médiocres. Du coup, M. Abdelkader Djeflat, coordinateur du réseau Maghtech, estime qu'"il faut proclamer l'urgence d'une économie fondée sur la connaissance". Ce dernier a présenté deux communications relatives à deux questions essentielles, à savoir pourquoi l'économie de la connaissance pour l'Algérie ? et qu'est-ce que l'économie de la connaissance en Algérie ? M. Djelfat a tenté dans son intervention de répondre à ces deux interrogations principales dans la démarche d'application de l'économie fondée sur la connaissance. Pour lui "nous sommes face à une mutation du régime de croissance", et le régime de croissance actuel fait état de production à moins de 5% du PIB, et un volume d'exportations de deux milliards de dollars. C'est ainsi que l'EFC permettra de redresser la production industrielle hors hydrocarbures, mais aussi une optimisation de l'usage de l'outil de production et une plus grande connaissance et intégration immatérielle dans la production de richesse. Aujourd'hui, on constate que 44,32 % de non investissement dans la production immatérielle, ce qui est insuffisant. L'économie basée sur la connaissance prévoit également la relance des exportations à haute valeur ajoutée technologique, elle prévoit aussi une création d'emplois réelle et plus rapide car l'emploi industriel doit être accéléré, du moment qu'on prévoit de créer 7 millions d'emplois à l'horizon 2020, a estimé le chercheur. L'EFC est apte à combler plus rapidement le déficit de connaissances cumulé dans les années 90 ; l'Algérie occupe ainsi la seconde position après le Koweït en matière de besoin, donc le déficit doit être rattrapé. Quatre atouts majeurs sont identifiés pour cette nouvelle démarche : il s'agit d'une fenêtre d'opportunité dans l'hydrocarbure traduite par les revenus ;une prédisposition des pouvoirs publics à investir dans les piliers, un immense potentiel de savoir tacites mobilisables et l'attitude pro-active en matière d'investissement dans la recherche. Il est attendu d'atteindre 1% en 2010 en matière de recherche ; les chercheurs expliquent que l'Algérie accuse un grand retard dans ce sens, alors que ce secteur dispose de 15 000 chercheurs à mobiliser. Toutefois, les grands programmes qui offrent une large place à l'EFC sont la stratégie industrielle, l'innovation et la ressource humaine, le SDAT, et le PNDR. Le constat est clair, selon l'intervenant, "nous avons en Algérie des piliers qui progressent à des rythmes différenciés à l'image des TIC", a-t-il précisé. En revanche, notre secteur éducatif se heurte à une massification et des problèmes de qualité, nous disposons d'un système d'innovation déstructuré, incomplet et peu coordonné. Nassima Bensalem