Par Faouzia Belkichi Les mécanismes sociaux de l'Etat sont grippés. Le discours du président de la République a clairement fait ressortir ce décalage entre les pouvoirs publics et les citoyens. Ce fossé social, dont il est question dans les revendications, des jeunes notamment, est aggravé par un déficit du dialogue. Chose à laquelle le président a invité l'administration à s'en inquiéter. Les régimes des dépenses étatiques et ceux des retraites avec le déficit des organismes sociaux sont autant de dossiers d'actualité qu'Ouyahia et son gouvernement auront à traiter dans les plus brefs délais. Pour comprendre les mécanismes de ces endettements et de ces déficits passons en revue la nouvelle politique de l'Etat en ce sens. Le mécanisme du frein à l'endettement de la République, accepté en vote en assemblée nationale, est un succès. Le budget 2009 stabilise la croissance des dépenses, augmentation inférieure à la croissance économique nominale prévue. En cycle conjoncturel haussier, Alger dépasse ainsi l'objectif de frein à l'endettement. Ce modèle, qui repose sur une modération de l'appétit de l'administration et sur des arbitrages internes conduits chaque année par le gouvernement, est-il transposable aux assurances sociales? L'économie algérienne en est persuadée. C'est oublier que la plus grande partie du budget de la prévoyance sociale est incompressible, car il repose sur des droits acquis difficiles à modifier dans une démocratie directe. L'assurance de la vieillesse et les retraites, par exemple, sont basées sur un contrat entre générations. La population active paie aujourd'hui les rentes des personnes âgées. Les actifs se sentiraient à juste titre floués si, au moment de quitter le monde du travail, l'Etat réduisait brusquement la couverture de leurs besoins vitaux. Or, l'approche de correction comptable automatique des économistes de l'Etat aboutirait à cette forme d'insécurité. En quarante ans, les rentes devraient en effet être réduites de moitié pour maintenir l'équilibre financier d'une institution victime de la forte natalité mais d'un taux de chômage important et de la forte augmentation de la population arrivant à la retraite ainsi que le marché de travail au noir. Le frein à l'endettement est un instrument de technique comptable trop délicat à manier lorsqu'il aboutit à l'automatisme de suppression de revenus. La qualité de la prévoyance sociale ne dépend pas uniquement de l'adéquation entre les réserves financières et les prestations offertes. Un tel mécanisme de correction budgétaire ne ferait que reporter le problème. L'assurance maladie est à ce titre un exemple révélateur. L'Etat s'est, dans un premier temps, déchargé sur les assurés, progressivement étranglés par les hausses des cotisations. Puis il a dû intervenir pour subventionner les primes de plus du quart de la population. Réductrice, l'approche purement comptable de la prévoyance sociale n'est pas la bonne. Pourtant des améliorations de l'efficacité économique du système sont vivement souhaitées. Par exemple sous forme d'obligation de résultat ou de création du guichet social unique.