La Commissaire européenne aux Relations extérieures, Mme Benita Ferrero Waldner, qui a pris part au lancement de l'Union pour la Méditerranée dimanche à Paris, estime que ce sommet a fait régner "l'esprit de Paris". Tout le monde a été content de cette réunion. "Et tout le monde a pensé qu'il faut relancer cette nouvelle version du Processus de Barcelone voire l'Union pour la Méditerranée (UPM)", affirme-t-elle. "Je crois aussi que cette coprésidence, cette responsabilité partagée entre le Nord et le Sud, est un élément très important. D'ailleurs, les deux présidents Sarkozy et Moubarak ont prononcé des discours pleins d'émotion, pleins de conviction. C'était émouvant de voir comment d'autres se sont associés à cela", relate-t-elle encore. Retenant une bonne impression de ce sommet entre les pays des deux rives de la Méditerranée, Mme Benita Ferrero Waldner souligne que même si cette image a été déjà vue avec le processus de Barcelone, "on n'a jamais vu un tel niveau de présence de chefs d'Etat. Il y a avait Barcelone 2005, mais beaucoup y étaient absents. Cette fois, beaucoup sont là. Il y avait la Syrie, La Turquie, l'Algérie, Israël, l'Autorité palestinienne. Et je crois que, c'est là, un très grand succès". Pour la Commissaire européenne, le sommet de lancement de l'UPM a été une "grande table ronde. Tout le monde pouvait se voir, se croiser, mais le plus important d'une telle réunion, de cette nouvelle dynamique, c'est la possibilité d'avoir naturellement des contacts bilatéraux". Elle cite l'exemple de la bilatérale Sarkozy-Assad. Au regard de cette rencontre entre le président français et son homologue syrien, Benita Ferrero Waldner met l'accent sur la nécessité d'une nouvelle volonté politique, une détermination, un nouvel élan. "Là, il y a effectivement trois grandes parties de cet élan. D'un côté, cette volonté politique, de l'autre, cette responsabilité partagée, mentionnée et montrée par la coprésidence, et troisièmement, la solidarité de fait, à savoir les grands projets. Il y avait d'un côté peut-être ici et là, une mention de la politique mais aussi beaucoup de mentions des différents projets, et c'est ce qu'il fallait faire ensemble". Elle pense que l'ensemble des participants au sommet de Paris ont senti qu'il fallait travailler sur du concret. "Le processus de Barcelone, qui avait d'ailleurs préparé les bases pour l'UPM, a montré qu'il faut aussi aller vers des projets concrets régionaux avec des fonds privés". Pour la Commissaire, la réunion de Paris est "une réussite". "C'était une initiative de Nicolas Sarkozy mais maintenant, elle est partagée par tout le monde. Nous y avons travaillé pendant treize ans. C'est important pour nous que cela soit approfondi". Concernant les financements de la commission européenne, elle explique : "Entre 1995 et 2007, nous avons dépensé 8 milliards d'euros (fonds communautaire de subvention), chaque année nous avons ajouté 2 milliards d'euros par la Banque d'investissement pour toute la Méditerranée du Sud et pour tous les projets". Elle ajoute que la commission européenne essaie actuellement de préparer des projets plus grands, plus transfrontaliers avec les fonds communautaires auxquels il faut ajouter des fonds privés. "De 2007 à 2013, une période de six ans, il y a 9 milliards d'euros de prévu pour tout (une partie bilatérale), c'est la politique de voisinage et après, il y a des fonds régionaux. Entre 2007 et 2010, on aura dépensé 340 millions d'euros pour le régional (c'est déjà programmé). De 2010 à 2013, on aura plus ou moins la même chose, au moins 340 millions d'euros qui peuvent être mis à la disposition de projets régionaux". Evoquant la dépollution de la Méditerranée, elle souligne que le projet a déjà mûri. "On travaille là-dessus ; ce ne sont pas des chiffres énormes, peut-être 12,15 millions d'euros, mais on travaille sur beaucoup de projets d'envergure". Au sommet du lancement de l'UPM, le président de la République, Monsieur Abdelaziz Bouteflika a déclaré qu'il doutait que l'Union européenne "puisse financer des projets pour l'UPM". En clair, l'Union européenne, de l'avis du chef de l'Etat, n'a pas les moyens de le faire. L'Algérie, sur les questions économiques, de dépollution et de migration, tient un discours très clair. Pour le chef de l'Etat, il faut d'abord commencer par les questions humaines. La priorité de la diplomatie algérienne c'est avant tout les questions économiques, et, par conséquent, le partenariat d'égal à égal, rappelant que le branchement de l'eau douce pour les pays du sud est estimé à 15 milliards d'euros et la dépollution de la Grande bleue est évaluée à 35 milliards d'euros ! La réponse de Mme Benita Ferrero Waldner à cette déclaration est la suivante : "Bouteflika a raison parce qu'il a pensé à tout ce que je disais et à ce que je viens d'expliquer mais naturellement l'avenir est ouvert. Les fonds privés, c'était une idée que j'ai beaucoup soutenue parce qu'il y a des banques privées qui sont très intéressées. Il y a des pays du Golfe qui sont prêts à investir dans la Méditerranée, la Banque européenne d'investissement sera également là, la Banque mondiale, et aussi un élément nouveau, que nous avions inventé il y a un an, c'est le fonds double investissement de voisinage".