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“L'Algérie est devenue une destination privilégiée pour les Allemands”
Entretien avec Mohamed Chami, Coprésident du forum d'affaires algéro-allemand
Publié dans Le Maghreb le 16 - 07 - 2008

Dans l'entretien qu'il nous a accordé, Mohamed Chami, co-président du forum d'affaires algéro-allemand, estime qu'il est important pour l'Algérie de se rapprocher du partenaire allemand, d'autant plus que les relations algéro-allemandes s'inscrivent dans une logique de coopération industrielle et non commerciale.
Le Maghreb : la visite, aujourd'hui, de la chancelière allemande, Angela Merkel, en Algérie sera fort empreinte d'économie. Comment percevez- vous cette visite ?
M. Mohamed Chami : Il est vrai que les relations algéro-allemandes sont beaucoup plus centrées sur les intérêts économiques. Depuis quelques temps, on assiste à des visites de plus en plus fréquentes de hauts responsables allemands. Il se trouve que la visite qu'effectue Mme Angela Merkel intervient dans un temps relativement cours après la visite de M. Schröder. Il faut savoir qu'en ces 4 ans d'intervalle, il y a eu plusieurs visites de très haut niveau en Algérie. Le ministre allemand des Affaires étrangères a été reçu à Alger, de même que le ministre allemand de l'économie qui a effectué 3 visites en Algérie. Il faut dire que l'économie est un élément très important dans les relations algéro-allemandes. Il faut savoir que dans un passé récent, les hauts responsables allemands se rendaient en Algérie dans le cadre de tournées maghrébines. Cela a maintenant changé. L'Algérie est devenue une destination privilégiée pour les Allemands. Cela s'explique par des raisons évidentes. L'Algérie constitue l'une des économies les plus émergentes de la région. Pour ce qui est de l'aspect énergétique, l'Algérie renferme des ressources dont ne disposent pas ses voisins si on exclu la libye. L'Allemagne veut sécuriser son approvisionnement énergétique à court et à long termes. A court terme, l'Allemagne s'intéresse au gaz et au pétrole algériens et ne veut pas dépendre pour son approvisionnement de la seule Russie, et souhaiterait donc approfondir ses relations avec l'Algérie dans ce domaine. Pour ce qui est du long terme, l'Allemagne doit développer son énergie dans le futur et s'intéresse fortement au potentiel énergétique solaire algérien. Il faut savoir que celui-ci est le plus important de la région. L'Algérie dispose de sites importants disposant d'une capacité extraordinaire en matière de captage d'énergie solaire. Un projet a déjà été initié, celui de la centrale hybride solaire-gaz et l'objectif est que la proportion d'énergie solaire dans l'électricité produite devienne importante. Autre point, l'Allemagne n'est peut être pas très forte en matière d'exploration pétrolière et c'est ce qui justifie qu'elle ne soit pas présente aux côtés des grandes compagnies pétrolières en Algérie, mais l'Allemagne est extrêmement forte dans la transformation du pétrole. C'est pour cela que les Allemands s'intéressent à notre marché car il y a une très forte demande sur les produits dérivés du gaz et du pétrole. Si l'on prend en exemple la filière des gaz industriels, les Allemands sont présents en Algérie avec Linde. E.ON qui est le plus grand groupe énergétique européen est prêt à lancer des projets croisés avec Sonatrach et Sonelgaz et est même prêt à ouvrir son capital à nos entreprises. Les Allemands affichent aussi un vif intérêt pour d'autres secteurs, comme celui de l'environnement et de la gestion de l'eau. Il faut savoir qu'en matière d'environnement, les Allemands disposent des technologies les plus avancées. En matière de coopération, l'agence GTZ s'est beaucoup investie en Algérie. Beaucoup d'entreprises allemandes s'intéressent au traitement des déchets et au traitement de l'eau. C'est un marché important, mais c'est aussi des préoccupations que nous partageons avec eux et avec beaucoup de pays. L'intérêt de la coopération avec l'Allemagne est qu'entre nous il n'y a pas de commerce, mais c'est une coopération beaucoup plus industrielle. Nous sommes en train de mettre en place une stratégie industrielle et je pense que le pays le mieux placé pour nous accompagner dans la mise en place de cette nouvelle stratégie, c'est l'Allemagne. Nul ne peut nier les performances allemandes sur le plan équipementier. L'Allemagne est un partenaire très important, surtout lorsqu'on aborde le volet des privatisations. On l'a vu avec la privatisation de l'Enad qui a été reprise par Henkel qui a été l'une des premières opérations de privatisation d'envergure. Il faut savoir que sur le plan des privatisations, les Allemands ne s'impliquent pas en tant que simples partenaires, mais en tant que partenaires qui veulent apporter un plus avec la modernisation des équipements, le transfert du savoir-faire et la formation. On a vu une opération très réussie pour la privatisation de Fleurus à Oran, qui a ouvert son capital à Knauf. Celui-ci s'engage à augmenter sa production de plaques de plâtres. Cela va apporter un plus au secteur de l'habitat en Algérie et nous allons peut-être nous positionner comme exportateur dans la région. Mais Knauf a surtout créé une école de formation sur le site de production. La formation est un élément très important. Les entreprises allemandes ne sont pas prêtes que pour racheter une entreprise ou accaparer des parts de marché mais s'impliquent aussi dans le développement humain à travers la formation. Tout cela pour vous dire que nous avons tout intérêt à nous rapprocher d'un partenaire comme l'Allemagne, parce que les Allemands ne nous perçoivent pas simplement comme un marché mais ils s'impliquent avec nous. Si je prends en exemple un pays comme les Emirats arabes unis qui, du point de vue de la taille est plus petit que l'Algérie et qui a une économie plus ouverte sur le commerce que sur la production, ce pays a un volume d'échanges avec l'Allemagne plus important que le nôtre. Avec son potentiel, l'étendue de son territoire, les richesses dont elle dispose et la base industrielle qu'elle a mis en place, l'Algérie pourrait devenir le premier partenaire de l'Allemagne dans le monde arabe. Il faudrait, bien entendu, qu'il y ait une volonté politique des deux côtés et je pense qu'elle existe. Les récentes visites de hauts responsables allemands en Algérie le prouvent. Mme Merkel est le troisième chancelier qui vient en Algérie et le second en l'espace de 5 ans. Des ministres allemands se sont aussi déplacés en Algérie de même que des hommes d'affaires. Les entreprises allemandes participent régulièrement à la Foire internationale d'Alger de même que les entreprises algériennes prennent part à des manifestations économiques en Allemagne. Grâce à cela, les Algériens exportent des produits agricoles en Allemagnes et les Allemands sont très intéressés par les produits bio que nous cultivons chez nous. Les Algériens sont très fortement intéressés par ce marché, car l'Allemagne, c'est le moteur de l'Europe. Il n'y a qu'à voir la compagnie aérienne Lufthansa qui s'est installée en Algérie et qui assure le même nombre de vols que n'importe quelle compagnie aérienne. La volonté politique existe, le courant est en train de se développer et la coopération économique a un avenir prometteur.
Pour ce qui est du développement de l'énergie solaire, les Allemands ont affiché beaucoup d'enthousiasme par rapport à ce segment et ont même proposé la création d'un câble électrique qui relierait l'Algérie à l'Allemagne. Néanmoins, en Algérie on ne semble pas partager cet enthousiasme. Pour quelle raison à votre avis ?
Bien au contraire, c'est l'Algérie qui a mis le paquet pour le développement de l'énergie solaire. J'ai discuté avec les responsables du ministère de l'Energie et des Mines et j'ai entendu le premier responsable de ce secteur insister sur le développement de ce segment. On parle bien au contraire d'une certaine hésitation du côté allemand. L'Algérie, à travers de l'entreprise NEAL, cherche à développer ce projet. D'autres personnes essayent de trouver un argumentaire pour ne pas poursuivre le développement de cette énergie en affirmant que dans le cadre du projet de la centrale hybride, l'apport de l'énergie solaire qui est à 30 % n'est pas suffisant. Mais l'objectif est de commencer à ce seuil et développer ensuite l'apport de l'énergie solaire. L'énergie solaire est une technologie récente et naissante et qu'on ne maîtrise pas encore. L'Allemagne est le pays qui bénéficie de plus de maîtrise dans ce domaine. Un premier projet nous permettra d'être les pionniers dans le domaine et de le maîtriser à l'avenir. Les Algériens sont prêts pour cela, de même que pour les Allemands.
Les entreprises allemandes ont commencé à s'impliquer dans le processus de privatisation en Algérie. Mais cela n'avance pas suffisamment vite. Pourquoi ?
Le problème ne se situe pas au niveau des Allemands, il se situe en Algérie. Le processus de privatisation est passé de périodes de ralentissement à des périodes d'accélération et ce, pour diverses raisons. Il faut savoir qu'une privatisation est d'abord un acte politique. Et dans cet acte, il est tenu compte de l'avis de tout le monde (le partenaire social, le gouvernement, les partenaires). Chacun a des intérêts. Quand les intérêts convergent, il n'y a pas de problème mais l'absence de convergence des intérêts bloque le processus. On a toujours souhaité avoir un consensus. Les privatisations ont connu des hauts et des bas. Mais dans beaucoup de cas, les opérations de privatisation ont pris en compte les intérêts du partenaire, du partenaire social et du Trésor public. Il est vrai que certaines opérations de privatisation ont connu des problèmes à cause du volet social qui est très important. Néanmoins, pour le partenaire, si une opération de privatisation est valable et intéressante aujourd'hui, elle ne l'est plus demain, car les stratégies changent. A un certain moment, les Allemands étaient intéressés par la reprise de la SNVI à travers MAN, et les négociations se sont très bien passées, mais après des hésitations ont surgi de part et d'autre, et MAN a connu des problèmes et a dû restructurer ses unités en Allemagne et se redéployer ailleurs. La SNVI n'était donc plus intéressante pour lui. Mais les opérations de privatisation avancent, le souci étant de préserver le Trésor et l'intérêt du pays.
On constate aussi que le volume des IDE allemands n'est pas très élevé…
La privatisation à 100 % est un IDE. Les Allemands ont cherché à reprendre certaines entreprises à 100 %. Pour ce qui est des projets ex nihilo, il y a eu des propositions de la part d'opérateurs allemands qui voulaient créer des entreprises. Il faut aussi se méfier des IDE. C'est bien que des capitaux viennent, mais il faut aussi les voir repartir à travers les dividendes transférés. L'IDE n'est intéressant à mon avis que quand il s'inscrit dans une logique de promotion des exportations. Car le capital investi génère la contrepartie des dividendes qui doivent être transférés en devises. Si les IDE en Algérie ne génèrent aucun sou en devises, ils vont pomper nos ressources en hydrocarbures. Il faudrait regarder cela de près. Ce qui peut être intéressant pour nous est un IDE qui a un effet d'entraînement sur d'autres secteurs et qui soit placé dans le secteur exportateur et qui donc peut satisfaire un besoin local et international. J'ai cité tout à l'heure le cas de Knauf dans la production de plaques de plâtres. Celui-ci va se substituer à certains produits et on va exporter. Cela veut dire que les dividendes qui seront transférés, Knauf va les chercher à l'export et ne va pas pomper nos ressources qui viennent des hydrocarbures.
Est-ce que des projets ont été identifiés dans la pétrochimie ?
Les Allemands ont fait beaucoup de propositions dans la production d'ammoniac et d'urée. Le problème est que les Allemands souhaitent initier ces projets en partenariat avec Sonatrach. Pour le moment les projets pétrochimiques sont sous la tutelle du ministère de l'Energie et des Mines, mais le département de l'industrie prévoit de créer une structure pour la pétrochimie. Il faut savoir qu'il y a des entreprises qui existent et qui méritent d'être développées et il y a aussi des opportunités pour créer des entreprises soit en partenariat ou ex nihilo. Quoi qu'il en soit lorsqu'on lance ce genre de projet, on a besoin d'un partenaire technologique ou d'un partenaire commercial pour vendre ses produits et cela n'est pas toujours évident, surtout si l'on sait que parfois les circuits de distribution sont fermés. Dans ce sens, le choix du partenaire allemand est très intéressant. Les Allemands sont leader dans la pétrochimie, ils sont technologiquement performants et ils détiennent aussi les circuits de distribution. Ils garantissent l'écoulement du produit sur plusieurs années et à un prix très intéressant.
En conclusion, est-ce que la visite de Mme Merkel va se solder par la signature de contrats ?
Il y a des contrats qui ont été conclus aussi bien dans le secteur public que privé. On a beaucoup avancé en matière de coopération et symboliquement on signera des contrats au cours de cette visite. Le plus important est de se rapprocher sur le plan de l'industrie. Les contrats se négocient sur le long terme. On n'est pas dans une logique commerciale mais dans logique d'investissement et cela se négocie sur le long terme. Je pense que cette visite vient couronner les efforts consentis depuis la visite de Schröder en Algérie. Cette visite est un signal politique qui va pousser les hommes d'affaires algériens et allemands à se rapprocher les uns des autres. N'oublions pas que nous sommes dans une logique de création d'une zone de libre-échange euro-méditerranéenne et l'Allemagne est un élément moteur de l'Europe et nous avons tout intérêt à nous rapprocher de ce pays, d'autant plus qu'il n'y a pas de passif. On doit se positionner dans cette optique et utiliser notre atout énergétique pour jouer un rôle.


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